Des éleveurs aux bouchers de quartier, l'ensemble de la filière viande réunit mercredi à Paris ses premiers états généraux, sur fond de craintes de voir le scandale des lasagnes au cheval aggraver la désaffection des consommateurs.
La réunion, préparée depuis l'automne, ne doit rien à l'actualité mais elle tombe à pic alors que l'affaire de la viande de cheval faussement estampillée "bœuf" a mis au jour des pratiques commerciales opaques, d'une complexité insoupçonnée, assorties de forts soupçons de « tromperie commerciale ». « Tout ceci renforce d'autant la nécessité d'avoir une filière la plus transparente possible, avec un respect strict des régles d'information du consommateur », a déclaré à l'Afp Dominique Langlois, président de l'association interprofessionnalle du bétail et de la viande (Interbev). Autant « positiver », a-t-il dit.
A ses yeux, la crise a montré « que le système de traçabilité fonctionne bien, avec une enquête complète et d'une limpidité totale. Mais il faut répondre au consommateur en lui donnant l'information la plus complète possible ». Son regard se tourne naturellement vers les représentants de l'agroalimentaire : « Jusqu'ici la filière viande était en première ligne, on les a peu entendus. Mais ils doivent eux aussi tirer des conclusions. » Dominique Langlois entend « le redire de façon solennelle mercredi ». « A la veille du Salon de l'Agriculture, on ne comprendrait pas de ne pas avoir d'acte positif de leur part avec un renforcement de l'information du consommateur », notamment sur l'origine des produits transformés, a-t-il jugé. Car il s'agit de penser l'avenir d'une filière qui a déjà du mal à faire vivre les éleveurs et à recruter.
Les travaux préparatoires, dont les conclusions seront rendues mercredi, se sont organisés en quatre axes : comment assurer l'avenir des professionels ; l'installation des jeunes éleveurs et le recrutement en boucherie ; l'avenir des industries de la viande ; et comment redonner envie aux consommateurs.
Des centaines de milliers d'emplois
Les temps sont durs dans les élevages avec la hausse des prix de l'alimentation animale - céréales made in France ou importées, tourteaux de soja en provenance massive d'Amérique du Sud - et les contraintes sanitaires et commerciales. Or la filière représente « des centaines de milliers d'emplois », soulignent les professionnels.
Jacques Poulet, directeur du pôle animal de Coop de France, estime à quelque 250.000 élevages l'ensemble du cheptel (en incluants porcs, ovins et volailles), dont 198.000 élevages bovins. Si l'élevage venait à disparaître, a-t-il affirmé à l'Afp, « les producteurs de viande ou de lait ne seraient pas les seuls touchés ». « Nos collègues céréaliers et les productions végétales aussi : sur 65 millions de tonnes de céréales produites, la moitié est exportée, mais 10 à 11 millions de tonnes sont consommées » par le bétail hexagonal, a-t-il relevé. « La nutrition animale, c'est 12.000 emplois directs, 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires », a précisé Jacques Poulet.
Sans compter les 300 entreprises de charcuterie (35.000 emplois et encore 6 milliards d'euros de ventes). Et encore quelque 55.000 emplois rien qu'à l'abattage et à la découpe, selon la Fédération Nationale de l'Industrie et du Commerce en Gros des Viandes.
Reste qu'en face, l'amateur de viande rouge est une espèce en péril : baisse de 10 % des consommateurs sur la décennie, selon Dominique Langlois, qui cite la baisse du pouvoir d'achat, les changements d'habitudes, les modes et « les campagnes anti-viande », alimentées par des essais-choc : "Faut-il manger les animaux ?" de l'écrivain américain Jonathan Safran Foer en 2011 ou, tout récemment, "No Steak" du journaliste Aymeric Caron. « Forcément, a-t-il jugé, il en reste toujours quelque chose...»
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