Jean-François Bon : « On a économisé 350.000 francs de frais vétérinaires sur un an ! »

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Réduire ses coûts de santé c’est possible ! C'est l’avis de Jean-François Bon du Gaec des Bois à Hénanbihen. Pendant une année, et en partenariat avec la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, les membres de ce Gaec ont tenté de modifier leurs pratiques pour diminuer les dépenses de santé. Témoignage.

Le Gaec des Bois a été contacté en Août 2003 par la chambre d’agriculture de Bretagne qui souhaitait faire une étude sur les pratiques des élevages en terme de dépenses de santé.  Le Gaec des bois intègre ce programme en collaboration avec le vétérinaire de son groupement, la Cooperl.

Avec 10,37 € / 100 kg de carcasse, entre le 01/08/2002 et le 31/07/2003, «nos dépenses étaient assez élevées par rapport à la moyenne bretonne (Ndlr : 7,78€/100 kg de carcasse en 2001), ce qui nous laissait une marge de progression importante, et sur tous les postes », précise d’emblée Jean-François Bon.

  

 Le Gaec des bois
Hénanbihen (Côtes d'armor)

* 800 truies naisseur-engraisseur

  • Conduite à la semaine
  • Sevrage à 21 jours

* 8,5 UTH

  • 3,5 associés
  • 5 salariés

* 120 ha SAU (dont blé et maïs gardés sur l’exploitation depuis 1992)
* 1 usine de traitement

L’analyse des dépenses de santé de l’élevage sur cette période a montré, pour les quatre postes considérés, des dépenses plus importantes que la moyenne bretonne. Pour les vaccins, le Gaec dépensait 0,75 €/100 kg de carcasse de plus que la moyenne, en supplémentations 1,06€/100 kg de carcasse de plus, en injectables 0,62€/100 kg de carcasse et pour les produits de conduite d’élevage 0,27€/100 kg de carcasse de plus que la moyenne en Bretagne en 2001.

Maintien de la vaccination contre le SDRP sur les cochettes

Chaque pratique a donc été décortiquée pour en évaluer l’intérêt réel et mettre en évidence les modifications possibles pour réduire les charges, et ce, sans dégrader les résultats techniques.
Poste par poste, Jean François Bon explique ce qu’il faisait et les modifications apportées.

 «Suite à un épisode d’Actinobacillose il y a quelques années, nous avions mis en place une vaccination sur les truies et les porcelets. Nous avons arrêté cette vaccination. Par contre on a maintenu la vaccination contre le SDRP sur les cochettes», raconte l’éleveur.

Arrêt de la supplémentation en engraissement

 

 
J-F Bon : « Comme ça se passe bien en Post Sevrage, on a arrêté la supplémentation en engraissement. » (© Web-agri)

Il continue : «En quarantaine, toutes les cochettes étaient supplémentées systématiquement. En deuxième âge, on supplémentait avec Aurofac, et les trois premières semaines en engraissement aussi. Maintenant, nous supplémentons les cochettes seulement s’il y a suspicion (si elles présentent des problèmes respiratoires). Pour la supplémentation du deuxième âge, en bonne période, c’est seulement une livraison sur deux et si ça dérape, on reprend pour tous. Et comme ça se passe bien en Post Sevrage, nous avons arrêté la supplémentation en engraissement».

 Regarder plus le comportement de l’animal

Pour les anti-infectieux et les anti-inflammatoires injectables, « avant c’était systématique, dès qu’une truie en maternité avait 39,5 °C de température,  la prise d’antibiotiques était déclenchée», raconte l’éleveur : « maintenant non, on regarde plus le comportement de l’animal. S’il y a de la température mais que la truie mange bien, pas d’intervention. Et en tout cas pas avant 39,8°C de température et ce à la deuxième prise». Sur les porcelets en maternité, les pratiques ont aussi évolué. « Nous faisions une injection systématique d’1 CC de Duphamox à la naissance et d’1 CC de Duphacycline LA à la castration ». Depuis, « c’est 0,5 CC de Duphamox à la naissance et arrêt de l’injection de Duphacycline à la castration »

« Une personne de plus en maternité »

Pour les truies à problème de lactation, «on était fort consommateur de Chorulon, nous avons appris que nous étions les seuls de notre groupement, on a donc arrêté et revu notre organisation de travail. On a mis une personne de plus en maternité. Cela permet une meilleure surveillance de la mise bas et du comportement de la truie. Moins d’interventions sont nécessaires »

L’utilisation de la Sergotonine qui était systématique a été arrêtée aussi, tandis que l’utilisation de Dynolytic a été maintenue.

« 3,2 kg d'aliment avant mise bas, c'était beaucoup »

Dans le même temps, de nouvelles mesures zootechniques ont été mises en place, explique Jean-françois Bon. Elles concernent aussi bien l’ambiance dans les bâtiments (baisse de température de consigne en maternité (24/22°C) et baisse de la plage de chauffage) que des modifications dans la conduite alimentaire des truies avant mise bas. «nous étions à 3,2 kg d'aliment avant la mise bas, c'était beaucoup. nous sommes passés à 3 kg et on devrait encore diminuer sur les derniers jours avant la mise bas», précise Jean-François Bon.

«L'expérience a été bénéfique», conclut l'éleveur: «Le bilan réalisé après un an montre que les dépenses de santé ont baissé sur tous les postes, sans que les résultats techniques ne se dégradent. Nous avons même observé une diminution des pertes sevrage-vente et surtout, c'est 350 000 francs* de frais vétérinaires économisés sur une année ! »

 

 01/08/02
au
31/07/03

 01/10/03
au
30/09/04

 Moyenne
Bretagne
2003

 Nombre de truies présentes

 779

812 

 
 Porcs produits /truie /an

 21.2

20.7

20.7 

 Poids vif produit /truie /an

 2396

 2448

 2295

 IC Global

 2.9

2.88

3.03 

 % pertes sevrage-vente

 10.1

 7.9

 8.1

 Age à 25 kg (jours)

 61

 61

66 

 Age à 105 kg (jours)

 168

 169

 173

 Poids  de vente

 113.1

113.9 

113.6 

 TVM

 60.6

 62

 60.7

Des performances technico-économiques (GTE) non dégradées

Cette expérience a été répétée chez une quinzaine d'éleveurs et devrait permettre à la Chambre d'agriculture de proposer une méthodologie dans les mois à venir.

*350.000 Francs = 53.357 euros

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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