« Pour les mises aux normes, l’Allemagne pas plus avancée que la France »

« Pour les mises aux normes, l’Allemagne pas plus avancée que la France »

La nouvelle dégradation de la conjoncture du marché du porc pourrait ralentir les mises aux normes des élevages faute de moyens financiers et surtout du fait du découragement des producteurs. Interview de Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine.

Porc charcutier
Selon Jean-Michel Serres, « 70 à 75 % des élevages sont effectivement aux normes ». (© Terre-net Média)

Terre-net Média (Tnm) : « Quelle est la proportion de producteurs de porcs actuellement aux normes en France ?
Jean-Michel Serres (Jms) : Nous pensons que 90 % des éleveurs seront aux normes d’ici à la fin du printemps. Beaucoup de dossiers ont été déposés à l’été 2012. Certains chantiers ont pris du retard car les équipementiers sont surchargés de commandes 

Tnm : Aux prix actuels, vous estimez les pertes à 25 centimes par kilo ? 
Jms
: Au moins. L’éleveur qui achète tous ses aliments actuellement entre 315 €/t et 320 €/t a un coût de production du porc d’au moins 1,80 € par kilo alors qu’il n’est payé qu’entre 1,60 et 1,65 €. Le marché est embourbé probablement parce que nous avons perdu des marchés à l’export, vers la Corée probablement. Cette nouvelle dégradation de la conjoncture pourrait décourager les éleveurs à poursuivre la mise aux normes de leurs bâtiments. 

Tnm : Mais à Bruxelles, la France n’est pas le seul pays à recevoir une injonction pour ne pas avoir respecté la nouvelle directive de mise aux normes des bâtiments de truies gestantes ?
Jms : Oui en effet. A ce jour entre 70 % et 75 % des élevages sont effectivement aux normes. Nous avons toujours joué la transparence tandis que les Allemands étaient moins bavards. Il est fort probable que de nombreux petits éleveurs bavarois renoncent à se mettre aux normes. Nous ne verrons qu’en juin prochain, aussi bien en France qu’en Allemagne, quelle sera effectivement la baisse de la production.

Tnm : Le projet d’accord commercial avec le Canada vous effraie t-il ?
Jms : S'il est conclu, ce sera la porte ouverte à des contingents d’animaux importés sans droits de douanes qui n’ont pas été élevés dans les mêmes conditions qu’en France, avec des farines animales et sans les mêmes contraintes de bien-être. Le coût de production est donc plus faible ce qui créera inévitablement de véritables distorsions. Les producteurs de porcs seront vraiment encore plus vulnérables.

Tnm :  Il devient donc urgent que l’indication d’origine du porc vendu dans le commerce soit généralisée.
Jms : Oui, mais dans l’état actuel des discussions, il est fort probable que nous ne parvenions pas à un accord au niveau européen. En France, une partie de la profession se contredit sur la nécessité d’apposer l’origine de la viande consommée. Pourtant, le consommateur y est très sensible. Seule la démarche volontaire permettra de progresser dans cette voie ».

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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