G. Garot : « La révision de la Lme rééquilibrera les rapports de négociation »

G. Garot : « La révision de la Lme rééquilibrera les rapports de négociation »

Regagner les parts de marché perdues à l'export exige des industries agroalimentaires plus compétitives et engagées dans la transition énergétique, selon le ministre de l'Agroalimentaire Guillaume Garot. Le Cice, la révision de la Lme, le crédit d'impôt-recherche et le recours à la Bpi seront des dispositifs efficaces si les entreprises se lancent par ailleurs dans une stratégie d'innovation et si elles s'organisent en filières.

Guillaume Garot ministre de l'agroalimentaire.
Guillaume Garot lors d'un point presse au terme d'une conférence sur la traçabilité. (© Ministère de l'Agriculture)

Guillaume Garot, ministre de l’Agroalimentaire, affirme occuper ses fonctions dans « un ministère exaltant et formidable » et c’est sans peine qu’il a réussi à partager sa passion, mercredi 22 mai, le temps d’une conférence à l’AgroParisTech, devant un panel d’étudiants et d’ingénieurs agronomes!

La passion d’un ministre socialiste qui ne craint pas de tenir un discours de politique industrielle, clé de voûte de la défense et de la création d’emplois. Mais qui prend aussi le soin de ne pas froisser la fibre écologique des membres de son gouvernement en tenant des propos "économico-écologico-compatibles" !

Lors de sa conférence, Guillaume Garot, très fin connaisseur des dossiers qu’il a en charge, a rappelé avec conviction, les quatre axes indissociables de la politique menée par le gouvernement depuis douze mois pour que l’industrie agroalimentaire soit un levier du redressement économique de la France et permette de reconquérir les parts de marché perdues à l’export ces dernières années.

L’excédent commercial de près de 11 milliards d’euros masque d’importantes faiblesses !

Des annonces sur le regroupement d'élevages en juin

Et pour que celui-ci double d’ici 2020, comme l’ambitionne Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, l’industrie agroalimentaire doit « redevenir plus compétitive en montant en gamme » mais aussi en se reposant sur une production agricole massive avec le risque, sinon, de rendre l’emploi industriel délocalisable.

Du reste, Guillaume Garot promet des annonces ce mois-ci pour libérer les capacités de construction, d’agrandissement et de regroupement des élevages en allégeant les normes environnementales et les critères requis. Ce qui ne signifie en rien qu’il faille renoncer à la protection de l’environnement et à la biodiversité !

En fait, l'hôte de la rue de Varenne mène de front quatre politiques d'investissement, d'exportation, d'innovation et  de formation. Et pour chacune d’elle, il a dévoilé les dispositifs déjà en place et ceux qui vont bientôt venir compléter sa boîte à outils.

Une des prochaines priorités du ministre sera ainsi la modification de la loi de modernisation de l’économie de 2008 afin de rééquilibrer les rapports de négociations entre les industries agroalimentaires et la grande distribution. C’est pourquoi le projet de loi sur la consommation mettra fin « à la toute puissance de la grande distribution » et à « la concurrence exacerbée qui fragilise les entreprises agroalimentaires ». « Le socle des négociations sera aussi redéfini en se reposant sur un plan d’affaires et il sera possible de renégocier les termes d’un contrat pour répercuter à la hausse comme à la baisse les prix des matières premières ».

Une concurrence plus juste en Europe

En attendant, Guillaume Garot compte sur le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) mais aussi sur l’extension du crédit impôt recherche à l’industrie agroalimentaire pour relancer l’investissement et l’innovation. Il est en effet tout à fait conscient qu’une seule politique de réduction des coûts ne suffit pas pour rendre les entreprises compétitives durablement. En revanche, il est convaincu que les sociétés déjà engagées dans la transition écologique sont leaders dans leur domaine car plus compétitives que leurs concurrentes. Il espère donc que la Banque publique d’investissement, créée par le gouvernement Ayrault, contribuera à financer des investissements allant dans cette voie pour rendre le prix de l’énergie moins onéreux.

Mais être plus compétitif exige une concurrence plus juste, avec l’Allemagne notamment. C’est pourquoi Guillaume Garot mettra tout en œuvre avec ses collègues ministres européens pour que le pays mette fin à l’application abusive de la directive de détachement qui permet de rémunérer des salariés des pays d’Europe de l’Est entre 6 et 7 euros de l’heure.

Le défi alimentaire mondial, c'est à dire celui de nourrir d’ici 2050 neuf milliards d’hommes, et le modèle alimentaire français, fait « de sécurité, de diversité, de goût et de qualité », sont des atouts pour que l’industrie alimentaire française soit une force d’avenir pour le pays. Mais l’Etat ne peut pas tout ! Et sans le dire à haute voix, Guillaume Garot l’a bien fait comprendre en rappelant que sa mission est d’abord stratégique.

Sa politique ne sera couronnée de succès que « si les entreprises sont en mesure de bâtir un esprit de filière pour négocier en force des contrats aussi bien avec la grande distribution qu'à l’export, à l’étranger ».

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