Comment se sentir mieux et même bien dans son métier d'éleveur ? Une profession très prenante et dure physiquement pour une faible rémunération et un manque de considération, voire une certaine défiance, de la part de la société. Soucieuses de limiter le mal-être grandissant des producteurs, plusieurs organisations agricoles donnent des conseils pour "mieux travailler" à travers des formations et des livres, comme par exemple la MSA ou les Geda (groupes de développement agricole).
Des formations sur le travail, notamment en élevage, beaucoup d'organisations agricoles en proposent, depuis quelques années déjà sur l'organisation des tâches ou les solutions pour gagner en temps et en efficacité, et plus récemment sur le management et les relations avec les salariés. La qualité de vie et le bien-être dans le métier d'éleveur sont, en revanche, des thématiques nouvelles.
Il faut dire que de plus en plus de producteurs ont du mal à supporter les contraintes et pressions croissantes qui pèsent sur eux, liées à la réglementation, à la charge de travail et aux exigences sociétales pour un revenu qui, lui, ne cesse de baisser. Ce malaise paysan, à l'origine d'une augmentation des dépressions, burn-out et suicides dans le monde agricole, préoccupent de nombreux organismes, en particulier la MSA bien sûr.
Par exemple, les caisses de la région Bretagne et des départements de Dordogne/Lot-et-Garonne et Marne/Ardennes/Meuse ont créé le stage "Cultivons de bien-être au travail", qui s'articule autour d'un débat sur le documentaire "Et si on parlait du travail ?", l'intervention d'un conseiller de prévention des risques professionnels et d'une psychologue spécialisée dans ce domaine, des exercices pratiques à partir de cas réels et le partage d'expériences au sein du groupe, dont le nombre de participants est pour cette raison limité.
Objectif : « diminuer les risques psychosociaux pour les exploitants agricoles ». Concrètement, il s'agit de les aider à identifier les facteurs et symptômes du stress, de l'épuisement professionnel et de la souffrance au travail, de leur apporter des solutions et surtout des les accompagner dans l'élaboration de stratégies d'adaptation et de mesures de prévention, basées sur leurs propositions.
« Travailler sur soi est nécessaire »
Un diagnostic des forces et faiblesses de chacun est également réalisé avec, en parallèle, des propositions d'amélioration. Se dégager du temps pour soi et sa famille, s'ouvrir à d'autres centres d'intérêt que l'agriculture, s'intégrer dans un réseau social professionnel, syndical, associatif ou de loisir, ne pas rester seul face à ses problèmes mais, au contraire, chercher du soutien auprès de ses proches ou de personnes extérieures... cela peut s'apprendre, pendant cette formation et tout au long d'une carrière.
Ainsi, Franck Niel, agriculteur à Vitré, a pu prendre conscience que « les p'tits tracas du quotidien peuvent devenir très pesants si on ne fait rien » alors que parfois, il suffit de pas grand-chose pour améliorer la situation.

Les p'tits tracas du quotidien peuvent devenir pesants.
Pour que les éleveurs soient bien dans leurs bottes et heureux dans leur métier, « un travail sur soi » est souvent nécessaire afin de « prendre du recul et changer éventuellement de façon de faire », préconisent entre autres les Groupes d'étude et de développement agricoles (Geda) dans la revue Travaux et Innovations de janvier 2019.
Il importe également de se « sentir bien dans sa filière et son territoire ». Participer à la vie économique et sociale locale, comme communiquer sur son exploitation et ses pratiques, sont de très bons moyens d'y parvenir. L'essentiel est « d'aborder cette thématique sous un angle positif et non sous celui de la sinistrose », complète Trame, tête de réseau de la FNGeda (Fédération nationale des Geda) entre autres.
E-book, cahier d'exercices et défi pour s'entraîner
Outre des actions de sensibilisation s'adressant aussi bien aux exploitants qu'aux agents de développement, menées en groupe pour qu'elles soient encore « plus riches sur le plan humain », l'association dispose d'une palette d'outils pour que les agriculteurs « vivent mieux leur métier » parmi lesquels un e-book avec un cahier d'exercices, un webinaire et différentes techniques telles que l'écoute active et la programmation neurolinguistique.
Tous visent le même but : « mieux gérer ses émotions et accueillir celles des autres, "désherber ses pensées limitantes" pour avancer dans sa vie personnelle et professionnelle, se fixer des objectifs réalistes, gérer son "capital énergie" et booster sa volonté », peut-on lire dans la revue Travaux&Innovations de novembre 2019.

Désherber ses pensées limitantes.
Connaissance de soi, communication, relation avec les autres, organisation du travail, prise de recul, temps pour les loisirs et ses proches... Tous ces éléments liés au travail, de près comme de plus loin, sont traités dans l'e-book Chef(fe) d'entreprise, salarié(e), mieux vivre son métier : dix conseils de 10 experts agricoles. Rédigé par Céline Marec, cheffe du projet "bien-être" chez Trame, il est disponible gratuitement sur le site web de la structure, pardessuslahaie.net.
Trame a également publié le cahier d'exercices, Agriculteurs, agricultrices, salarié(e) agricole, conseiller, animateur, devenez ce que vous êtes, pour aider ceux qui les effectueront à s'épanouir dans leur profession. Au printemps dernier, l'organisme avait également lancé sur internet le défi Trame, composé de six épreuves. L'intérêt de ce jeu : savoir quels sont ses points forts et faibles dans son métier, valoriser ses compétences et accepter ses frustrations.


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