
La saison des concours de bovins de boucherie de Pâques bat son plein. Mardi dernier à Autun, il se confirmait que la reprise des cours de la viande en ferme calmait les ardeurs sur le très haut de gamme. Si le commerce était moins animé qu’il y a deux ans, les animaux se sont tout de même pas mal vendus.
![]() Les trois championnes : Le super prix de championnat (Jean-François Desmures), le prix de championnat mâles (Etienne Vollot) et le prix de championnat femelles (Dominique Variot). (© Acti-Ouest) |
Le concours de bovins de boucherie d’Autun s’est tenu mardi dernier. Près de 300 animaux étaient exposés. Une présentation « très homogène », comme le soulignait le président de la société d’agriculture Frédéric Brochot. « Les éleveurs ont opéré une sélection plus rigoureuse », confiait ce dernier.
Avec des cours en ferme plus rémunérateurs que par le passé, mais aussi des frais alimentaires en hausse du fait de l’augmentation du prix des matières premières, « les éleveurs n’ont préparé que les bêtes qui sortent véritablement du lot », expliquait le président. Cette conjoncture qui s’était déjà faite sentir ici l’an dernier, n’est en fait pas vraiment favorable aux concours de viande. Quand les cours étaient au plus bas en ferme, les manifestations croulaient sous les engagements avec des éleveurs qui venaient chercher la valorisation qui leur faisait défaut le reste de l’année. Aujourd’hui, le prix « des vaches ordinaires » a retrouvé des couleurs et c’est tant mieux pour les éleveurs.
Mais paradoxalement, l’embellie ne profite pas de la même manière aux « bêtes supérieures ». C’est au moment où les cours étaient au plus bas en ferme que l’on a vu des championnes battre des records de prix. Ce phénomène s’explique par le comportement des enseignes de grande distribution. Aujourd’hui les animaux sont plus chers en ferme, les distributeurs peinent à répercuter cette augmentation de prix aux consommateurs. Et de ce fait, voyant leurs marges fondre, ils sont moins enclins à jouer le jeu des concours, expliquait un opérateur.
Démarrage un peu lent
Cette frilosité s’est traduite dès la fin du jugement avec une activité commerciale bien lente à démarrer. Les exposants ont mis du temps pour vendre leurs bêtes et les prix n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Globalement, les tarifs auraient été conformes aux autres années avec cependant 0,15 à 0,30 € de moins pour des génisses, indiquait Jean-Pierre Brochot de la Société d’agriculture. Très nombreuses cette année, les génisses auraient été payées entre 5,80 € et 6,50 € le kilo de carcasse.
En vaches, il fallait compter entre 5 et 5,60 € pour les jeunes ; 6 € pour une cularde. Une championne aurait atteint 8 € 50. Du côté des bœufs, on évoquait des tarifs de l’ordre de 4,75 € - 5,50 €. Quant aux culardes dont la toute meilleure aurait obtenu 11,50 €, elles se seraient négociées entre 6,40 € et 7 €. Au final, près de 80 % des animaux auraient tout de même trouvé preneurs. Comme de coutume, les groupements coopératifs ont un peu joué les filets de sécurité en achetant les invendus de leurs adhérents. Le groupe Feder a pour sa part acquis 78 bêtes et Charolais Horizon 45.
Fidélité des locaux et des filières courtes
Les acheteurs locaux et les filières traditionnelles se sont comme toujours montrés fidèles au rendez-vous. Comme l’an dernier, les distributeurs autunois ont marqué le coup. Intermarché s’est porté acquéreur de deux animaux dont un prix de championnat femelles issu de son fournisseur à l’année, M. Variot (Earl des Griveaux) de Laizy. Le magasin Leclerc a quant à lui acheté sept bêtes qui seront, toutes abattues à Autun. Un achat qui s’inscrit là aussi dans une démarche d’approvisionnement local à l’année avec un choix de « bêtes épaisses pour le rayon traditionnel », expliquait le chef boucher M. Corniaux.Pénurie de viande à l’échelle nationale ?
Venu participer au jury, le président de la fédération nationale des concours d’animaux de boucherie Jean-Yves Renard livrait ses premières impressions à mi parcours de la saison des concours de Pâques. Selon lui, les apports seraient en général un peu moins importants cette année, d’où des tarifs corrects. Le président national signalait cependant « un manque de viande à l’échelle nationale avec des craintes quant à l’approvisionnement dans les deux mois à venir ». Un phénomène qui serait la conséquence d’abandons massifs de l’élevage au profit des cultures dans la plupart des régions françaises.La super championne achetée par un boucher de Créteil
Le super prix de championnat est revenu cette année à un engraisseur de Vaudebarrier, Jean-François Desmures. L’animal est une génisse cularde de trois ans, née dans la Nièvre. C’est par l’intermédiaire de son groupement Charolais Horizon que Jean-François Desmures s’est vu « remettre » cette génisse qu’il a engraissée à Vaudebarrier. Cette super championne a été vendue à un artisan boucher de la région parisienne Jacques-Henri Thomas. Venu à Autun pour juger les animaux, ce boucher exigeant confiait sillonner une vingtaine de concours de Pâques cette saison. « Je viens d’acheter ma troisième championne en quatre jours ! », annonçait fièrement l’artisan. Ce dernier ne travaille que des bêtes haut de gamme à raison d’une carcasse par semaine. Conformément à la tradition instaurée par la fédération de la boucherie française, c’est cet artisan de Créteil qui s’est vu décerner le diplôme qui récompense l’acheteur de la meilleure bête de concours.Une filière courte dans le chalonnais
Fidèle au rendez-vous, l’union professionnelle des bouchers de Saône-et-Loire était représentée par son président Pascal Moine, accompagné de plusieurs de ses confrères. Ensemble, ils ont remis le diplôme de la meilleure bête de concours achetée par un artisan. Avec son collègue Michel Contet de Saint-Rémy, Pascal Moine, lui-même boucher à Givry, s’est porté acquéreur de trois femelles label rouge auprès de Jérôme Gillot du Gaec du Bois Vinot à Châtenoy-le-Royal. Ce céréalier de la région chalonnaise conserve une activité d’engraissement de femelles haut de gamme (avec le groupement Feder) pour valoriser ses prairies inondables du bord de la Thalie. Un approvisionnement très local pour Michel Contet et Pascal Moine qui sera mis en valeur dans le cadre de l’opération "24 heures chez mon boucher" le 8 juin prochain. Ce jour là, une opération promotionnelle, faite de dégustations, concours culinaire sera organisée rue de la République à Givry.
Pour connaître les palmarès complets du concours, cliquez sur : Pour connaître les dates des concours 2013 d’animaux de boucherie, cliquez sur : |
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