Boussac - Au paradis charolais des bouchers

Super Prix d’Honneur Culard - vache charolaise Maria Veses Ferrer. (© Acti-Ouest)

« Au paradis du charolais, dans sa finition bouchère ». Le slogan n'était pas au front du hall polyvalent de Boussac (Creuse) ce week-end, mais c'est tout comme. La 40^e Foire interdépartementale des bovins de boucherie y avait en effet réuni 120 bêtes élevées sur les terres de Creuse, d'Indre et de l'Allier.

Génisses, châtrons, vaches, culards et culardes, toutes les sections charolaises étaient en ligne dans les enclos, ainsi que des reproducteurs, proposés à la vente, et quelques limousines. Le chiffre de 120 bêtes est loin d'un record mais, expliquait-on dans les allées, le témoignage de la conjoncture présente. Beaucoup de ventes ont lieu à l'étable actuellement, expliquaient successivement organisateurs et éleveurs présents.

Avec une double motivation : de nombreuses exploitations ont des besoins pressants de trésorerie, donc décapitalisent par réduction du cheptel, d'autant que les cours se maintiennent à un niveau prudemment qualifié de "correct". Résultat, le différentiel de prix entre l'étable et la foire n'est pas aussi significatif, poussant les éleveurs à n'y présenter que les animaux d'une qualité supérieure, qu'ils espèrent valoriser par la "compétition" foire.

Négociants, supermarchés, opérateurs de marché, bouchers étaient au rendez-vous

A Boussac ce week-end, la fourchette des prix des ventes des Charolais était comprise entre 5,48 € et 6,40 euros/kg carcasse pour les bovins les plus exceptionnels dans leur finition. Des animaux acquis par des négociants (MM. Dougy de Saint-Doulchard, et Jacques de Vesdun), des opérateurs du marché (Sva Jean Rozé, Socaviac, Ccbe, Châteauroux Viandes, Berry Viandes, Covido Bovicoop, Sobevia, Cyalin), des supermarchés (Carrefour Market de Gouzon et Boussac, Intermarché d'Auzances, Leclerc de Guéret) et, tropisme local, des bouchers (MM. Guillemin de Boussac, Duplaix de Saint-Denis-en-Jouhet, Pasquet de Sainte-Feyre et Lithard de Saint-Doulchard).

Parmi les éleveurs du concours, les jeunes Sébastien Fauvet et Florent Bignet ont vu leur travail récompensé, notamment chez les culards charolais. Installé depuis 2004 dans la ferme familiale rachetée à son oncle à Toulx-Sainte-Croix, Sébastien Fauvet est – et il le dit avec fierté « car cela devient rare » – naisseur et engraisseur de Charolais. Avec ses deux associés, il exploite 270 hectares, et d’ici peu 350, sur lesquels paissent 420 têtes de bétail, avec la bagatelle de « 170 vêlages par an » et « environ 80 % des animaux finis sur l’exploitation ».

Autonome en céréales pour l’engraissement, Sébastien Fauvet dénonce, comme ses collègues, la hausse des prix des carburants et des intrants, ainsi que les doutes sur le contenu de la future Pac : « c’est par exemple la fin de la prime à l’engraissement. J’avais un projet de construction d’un nouvel atelier, je l’ai rangé ». Si une cinquantaine d’ovins charolais diversifie le Gaec, celui-ci devrait étendre bientôt ses activités, côté naissances. « Nous achetons déjà des taureaux inscrits au herdbook pour nos Charolaises et nous allons désormais aussi en élever pour les vendre comme reproducteurs.»

Soit le pari de la maîtrise complète d'une filiation, espoir économique de valorisation dans un contexte de demande de traçabilité accrue.