Les experts de l'Anses estiment que « la probabilité de transmission de la brucellose par les bouquetins, est minime pour les bovins (niveau 2 sur une échelle de 0 à 9), extrêmement faible pour les ovins (niveau 3), et compris entre extrêmement faible et faible (niveau 5) pour les caprins. » (©Terre-net Média)Faut-il condamner les bouquetins ? Ou bien les troupeaux et leurs éleveurs ? Ou les trois si rien n'est fait ? Selon la Fdsea des Savoie et le Gds, le taux de contamination des bouquetins (espèce protégée) du massif du Bargy est important. « Ne pas engager un plan qui permette de régler définitivement le problème, est suicidaire, écrit la Fdsea dans un communiqué. Laisser la brucellose se propager, c’est agir contre les intérêts environnementaux, alpestres, et nos élevages laitiers. Ceux-ci sont aujourd’hui indemnes, les éleveurs ne peuvent supporter une telle épée de Damoclès sur leur tête ! L’éradication totale sur un massif peut interpeller, toutefois c’est aussi la seule solution qui permette de protéger les autres massifs, y compris la population de bouquetins ! La brucellose est également une grave maladie humaine, impossible à guérir. »
La Fdsea demande au ministre de l’Agriculture et à celui de l’Ecologie de « prendre leurs responsabilités rapidement et d’appliquer les mesures qui s’imposent. » Pour la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature) et la Lpo (Ligue de protection des oiseaux), « cette décision locale d'éradication totale des bouquetins du Bargy constituerait une réponse simpliste, peu éthique et hasardeuse à cette problématique complexe, contrairement à une solution graduée et raisonnée. »
L’Anses invite à la prudence
L'Anses (Agence de sécurité sanitaire) a rendu le 4 septembre un avis relatif "aux mesures à prendre sur les bouquetins pour lutter contre la brucellose sur le massif du Bargy" qui invite à la prudence et à la réflexion. D’après l’Anses, « l'analyse ne permet pas de confirmer la nécessité de mettre en œuvre dans l'urgence les actions d'abattage envisagées, compte tenu en particulier de leur nature et de leur ampleur [...] Il n'existe que très peu d'exemples d'éradication réussie d'une maladie par élimination de son réservoir sauvage en un temps court. [...] L'histoire des abattages massifs à visée sanitaire dans la faune sauvage montre que de telles opérations nécessitent plusieurs mois voire plusieurs années pour atteindre une éradication réelle de l'espèce sur la zone considérée. »
En outre, l'Anses met en exergue, si une telle opération était lancée, « le risque de fuite de bouquetins infectés et d'extension du foyer. Si les bouquetins étaient soumis à une telle "pression de chasse", il paraît en effet techniquement difficile de "boucler" suffisamment longtemps le massif du Bargy qui représente une surface de plus de 3.000 ha. » D’autre part, le problème de l’évacuation des cadavres se pose.
« Pas d’urgence »
Lors de sa séance du mercredi 11 septembre, la Commission nationale de protection de la nature (Cnpn) a pris en compte les analyses de l'Anses, et en a conclu qu’il n’y a aucune nécessité d’intervenir en urgence de façon massive par un abattage complet de la population de bouquetins du massif du Bargy. Elle a rejeté la demande d'abattage complet de la population de bouquetins du Bargy formulée par le Préfet de Haute-Savoie. Toutefois elle reconnait la nécessité de faire disparaitre à terme ce foyer de brucellose, et elle préconise la mise en œuvre de mesures d’abattage sélectif.
Abattages ciblés
L'Anses recommande, « au-delà de ce premier travail d'expertise [...], d'évaluer la possibilité de combiner des mesures d'abattage limitées avec d'autres mesures de maîtrise... » Plusieurs modalités sont envisageables pour l'abattage sélectif :
- Soit un abattage ciblé d'une classe particulière d'âge permettant de réduire la circulation de la maladie, notamment celle des animaux de plus de 5 ans (mâles et femelles), [...] avec un impact immédiat et probablement notable sur la réduction du risque de transmission de la faune sauvage aux animaux domestiques ;
- Soit l'abattage d'animaux séropositifs et/ou cliniquement atteints (abattage sanitaire), mais dans ce cas le réservoir ne serait assaini que très progressivement ;
- Dans les deux cas combiné à un suivi sanitaire sur les animaux ayant été préservés.
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