Le gouvernement a donné son feu vert lundi à la reprise partielle des activités de transformation de l'entreprise Spanghero, au cœur du scandale de la viande de cheval faussement estampillée "bœuf", après les premiers résultats de l'enquête sanitaire conduite depuis vendredi.
« Au regard du travail accompli et des conclusions (partielles) qui m'ont été présentées ce (lundi) matin, j'ai pris la décision de rétablir l'agrément pour les plats cuisinés, la découpe de viande et la charcuterie », a annoncé le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à l'Afp. Spanghero, accusée d'avoir vendu du cheval à la place de bœuf, ne peut en revanche reprendre à ce jour son activité d'entreposage de matières premières congelées car l'enquête est toujours en cours. « A ce stade, 80 % du stockage de toutes les viandes a été vérifié, le travail continue sur les 20 % restants. Le rapport d'enquête complet et définitif sera rendu vendredi », a indiqué le ministre.
Parallèlement, « l'enquête judiciaire se poursuit pour déterminer toutes les responsabilités », a souligné Stéphane Le Foll. L'enquête de la répression des fraudes (Dgccrf), « qui a révélé un faisceau d'indices graves », continue au parquet de Paris, où a été menée une enquête totalement « distincte » du travail de la brigade d'enquête vétérinaire, a insisté le ministère de l'Agriculture. Les investigations vétérinaires confirment par ailleurs « que des estampilles sanitaires ont bien été modifiées », comme l'avaient relevé les services de la Dgccrf et le ministre de la Consommation, Benoît Hamon.
Le Foll nie toute pression sociale
L'annonce du rétablissement partiel de l'agrément sanitaire de Spanghero est intervenue à quelques heures d'une rencontre lundi en fin d'après-midi (à 18h30) à Paris entre l'intersyndicale du personnel de l'entreprise et trois ministres - Stéphane Le Foll, Benoît Hamon et Guillaume Garot (Agroalimentaire).
Au chômage technique depuis vendredi, les quelque 300 employés de Spanghero avaient accusé le gouvernement de « condamner à mort l'entreprise », basée à Castelnaudary (Aude), en lui retirant son agrément. Stéphane Le Foll a nié lundi avoir cédé à quelque pression sociale que ce soit. « Tout a été contrôlé avec la rigueur nécessaire », « tout ce qui a été fait l'a été dans les règles », a affirmé le ministre, saluant « le travail remarquable » de ses équipes vétérinaires. « On s'était donné jusqu'à vendredi, mais les équipes de la brigade vétérinaire ont travaillé tout le week-end et les résultats connus ce matin m'autorisent à rétablir » partiellement l'agrément, a-t-il expliqué. « Pouvez-vous imaginer que j'autoriserais une telle reprise si j'avais le moindre doute ? » a-t-il relevé.
Le délégué Cfdt de l'entreprise, Claude Hill, avait plaidé lundi matin en faveur d'une telle décision. « Nous n'avons jamais empoisonné les gens avec notre conserverie et notre saucisserie. Cette affaire de carambouille au niveau du négoce est complètement distincte », avait-il dit à l'Afp. Pour lui, la production des plats cuisinés est « complètement distincte du négoce de viandes ». Le président de Spanghero, Barthélémy Aguerre, avait lui assuré que « le personnel est très motivé ». « Ils rangent les choses pour pouvoir redémarrer. Ils vont tout faire pour appeler nos clients dans la journée au cas où on serait autorisé à redémarrer », avait-il déclaré à l'Afp. Tout le week-end, une brigade vétérinaire est restée à pied d'œuvre pour expertiser les chambres froides de Spanghero.
Le scandale de la viande de cheval, qui éclabousse de nombreux pays depuis qu'il a éclaté à la mi-janvier en Angleterre, s'est étendu ce week-end à l'Autriche (dans des préparations Lidl fabriquées au Liechstenstein) et peut-être aussi en Bulgarie.
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