
Déposer une offre d'emploi, réaliser un entretien avec les candidats : ce ne sont pas des choses faciles à faire, surtout pour une première embauche. Si les agriculteurs n'ont pas été formés à devenir des recruteurs ou des managers, ils sont de plus en plus nombreux à y être confrontés. Le BTPL livre ses conseils pour devenir un véritable directeur des ressources humaines et ainsi assurer l'avant et après embauche.
Une véritable mutation humaine est en cours en agriculture, et plus encore sur les exploitations laitières : le passage d’un modèle familial à un modèle « entrepreneurial » qui se traduit par des apports de main d’œuvre extérieure à la famille par le biais d’associés ou de salariés ou des deux à la fois. L’enjeu est alors de préparer et de mettre en place les conditions d’une collaboration durable.
La rentabilité ne passe pas seulement par les chiffres mais aussi par une bonne gestion de la main d'œuvreEn effet, la réussite d’une exploitation agricole peut s’évaluer par des critères techniques et économiques mais sans une bonne organisation et des relations humaines saines, il est illusoire de croire que l’entreprise puisse atteindre une rentabilité durable.
On dit souvent « on n’a pas de bons salariés » mais est ce qu’on est des bons patrons ? Les éleveurs employeurs de salariés, en tant que futur patron ont tout intérêt à se poser les bonnes questions suffisamment tôt :
- comment vais-je procéder pour mes embauches,
- quelles tâches, quelles responsabilités déléguer ?
- comment maintenir la motivation des salariés, éviter qu’ils ne partent ?
Les témoignages des éleveurs employeurs ayant participé à l’atelier d’échanges des journées énergisantes du BTPL apportent des éléments de réponses grâce à leurs expériences.
Avant l’embauche, être précis pour le profil recherché
Inutile de rédiger une offre d’emploi à la formulation vague sans avoir mis au clair quel type de salarié est recherché : quels sont mes besoins ? quels sont mes objectifs avec le salarié ?
Il faut être précis sur le profil de salarié. Cela signifie définir ses tâches et ses missions mais aussi ses horaires de travail, les plages de présence, la gestion des week-ends et des vacances, la rémunération, son montant fixe et sa part variable…
Ce ne sont pas des sujets à traiter à la légère. Il faut prendre le temps de la réflexion en essayant de se mettre à la place du salarié autant qu’à celle du patron et de ses exigences pour aboutir à un écrit (pas nécessairement académique) listant point par point ce qui sera demandé de manière réaliste. Un appui d’un consultant extérieur peut être utile dans cette phase de mise au point.
Si vous imaginez embaucher un salarié partagé sur cinq élevages différents capable de s’adapter à leur fonctionnement humain et technique propre, tout en étant payé au Smic, il y a des chances que la perle rare n’existe pas. Exigences élevées et salaire faible : autant ne pas lancer d’embauche mais redéfinir de manière raisonnable le profil du salarié recherché.
Durant l’embauche, donner envie au salarié
Il faut donner envie au salarié de rejoindre l’exploitation. Le futur patron pense qu’il va choisir parmi de multiples candidatures. Il ne faut pas oublier que le salarié choisit aussi l’entreprise dans laquelle il va travailler. Donc autant être alléchant dès la parution de l’annonce pour obtenir des candidatures intéressantes.
Faire un tour de l'exploitation avant de démarrer l'entretien d'embauche.Il ne faut pas pour autant négliger le jour où vous recevrez les candidats sur votre élevage. Un bon moyen de donner envie de vous rejoindre est de faire avec eux un tour d’exploitation avant de démarrer l’entretien d’embauche. Sans négliger les améliorations nécessaires sur l’élevage, vous pourrez montrer les points d’intérêt de votre entreprise.
Après l’embauche, être un patron motivant
Le souci principal des éleveurs est de trouver le bon salarié. Certes, il faut trouver le salarié à embaucher mais surtout le garder. Pour cela, un bon climat de travail et d’échanges et l’entretien de la motivation sont indispensables car « le bon salarié peut vite être débauché ou s’installer à son compte »
Définir le lieu et la fréquence des échanges est un premier élément qui sera à adapter à chaque structure. L’objectif doit être des réunions de travail productives où chacun peut s’exprimer.
