Imitant avec succès le modèle de la "Gay Pride", en musique et sous le soleil, 36 chars aux mille couleurs et senteurs ont traversé l'ouest parisien tirés par des tracteurs, au bonheur visible des curieux venus en nombre. Le char de la Méditerranée a présenté melons, cerises et tomates, les agriculteurs de l'Oise étaient déguisés en carottes et en fraises, les départements de Meuse et Moselle ont offert fleurs et mirabelles, le tout sur fond de danses chaloupées entraînant jusqu'aux touristes de passage. A la hauteur du char de la Bretagne, Olivier Guibert, jeune éleveur vendéen la casquette solidement vissée sur le crâne, explique le pourquoi du défilé. "C'est pour montrer que l'agriculture a encore une importance en France, surtout en ce moment où elle est à un tournant de son histoire avec le plan Fischler de réforme de la PAC et les négociations à l'OMC", lance-t-il entre deux distributions d'autocollants et de chips... bretonnes. Eleveur depuis trois ans, il est persuadé que le découplage entre la production et les aides prôné par le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler menace les fondements mêmes de son métier. "Ce plan menace l'ensemble des agriculteurs européens, en remettant totalement en cause les fonctions agricoles actuelles: production et répartition sur le territoire. On ne veut pas créer des déserts en France". Tout sourire, de jeunes enfants reviennent d'un autre char avec un épi de blé ou un brin de lavande en main. Olivier poursuit: "l'agriculture a un grand rôle à jouer dans l'équilibre de l'économie française. On veut, non pas la protéger, mais ne pas l'ouvrir à la concurrence déloyale que proposent les Etats-Unis et le groupe de Cairns", les plus fervents partisans de la suppression des subventions. Le char de la Provence et de la Corse affiche ses vins sous l'ombre d'un olivier plus vrai que nature. Des touristes japonaises se ruent sur des pommes et des jus de pommes distribués. Dans la foule, Christophe, un Alsacien venu à Paris pour son travail, trouve "l'objectif de la parade, communiquer pour combler le fossé entre le monde rural et les citadins et défendre les primes des agriculteurs, assez réussi". "La polémique sur les subventions qui empêchent les pays du Sud d'exporter au Nord est surtout lancée par les Américains, qui soutiennent eux aussi leur agriculture", estime-t-il. "Mais les produits des pays en développement comme le café, on ne les produit pas chez nous. Les problèmes pour les vendre ne sont pas liés aux primes distribuées ici, plutôt aux prix bas des cours mondiaux dus aux pressions des multinationales", ajoute-t-il. "Ils ont raison de défendre leurs produits", renchérit une dame à ses côtés. "Mais ça va être autre chose quand les pays de l'Est vont entrer dans l'Europe, ça va leur causer des soucis supplémentaires". En début d'après-midi, le défilé a pris fin sur le Champs de Mars, face à la Tour Eiffel. Les chars y seront encore visibles jusqu'à dimanche soir. |
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