Industriels et distributeurs vont devoir serrer les coudes autour des éleveurs : le médiateur désigné par le ministère de l'Agriculture pour sortir de la crise du lait, leur demande d'augmenter de 2,5 centimes/litre le prix versé aux producteurs pour rattraper la hausse de leurs charges.
Cette hausse, à la charge des transformateurs qui ne l'ont pas encore acceptée, correspond aux revendications des principaux syndicats agricoles mais l'accord est déjà contesté par les coopératives et les transformateurs qui le jugent « insuffisant » et expriment leurs inquiétudes.
Dans l'affaire, le médiateur, désigné à l'issue d'une table-ronde de tous les protagonistes, le 8 avril, a pris le parti de éleveurs. « Le prix d'achat du lait de vache aux producteurs est depuis le début de l'année 2013 inférieur au prix du lait constaté sur le marché et ne (leur) permet plus de couvrir leurs charges », fait-il valoir dans son communiqué. Comme il commande aux « industriels transformateurs, entreprises privées ou coopératives » de prendre en charge la hausse payée aux éleveurs, il prévoit également un volet « spécial distribution » : celle-ci devra s'acquitter d'une « hausse technique » (hors plan d'affaires) de 3 centimes/litre pour le lait de consommation et de 2 centimes pour le lait incorporé dans les produits laitiers. Celle-ci sera versée aux industriels à partir du 1er juin et figurera en pied de facture. Et elle sera « indépendante des négociatons commerciales entre chaque enseigne et ses fournisseurs », ce que la grande distribution a accepté.
Depuis des mois, distributeurs et industriels se renvoyaient la balle sur leurs responsabilités respectives. Au détriment des éleveurs qui sont incapables, pour la plupart, de faire face à la flambée des prix de l'alimentation animale, de l'ordre de 30 %. Le médiateur annonce d'ailleurs avoir conduit sa mission « autour des deux principes d'une revalorisation rapide du prix payé au producteur et d'un partage équitable de l'effort financier correspondant entre les transformateurs et la distribution ».
Réactions des distributeurs et transformateurs
Le syndicat des Jeunes agriculteurs s'est dit « satisfait » : « maintenant on attend vraiment l'engagement des coopératives et des entreprises de transformation, dès le mois d'avril », a déclaré son président, François Thabuis qui rappelle comme « la situation était tendue en termes de trésorerie » dans certains élevages.
Chez les distributeurs, Carrefour a aussitôt fait connaître sa décision de « s'engager sans délai dans le dispositif proposé » et appelé à créer « aussi vite que possible une interprofession réunissant éleveurs, industriels et distributeurs ». Les centres E.Leclerc soutiennent également l'accord pour ce qui est du lait français mais « ne suventionneront pas le lait étranger ». Enfin Auchan a fait savoir que tout en suivant la hausse suggérée par le médiateur, le groupe s'abstiendrait de la répercuter « du 1er mai et jusqu'à fin août » sur les prix des produits laitiers de ses marques propres.
Les transformateurs ont montré moins d'enthousiasme. La Fédération des coopératives laitières (FNCL), à la fois productrices et transformatrices de lait, s'est « inquiétée » de propositions « insuffisantes pour assurer la reconstitution des marges des transformateurs ». « On aurait souhaité un mot du médiateur tenant compte de la situation tendue des transformateurs ! » relève Christèle Josse, directrice générale de la Fédération.
Inquiétude partagée d'ailleurs par les industriels qui sont appelés à se prononcer individuellement, comme les coopératives. Ils font notamment remarquer qu'entre fin mars 2012 et fin mars 2013, l'inflation des produits laitiers s'est limitée à 0,2 % contre 2,4 % pour l'ensemble des produits alimentaires.
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