
Selon la Fédération nationale bovine, la convergence des aides ne pourra être envisageable sans un nouveau principe de subsidiarité. Il autoriserait alors certains membres de l’Union européenne à décliner la mise en œuvre de la Pac pour préserver des filières élevage sur l’ensemble du territoire.
![]() La hausse des prix à la production est indispensable pour la Fnb. (© Terre-net Média) |
« Nous vivons un virage historique ». La formule est de Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine pour désigner la situation de l’élevage bovin en France et même dans l’Union européenne. Les revenus des éleveurs sont si faibles (inférieurs à 15.00 €/actif) qu’ils sont inférieurs aux aides Pac reçues.
Tel est l’état d’esprit avec lequel la section spécialisée de la filière bovine prépare son assemblée générale qui se tiendra les 6 et 7 février à Guéret dans la Creuse alors que se déroulera à Bruxelles la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement pour s’entendre sur le budget de la Pac.
Aussi, François Hollande et son ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, n’ont pas d’autre alternative que de revenir de Bruxelles avec non seulement un budget maintenu à son niveau actuel mais aussi la garantie de maintenir le recouplage d’une partie des aides et la possibilité de sur-doter les hectares fourragers pour en faire profiter la filière bovine. Autrement dit, la convergence des aides ne pourra être envisageable sans un nouveau principe de subsidiarité qui autorisera certains membres de l’Union à décliner la mise en œuvre de la Pac pour préserver des filières élevage sur l’ensemble du territoire.
Existence de débouchés
La Ferme France est à un tournant de son histoire.
Si la filière est dotée de moyens pour préserver sa capacité de production (elle détient 25 % du cheptel bovin européen) à savoir :
- une aide couplée de 200 €/VA et maintien du dispositif couplé à la production de veaux sous la mère ;
- une surdotation des hectares fourragers ;
- un maitien des Dpu veaux de boucherie ;
- un maintien des zones Ichn et autonomie fourragère ;
alors, ses éleveurs motivés pourront conquérir des marchés à l’export, vers les pays tiers puisque les débouchés existent (la consommation mondiale de viande devrait croître de 30 % d’ici quelques années).
Il faut noter que ce cas de figure offrirait aussi des opportunités à l’industrie de la transformation pour préserver l’emploi sur l’ensemble des territoires (7 emplois indirects pour un actif agricole). Et le développement de l’engraissement serait un plus pour maintenir la valeur ajoutée créée en France.
Mais si la priorité de l’Union européenne reste la convergence uniforme sur l’ensemble de l’UE alors les éleveurs des zones intermédiaires n’auraient aucun intérêt à poursuivre leur activité compte tenu du niveau de revenu envisagé et de la pénibilité du travail. La complexité des réglementations (mise aux normes, directive Nitrates, gestion des prairies) sera alors devenue insupportable. Et le montant des aides les incitera à convertir leurs prairies en terres labourables pour cultiver des prairies. Patrick Benezet, de la Fnb du Cantal, est persuadé que les éleveurs de bovins feraient même partie des perdants de la convergence compte tenu du niveau actuel des aides découplées.
L'avenir c'est l'exportation
Mais les aides ne font pas le revenu. Et c’est donc du coté des prix à la production que la solution doit être trouvée. « Leur hausse est indispensable », défend la Fnb bien qu’ils n’aient jamais été aussi élevés, ils ont crû deux à trois fois moins vite que les charges (postes énergie et alimentation du bétail en particulier). Si bien que les aides Pac versées financent une partie de l’approvisionnement aux dépens du revenu.
Aussi, l’avenir, c'est l’exportation pour profiter des prix extra-européens dorénavant plus rémunérateurs. Et la Fnb reconnaît sur ce point que les entreprises de la transformation sont un peu plus motivées pour soutenir l’activité du Gef, le Groupement export France créé en 2011 à son initiative. La Turquie, l’Asie, le Maghreb et ou encore les anciennes Républiques soviétiques doivent faire partie des débouchés.
Depuis hier, le Japon a justement rejoint ce groupe de pays en levant l'embargo sur les importations de viande bovine.
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