PARIS, 16 mai 2013 (AFP) - Pour la 16e année, les professionnels fêtent « le veau de Pentecôte » : un rendez-vous lancé pour faire écho au gigot de Pâques et à la dinde de Noël qui lui a permis de retrouver la cote en tournant la page douloureuse du veau aux hormones.
« Chaque fois qu'une filière est cassée, il faut une dizaine d'années pour redresser la barre », a reconnu jeudi Fabrice Heudier, président d'Interveaux qui réunit tous les acteurs du producteur au distributeur. « On a un produit qui coûte cher, on ne pouvait pas laisser ternir l'image, il a fallu se retrousser les manches et faire le ménage dans la maison ». Une attitude dont il se félicite à la lumière des récents « incidents », comme il nomme l'épisode, cet hiver, des lasagnes au cheval.
Avec ses 4.000 élevages, la France est aujourd'hui le premier producteur de veau de boucherie en Europe (250.000 tonnes) devant les Pays-Bas et l'Italie - et le premier consommateur (4 kilos par habitant et par an).
Dans les années 80, des producteurs injectaient des hormones aux veaux pour accélérer leur croissance : une fois cuite, la viande perdait de l'eau donc du poids et les associations de défense des consommateurs, inquiètes des conséquences sanitaires, avaient appelé au boycott de cette viande. « L'effet avait été immédiat », se souvient Fabrice Heudier. Lui-même éleveur dans la Manche, il accusait « un déficit de 1.000 francs (152,45 euros) par veau » vendu. « Les prix s'étaient complètement effondrés. Il y a eu beaucoup de casse chez les éleveurs. Il a fallu se retrousser les manches et mettre de l'ordre dans la maison ». « Ils représentaient 8 % des éleveurs, 12 % au maximum, qui ont mis tout le monde en péril ».
Interveaux a défendu un cahier des charges, promu et adopté ensuite à Bruxelles pour l'ensemble de l'Union européenne, qui veut qu'un veau de boucherie soit âgé de moins de huit mois et nourri exclusivement aux protéines laitières, explique Fabrice Heudier. « Il nous a fallu dix ans de persévérance pour redresser la barre ». Et une opération de communication avec la promotion du « Veau de Pentecôte » en écho au gigot de Pâques et à la dinde de Noël.
Dans ce contexte, la perspective d'un accord global de libre-échange entre l'UE et les Etats-Unis, où les hormones sont toujours largement utilisées pour stimuler la croissance des animaux, inquiète la profession. « On insiste sur la distorsion de concurrence liée à l'usage des hormones et on met en avant la garantie sanitaire de nos produits », insiste Fabrice Heudier.
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