16 millions €/an d’aide couplée pour produire 90.000 ha de luzerne déshydratée

16 millions €/an d’aide couplée pour produire 90.000 ha de luzerne déshydratée

Les 2 % de crédits du premier pilier de la Pac réservés au soutien de la production de légumineuses et de protéagineux doivent être en partie affectés à la filière « luzerne déshydratée » selon Coop de France déshydratation. En jeu, 1.500 emplois et l’autonomie d’approvisionnement en protéines végétales de l’élevage français.

Jamais les conditions n’ont été aussi favorables pour redonner un élan à la filière de luzerne déshydratée et pourtant ses représentants n’ont jamais été confrontés à autant d’incertitudes sur l’avenir de la production.

La luzerne déshydratée, ou pas, a toute sa place dans la réforme de la Pac qui sera mise en œuvre en 2015.  Les 5 % à 7 % de surfaces d’intérêt écologique réservées pour satisfaire les conditions requises afin de percevoir les « paiements verts » (30 % de l’enveloppe du premier pilier) peuvent être cultivés en luzerne. Et la culture de cette légumineuse s’inscrit totalement dans la diversification des assolements des exploitations. Enfin, en production animale, la luzerne peut aussi contribuer à l’autonomie fourragère des élevages.

C’est pour ces raisons que Coop de France déshydratation plaide pour qu’une partie des 150 millions d’euros réservés à la production de légumineuses et de protéagineux dans le cadre de la mise en œuvre de la Pac en 2015, soit affectée à la production de luzerne déshydratée.

Produire 90.000 ha par an

Dans l’intérêt commun de la filière (1.500 emplois) et de l’élevage français, Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France déshydratation estime que 16 millions d’euros devraient ainsi être réservés et alloués chaque année sous forme d’aide couplée aux producteurs de luzerne déshydratée. Pour lui, c’est le montant nécessaire pour maintenir la filière à un niveau de production au-delà du seuil qui la rendrait irréversiblement vulnérable, à savoir 90.000 ha par an contre 65.000 ha actuellement, pour une production de 770.000 t en 2012-2013.

C’est aussi à cette condition que la recherche variétale nécessaire pour renforcer l’autonomie alimentaire en protéines végétales de notre pays sera maintenue puisque les producteurs de luzerne déshydratée sont les seuls à la financer en payant une cotisation.

Il est temps, pour Coop de France, de mettre fin au déclin de la filière. Le déficit de production de luzerne déshydratée est d’au moins 100.000 tonnes en France ce qui renchérit son prix auprès des éleveurs.

En fait, l'organisation profesionnelle combat l’idée que les 150 millions d’euros (2 % de l’enveloppe des aides du premier pilier) ne soient réservés qu’aux éleveurs. Le saupoudrage des soutiens publics n’aidera pas la France à être davantage autonome en protéines végétales, selon elle. Notre pays importe actuellement près de 40 % de ses besoins en protéines végétales de pays tiers.

Certes, les prix élevés des céréales (plus de 250 €/t) ont, ces dernières années, incité les scopeurs à préférer la culture de blé et d’orge à celle de la luzerne. Mais à 85-90 €/t, la filière de luzerne déshydratée s’inscrit dans une certaine constance, avec des prix peu volatils, qui rendent la culture de légumineuses intéressante lorsque les cours du blé se replient.

Etre moins dépendant du soja importé

En fait, il est dans l’intérêt national de préserver un grand nombre de producteurs de luzerne déshydratée car certaines filières animales (production de Roquefort, de fromages de chèvre) ne seront pas en mesure de produire suffisamment de protéagineux dans les exploitations pour être autonomes. L’expérience des pays du Nord montre aussi que la taille croissante des élevages conduit les éleveurs à devoir acheter des aliments protéinés pour nourrir leurs animaux.

Pour toutes les raisons évoquées précedemment, la situation de la France est périlleuse. Tant que les conditions ne sont pas réunies pour que notre pays soit moins dépendant des importations de soja, le marché restera tendu.

Sous une forme ou une autre, de nombreuses puissances économiques parent à leur indépendance protéique en soutenant l’achat d’usines de déshydratation de luzerne dans des pays tiers. Car le défi alimentaire de 2050 sera d’abord un défi protéique qui se traduit d’ores et déjà par une explosion des importations chinoises, asiatiques et moyen-orientales de tourteaux de soja. L’augmentation du pouvoir d’achat des populations émergentes suscite une consommation croissante de produits carnés !

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