Face à la contestation, J.-M. Ayrault annonce un report national de l'écotaxe

Face à la contestation, J.-M. Ayrault annonce un report national de l'écotaxe

Après une longue réunion à Matignon en présence des ministres concernés et des élus bretons de gauche, Jean-Marc Ayrault a annoncé la suspension de la mise en oeuvre de l'écotaxe sur l'ensemble du territoire national.

portique écotaxeFace à la pression du monde agricole et économique, Jean-Marc Ayrault suspend l'application de l'écotaxe. (©Terre-net Média)

Après plus d'une heure trente de réunion à Matignon, le Premier ministre a annoncé mardi 29 octobre 2013 la suspension de l'application de l'écotaxe, qui était prévue le 1er janvier 2014. « La confrontation et la violence doivent céder la place au dialogue », a déclaré Jean-Marc Ayrault à l’issue de la réunion. « La suspension n'est pas suppression. »

Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, évoque « le courage de suspendre le processus pour discuter des dispositions permettant sa mise en œuvre ».

L’écotaxe est donc suspendue, mais pas supprimée. Pour combien de temps ? « Les premières réunions pour en discuter auront lieu dès demain matin », a précisé le ministre qui, la veille sur l’antenne d’Itélé, avait indiqué qu’il n’était « pas possible de revenir en arrière » à cause d’une clause de rupture signée par l’Etat, sous l’ancienne majorité, incluant une indemnité de plus de 800 M€ à la société Ecomouv', chargée du financement, de la conception, de la réalisation, de l'entretien, de l'exploitation et de la maintenance des portiques. « Un gentil cadeau » de l’ancienne majorité, selon le ministre, quelque peu amer.

Pour Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, il faudra sans doute plusieurs mois de discussions pour trouver « les bonnes modalités d’application ».

Suspension, mais pas suppression

Force est de constater que « les conditions du dialogue ne sont pas réunies » a donc insisté le Premier ministre. Et c’est peu dire ! Cette annonce d’une suspension fait suite à la généralisation de la fronde contre la mise en œuvre de cette taxe poids lourds, tant du secteur agricole que du monde économique et de la classe politique.

Tous les syndicats agricoles, Fnsea en tête, avaient exprimé leur refus, dans le contexte actuel difficile,  de voir une nouvelle taxe peser sur le secteur agricole et agroalimentaire très fragilisé. Même le Modef, sans être contre le dispositif, proposait par la voix de son président Jean Mouzat, que « les transports de 100 ou 200 kilomètres soient exonérés de taxe et que l’écotaxe soit appliquée qu’au transport autoroutier ».  La Fnsea avait réitéré à plusieurs reprises sa demande d’ajournement de deux ans du dispositif, relayant ainsi la demande du collectif pour l’emploi en Bretagne.

Une grande majorité de la classe politique était aussi favorable au report de l’application de cette nouvelle fiscalité, y compris parmi les députés du PS. Jean-François Copé, le leader de l’Ump, avait notamment indiqué « l’urgence absolue » à reporter « sine die » l'écotaxe.

Soulagement du syndicalisme majoritaire

Tant chez les élus que chez les responsables agricoles, cette annonce semble un soulagement. Xavier Beulin, président de la Fnsea, s’est réjoui que le monde agricole ait été entendu. Le syndicat majoritaire souhaite désormais être intégré aux discussions quant aux modalités à définir pour la mise en œuvre future de la taxe.

La Coordination rurale, elle, a aussi exprimé son soulagement, et demande au Gouvernement de taxer les produits importés d'origine hors UE, plutôt que d'alourdir la fiscalité sur les produits français.

Le report a également été salué par l'Apca et Interbev, l'interprofession des filières bétail et viandes.

A l’Ump, on se dit « soulagé ». L’Udi, menée par Jean-Louis Borloo, salue un signe d’apaisement. Seuls des élus écologistes, comme Noël Mamère, le député-maire de Bègles, s’est dit « accablé ». L’association France nature environnement dénonce, quant à elle, un report « lamentable ».

Reste à savoir si cet ajournement sera suffisant pour désamorcer la grogne des Bretons. L'organisateur de la manifestation de samedi 26 octobre, sur le dernier portique finistérien encore debout, a annoncé qu'il maintenait tout de même la manifestation prévue samedi 2 novembre 2013 à Quimper.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...