CASTELNAUDARY (France), 19 avr 2013 (AFP) - Les craintes pour l'avenir de Spanghero et ses 300 emplois se sont concrétisées vendredi : placée en liquidation avec seulement trois mois d'activité assurés, l'entreprise de Castelnaudary (Aude), au cœur du scandale de la viande de cheval, est au-devant d'un plan social et désormais à vendre.
Le tribunal de commerce de Carcassonne a prononcé vendredi la liquidation judiciaire avec continuité d'activité jusqu'au 19 juillet, avec une éventuelle prolongation pour trois mois supplémentaires. Il ne s'agit pas d'une liquidation « totale et définitive », a insisté le président de l'entreprise, Barthélémy Aguerre. Mais les lendemains s'annoncent sombres.
Lur Berri, coopérative basque et maison mère de Spanghero, a décidé de vendre, et les trois ou six mois à venir serviront à trouver un repreneur, a indiqué Barthélémy Aguerre dans un entretien accordé à l'AFP.
« On est dans la merde », a lâché vendredi une quadragénaire, à l'unisson d'un personnel sonné à la sortie de l'usine après une réunion d'information. Depuis le scandale, « l'activité ne décolle pas, les clients ne commandent pas, on est à 30 ou 50 % de commandes (...) et bien évidemment cela nous pose un problème de trésorerie important », a expliqué Barthélémy Aguerre. Spanghero perd aujourd'hui 200.000 euros par semaine, a-t-il précisé. « Nous pensons que la meilleure solution, c'est de mettre cet outil-là sur le marché pour que d'autres opérateurs rassurent le client », a-t-il dit.
Un plan social dès la semaine prochaine ?
La procédure de mise en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité a été préférée au redressement parce qu'elle était plus favorable à un rachat, a-t-il assuré. Interrogé sur les conséquences sociales, Barthélémy Aguerre a répondu que la décision d'un plan social appartenait à présent à l'administrateur judiciaire. Mais « il y aura obligatoirement » des retombées « à partir de la semaine prochaine », a-t-il déclaré, sans expliciter son propos.
Quant au sort de l'entreprise dans l'éventualité où aucun repreneur ne se manifesterait, « c'est facile à deviner : si au bout de la période de trois mois, une fois renouvelable, il n'y a personne » pour reprendre la société, « il n'y a plus rien », a-t-il admis. Il a réfuté que la maison mère abandonne Spanghero. Au contraire, elle va « accompagner » la reprise de la société qu'elle a elle-même rachetée en 2009 au fameux rugbymen Spanghero. « Lur Berri a fait le nécessaire (...) puisque nous avons racheté cette affaire à Laurent Spanghero en situation de faillite. Nous l'avons redressée, nous avions un compte équilibré en 2012 » et Lur Berri comptait sur de bons résultats en 2013. Quand le scandale a éclaté...
En février, Spanghero a été accusée d'avoir joué un rôle capital dans le scandale européen de la viande de cheval. Elle aurait sciemment revendu comme étant du bœuf de la viande de cheval entrant dans la préparation de plats cuisinés. En mars s'ajoutait la révélation qu'on avait aussi trouvé chez Spanghero 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée. L'entreprise a toujours protesté de sa bonne foi et dit avoir été victime des intermédiaires de la filière.
« Merci l'Etat »
Depuis février, elle a écarté son directeur et annoncé l'instauration de tests ADN. Mais ces mesures n'ont pas suffi pour l'instant à faire revenir une clientèle où figuraient des grands de la distribution. Spanghero fabrique surtout des plats cuisinés et des produits transformés, comme de la charcuterie. Le négoce de matière première qui lui a valu d'être prise dans la tourmente représentait une part minime de son activité. Mais l'usine continue à tourner au ralenti. Et une enquête judiciaire en cours risque de faire à nouveau parler de Spanghero.
A la sortie de la réunion d'information du personnel vendredi, les salariés laissaient transparaître amertume et abattement. Une femme en larmes lançait : « Merci l'Etat. Y en a qui ont fait bien pire et on ne leur fait rien. » « On ne va pas se laisser faire, nous les salariés », assurait une autre. « On va se battre », promettait également Marie Favié, déléguée CFE-CGC. Mais, pour elle comme pour José Marson, directeur informatique, il n'y a actuellement de travail que pour 80 personnes et un plan social devrait frapper l'entreprise dès la semaine prochaine.
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