Tous les jours on prend le café, on échange les nouvelles, les plannings de la journée.« Tous les jours, on prend le café dans notre salle de réunion, associés et salariés, ça dure 20 minutes, parfois 30. On échange les nouvelles, les plannings de la journée. Une fois par mois on prend 2 heures avec un ordre du jour et un compte rendu dans un cahier. »
Sécuriser et rassurer le salarié au quotidien avec des consignes orales claires mais aussi la mise en place d’un minimum de protocoles écrit évitera les malentendus répétés sources de conflits.
« Chez moi, ça n’allait plus, chacun en faisait à sa tête ! Mais le problème, c’est que nous les paysans, on ne sait pas faire des protocoles. On s’est fait aider par un technicien et depuis qu’on a écrit comment faire la traite, soigner les génisses et les veaux, ça va mieux. Et surtout les nouveaux qui arrivent ont des repères. » Les salariés doivent bien connaître leur rôle et leurs responsabilités.
Par ailleurs, un patron qui sait écouter développera l’implication de ses salariés. Cela signifie que les employés lui parlent ouvertement et qu’il est ouvert à leurs suggestions. Les astuces pour améliorer les relations entre associés peuvent aussi servir avec des salariés : « Les relations humaines, ça ne concerne pas que les salariés. Nous sommes trois associés et ça s’est dégradé entre nous il y a un an. On a décidé de faire un roulement des astreintes et on a retrouvé des bonnes relations car chacun se rend compte du travail des autres. »
Donner des Perspectives d'évolution et fidéliser
Au fil du temps, on pourra confier plus de responsabilités ou des missions plus complexes au salarié ce qui prouvera la confiance qu’on lui accorde. De même, le former régulièrement, le faire participer à des réunions hors élevage permettra de le soutenir, le fidéliser et de l’impliquer dans la vie de l’entreprise.
Il y a des petits gestes qui comptent : les féliciter quand ils ont pris une bonne initiative, ou leur offrir un bon-cadeau le jour de leur anniversaire.
La rémunération est certes importante mais il y a tous les à-côtés non monétaires qui sont autant de signes de reconnaissance essentiels. Ce peut être un système de participation aux bénéfices sous forme de prime sur résultat ou d’autres formes de gratification. « Pour garder mes salariés, je les paye bien mais ça ne suffit pas… Il y a des petits gestes qui comptent : les féliciter quand ils ont pris une bonne initiative, ou leur offrir un bon-cadeau au resto pour deux (sans charges sociales pour nous !) le jour de leur anniversaire ou de celui de leurs enfants. »
Dans le même ordre d’idée, un patron dira facilement au salarié ce qui ne va pas alors qu’il est aussi essentiel de lui communiquer régulièrement sa satisfaction du travail fait. De plus, vérifier régulièrement le degré de satisfaction du salarié évitera le risque de rupture inattendue et brutale.
Enfin, la pratique montre que l’entretien annuel et individuel, qui devrait être de mise, reste l’exception. L’entretien est l’occasion d’indiquer au salarié qu’il participe activement à l’évolution de l’entreprise et doit aboutir à un plan d’évolution (ce qui plait au salarié, vers où il veut aller, les formations possibles). Les éleveurs ne savent pas forcément comment s’y prendre, n’ont pas la bonne méthode pour aborder l’entretien. Ils le voient plus comme un "papier" supplémentaire que comme un outil pour faire progresser l’entreprise avec le salarié et vice versa.
Ce dernier point, comme les précédents, montre qu’un éleveur, pour devenir « patron » (ou plus pompeusement directeur des ressources humaines) même s'il n’a pas spontanément les compétences d’un recruteur ou d’un manager. Il a donc intérêt à se former. Les méthodes pour embaucher un salarié, gérer les relations humaines ont rarement été apprises à l’école. Pourtant, les offres de formation adultes se développent et sont utiles. Échanger avec d’autres sur ses difficultés et ses pratiques de travail est aussi un moyen efficace pour se former.
Un « bon patron » avec un « bon salarié », capables de rire et travailler ensemble, forment un binôme qui fait progresser les exploitations agricoles et leurs Hommes.
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