Les coopératives de l'Ouest se cherchent...

Pour cela, on reviendra en arrière, fin 2005. A ce moment là, les responsables de l'Oger, de l'Urceo et d'Amelis, alors que cette dernière venant de quitter l'Uneco, annonçaient la création de A3 (1).  Depuis avril et la fin annoncée de l'Uneco (2), ce projet semble remis en cause.

La fin d'Uneco précipite les choses

Le second trimestre 2006 a vu le retrait des coopératives de Créhen (Côtes d'Armor) et l'Aigle (Orne) du processus de rapprochement entre Uneco et Gènes Diffusion. Situées à l'Ouest, ces deux coopératives ne pouvaient rester seules dans le contexte actuel. Des discussions ont donc été lancées entre coopératives de l'Ouest.

Sachant que A3 n'avait pas prévu l'adhésion d'une autre structure, toute nouvelle arrivée ne pouvait se faire que via une de ses trois composantes de base. Se dessinait alors une lutte d'influence entre Urceo et Amelis pour accueillir la coopérative de Créhen... Le passé, les relations entre les hommes ont fait pencher la balance vers Amelis.

Lors de l'assemblée générale du Centre d'insémination artificielle (Cia) de Créhen, son président, Jean-Yves Le Damany avait clairement pris position dans son rapport moral pour un partenariat avec Amelis. C'est maintenant officiel depuis la deuxième quinzaine de juin. Ce partenariat permettra le testage de 100 taureaux holsteins et de 55 normands. De même, il va permettre à ces coopératives d'organiser au mieux leurs ventes de doses hors zone d'activité et à l'export. Voilà pour Créhen.

Le Cia de l'Aigle (coopérative de l'Orne) a quant à lui toujours entretenu de bonnes relations de travail avec l'Unog (Seine Maritime) qui conduit deux  petits schémas de sélection hostein et normand. Mais ces deux coopératives ont-elles la taille pour exister demain dans le nouveau paysage génétique français qui se dessine ? D'un autre côté, les coopératives d'Agire et de l'Aigle s'ignorent, mais pourront-elles encore le faire longtemps ?

Un simple regard sur la carte de France laisse entrevoir les bases d'un groupe plus large associant Agire (Calvados, Manche et un bout d'Ille-et-Vilaine) + Ceiam 53 (Mayenne) + Créhen (partie des Côtes d'Armor) + l'Aigle (Orne), toutes anciennes coopératives de l'Uneco, auxquelles pourrait se joindre l'Unog (la Seine Maritime, l'Ouest de l'Oise, le Nord de l'Eure, les Yvelines, le Val d'Oise, l'Est du Calvados et une partie de l'Eure). Cela serait d'autant plus logique qu'il y a complémentarité dans les schémas de sélection holstein et normand.

A3 fait une pause

Le rapprochement entre Créhen et Amelis n'a toutefois pas fait que des heureux et, lors de la dernière réunion de A3 qui s'est tenu le 30 juin, les trois acteurs de ce projet ont décidé de faire une pause dans le processus de mise sur pied de A3 en race Holstein.

"A3 est initialement un accord entre 3 structures où chacune s'engageait, pendant 3 ans, à découvrir les autres à travers notamment des partenariats techniques" rappelle Vincent Rétif, représentant de Génoé (3), président délégué de A3. "C'était un accord trouvé rapidement pour faire face à la demande d'Amelis qui sortait de l'Uneco. L'explosion de cette dernière nous oblige à recalibrer le projet, à revoir l'approche de la création génétique".

Si le projet A3 est donc au point mort dans son volet holstein, "le temps de redéfinir un nouveau périmètre de travail", précise Vincent Rétif, "il continue à l'identique en races normande et charolaise." Il ne veut voir dans cet épisode rien d'autre qu'un épiphénomène, s'appuyant sur le vécu entre Urceo et Oger. "Le partenariat entre nous est en route depuis 10 ans, mais c'est seulement la deuxième année que nous partageons la semence de tous nos taureaux" souligne-t-il. Voilà pour la position officielle. Toutefois, dans les coulisses, plusieurs acteurs de ce dossier affirment que c'est tout le projet A3 qui est en "stand by", voire purement et simplement définitivement enterré.

Ces derniers développements ne sont pas sans conséquence sur Amelis même. La Ceiam 53, une de ses composantes, semble vivre plutôt mal la tournure que prend le dossier A3 au moment où son président Bernard Gastinel vient de céder la présidence d'Amelis à Jacques Coquelin, président d'Agire.