
La série d'articles sur les solutions de financement de l'installation en agriculture, et notamment en élevage, se poursuit. Autre piste possible, après la limitation du capital à reprendre la semaine dernière : sa reprise progressive, par exemple en étant salarié sur la ferme avant de s'installer. Au-delà de l'aspect financier, cela permet un passage de relais, et de savoir-faire !
Comment ça marche ?
Le porteur de projet est salarié sur la ferme où il projette de s'installer pendant une période plus ou moins longue.
Il capitalise une part de son salaire, l’intéressement sur les résultats, dans l'exploitation. Quand les résultats sont bons, la prime d’intéressement versée au jeune est déduite du revenu du ou des agriculteurs. Quand ils le sont moins, le coût du salarié est moindre. Si ce dernier s'installe, le montant capitalisé servira, au moins en partie, au financement.
C'est ce qu'on appelle l'installation progressive.
Les atouts
- Pour les installations en société : les futurs associés peuvent apprendre à se connaître et à travailler ensemble. Et le(s) agriculteur(s) en place donne(nt) des informations sur l'exploitation et son fonctionnement.
- Pour les reprises, surtout hors cadre familial : le cédant peut transmettre au repreneur ses connaissances sur la ferme et ses savoir-faire technico-économiques.
Ainsi, la transmission est progressive elle aussi : l'exploitant peut tranquillement cesser son activité et se faire à l'idée de la retraite.
- Dans tous les cas :
- Globalement pour le projet : cela donne le temps de le mûrir.
- Au niveau financier : c'est une solution au manque d'apport personnel ou de garantie.
- Par rapport au réseau agricole local : pour le jeune, l'intégration est plus rapide.
Les contraintes
- Montée en compétences nécessaire pour le salarié pour passer d'agent à chef d'exploitation. Et qui demande un accompagnement de la part du cédant.
- Possible qu'avec certaines formes juridiques (SCEA par exemple).
- Encadrement indispensable pour gérer les conflits.
- Tendance à la dévalorisation du salariat agricole.
- Difficulté à travailler à deux durant un temps, même court, quand on est ou souhaite s'installer en individuel.
- Conflit générationnel avec l'agriculteur encore en place (pratiques, vision de l'exploitation).
Qu'en conclure ?
« Les formes juridiques agricoles nécessitent d’être adaptées au dispositif, notamment les Gaec où il n'y a pas de possibilité d'accéder au capital sans être associé exploitant », préconisent FranceAgriMer et l'Institut de l'élevage. Pourquoi pas « s'inspirer d'autres mécanismes, comme l'actionnariat salarié » ?, suggèrent-ils.
de jeunes installés, ex-salariés, témoignent
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo "Le salariat, tremplin à l'installation", publiée sur Youtube par la chambre d'agriculture du Rhône.
Noémie : « S'installer en connaissance de cause »
« En étant salariée dans un élevage laitier au Canada puis sur la ferme de mon beau-frère, j'ai acquis de l'expérience car à l'école, il y a beaucoup plus de théorie que de pratique. J'ai pu voir ce dont j'avais envie pour ma future exploitation et ce que je ne voulais pas du tout, explique notamment dans cette vidéo Noémie Vanpoperinghe, installée depuis 2019 en hors cadre familial avec des vaches laitières. Sans cette étape de salariat, difficile de monter en compétences sur le terrain. Cela permet aussi de se rendre compte que les productions animales demandent beaucoup de travail. Et donc de s'installer en connaissance de cause. »
Laurent Viant : « Être sûr de ses choix de métier, site et futur associé »
« Mieux connaître l'environnement local et le réseau agricole, et travailler avec mon futur associé » : tels sont les avantages, selon Laurent Viant, de passer par une période de salariat sur l'exploitation avant de s'y installer, mais aussi dans d'autres fermes pour « se perfectionner sur la technique, les gestes et l'efficacité au travail, et découvrir également d'autres systèmes et façons de travailler », insiste cet ancien technicien de l'armée de l'air, originaire des Vosges et agriculteur en Gaec depuis le 1er janvier 2020 après une reconversion professionnelle. « Deux phases complémentaires pour être sûr de ses choix de métier, site et futur associé. »
Jean de Rotalier, ancien commercial : « Découvrir le métier de production avec une personne devenue un vrai mentor pour moi »
Écoutez l'intégralité de ces interviews dans la vidéo ci-dessus.
Source : 6 thématiques d'actions et 20 fiches solutions de financement pour aider l'installation des jeunes agriculteurs en élevage laitier, présentées lors du séminaire économique Cniel-FranceAgriMer « Installation des jeunes agriculteurs en élevages laitiers », décembre 2019.
- Limiter le capital à reprendre
- Acquérir le capital à reprendre petit à petit, via une phase de salariat
- Les outils existants, mais parfois à adapter, ou encore à inventer
- Faciliter l'accès au foncier grâce au portage et aux investisseurs
- Et si le capital à reprendre n'était pas porté par le jeune agriculteur ?
- Sécuriser son projet les premières années
- Benoît Rubin (Idele) répond aux questions, nombreuses, que vous vous posez
- Synthèse - Comment financer son installation en agriculture et en élevage ?
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026