
Même si certaines annonces faites au Space par Jean-Marc Ayrault satisfont quelques revendications des éleveurs, elles ne répondent pas à l’urgence de trouver des solutions aux situations de crise auxquelles sont confrontées les éleveurs de porcs et surtout de volailles. Au lendemain de la décision d’instaurer l’écotaxe, elles ne les convainquent pas non plus que le gouvernement s’engage réellement dans la voie de la compétitivité et du redressement avec une réduction des charges et une simplification des réglementations environnementales.
A Rennes, c’est un discours régionaliste que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a tenu ce 12 septembre 2013. Un discours à destination des éleveurs et des représentants professionnels bretons, qu’il n’a pas changé d’un iota après ses entretiens avec des salariés et des producteurs victimes des crises qui affectent les filières de viande blanche et après sa courte visite au Space. Mais si le modèle agricole breton n’est pas mort, comme il l’affirme, lui donne-t-il, avec ses ministres, les moyens de rebondir ?
En fait, avant de répondre à cette question, il faudrait tout d’abord l’étendre à l’ensemble des systèmes d’exploitations familiales sur lesquels repose encore l’agriculture française, toutes filières confondues. Et dans ces conditions, selon Jacques Jouen, le président de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne, le défi de l’agriculture à relever est de leur donner les moyens d’investir pour mettre fin à la régression des productions animales.
Un discours un peu terne
Le second pilier de la Pac « constitue justement un levier essentiel pour moderniser et adapter » les exploitations, leurs bâtiments et les entreprises. Et ce sont les régions, qui ont dorénavant en charge la gestion des fonds de développement rural du second pilier de la Pac.
Aussi, bien employés, ils contribueront à la réindustrialisation de la France et ils consolideront, à leur niveau, le redéploiement des aides du premier pilier qui doit bénéficier au maximum à l’élevage, selon le premier ministre.
Sinon, faute de moyens budgétaires et contraintes par une partie de la Gauche et de l’opinion publique, récalcitrantes envers tout ce qui porte sur les questions agricoles, les marges d’action du gouvernement sont faibles, quoi qu’en dise Jean-Marc Ayrault. Ce qui a rendu son discours prononcé au Space un peu terne compte tenu des sujets traités.
Jean-Marc Ayrault entouré par ses deux ministres de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
En retard de deux heures sur l'horaire prévu, il a été contraint d'écourter
sa visite, pris dans la foule de salariés d'entreprises agro-alimentaires et d'éleveurs en
colère. La fin des restitutions à l'export menace l'avenir de la filière de poulet. (@Terre-net Média).
Or à ce jour, le diagnostic des filières animales est partagé avec l’ensemble des acteurs professionnels et le gouvernement. Mais voilà, les moyens mis en œuvre ne leur semblent pas à la hauteur des défis à relever. Un point de vue qui n’est évidemment pas partagé par le gouvernement. Par exemple, avec les 800 millions d’euros de fonds propres et les 2,7 milliards d’euros de prêts disponibles de la Banque publique d’investissement, ses ambitions sont réelles et son action vise à permettre à l’ensemble des filières agricoles à redevenir compétitives.
De même, Jean Marc Ayrault a confirmé une mesure prise par son prédécesseur, François Fillon, à savoir que l’exonération de 500 millions d’euros de charges sociales pour l’emploi de travailleurs occasionnels sera maintenue en 2014. Mais la Fnsea attend l’instauration d’une Tva sociale pour alléger considérablement le coût du travail de tous les salariés.
Enfin, le gouvernement envoie depuis des mois des signaux qui paraissent contradictoires pour les agriculteurs et les entreprises, ce qui ne les rassure pas. Alors que le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) allège de quelques pourcents les charges de ces dernières pour investir, l’écotaxe représentera un coût qu’il sera quasiment impossible de répercuter sur les prix de vente aux consommateurs. Et elle pourrait même pénaliser, par ricochet, les agriculteurs qui verraient eux les prix d’achat de leurs productions diminuer.
Les agriculteurs revendiquent un choc de simplification administrative
Même la voie réglementaire et administrative, qui ne coûte rien aux dépenses publiques, n’est pas franchement engagée alors que de simples mesures pourraient constituer un levier efficace pour redonner de l’espoir aux agriculteurs, déplore le président de la Chambre régionale d'agriculture de Bretagne. Le travail à entreprendre est si important que les quelques signaux donnés en ce sens ne convainquent pas suffisamment. Aux « mesurettes » et aux expérimentations engagées en Bretagne pour prendre en compte par exemple l’azote global, c’est un choc de simplification administrative que les agriculteurs revendiquent et surtout pas un effet d’annonce. C’est pourquoi ils demandent que soit dorénavant pris en compte les efforts faits ces 20 dernières années pour protéger l’environnement et pour adapter les règles environnementale à la nouvelle donne.
En fait, le Premier ministre invite les agriculteurs à patienter car les actions engagées porteront bientôt leurs fruits. Mais c’est maintenant que des centaines d'éleveurs de volailles et de salariés d'entreprises de transformation de viande craignent de perdre leur revenu et leur emploi ! C'est maintenant qu'ils souhaitent des changements. Leur impatience grandit même en constatant par exemple que les gouvernements européens ne parviennent pas, à Bruxelles, à trouver une solution pour réduire les distorsions sociales et fiscales entre les entreprises européennes en imposant un smic européen pour tous.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026