
Article paru dans Terre-net Magazine n°12 - Janvier 2012. Semer les maïs de bonne heure n’est pas toujours une mince affaire. Surtout lorsque les rayons du soleil des mois de mars et d’avril peinent à réchauffer les terres. En sols froids et humides, labour et travail superficiel aident le sol à se ressuyer, tandis que la fumure starter apporte les éléments nutritifs indispensables au démarrage rapide des plantules. Dans l’Ouest, le semis précoce de maïs sous plastique revient au goût du jour. C’est le choix qu’a fait Cédric Riochet, convaincu de l’intérêt économique de la plasticulture et particulièrement du concept de semis sous « mini-serre », développé par la société Samco.
![]() Sous la mini-serre, les conditions de germination sont idéales. (© Samco) |
Polyculteur-éleveur en Gaec à Conquereuil (Loire-Atlantique). 110 ha de maïs grain et fourrage en plasticulture. 140 vaches laitières. « Nos terres sont très hétérogènes et relativement froides au début du printemps. Pour assurer la levée précoce des maïs et gagner en rendement, nous avons trouvé une solution : la plasticulture. Depuis une trentaine d’années, nous semons nos maïs le plus tôt possible sous un film en plastique. Pour nos maïs grain, nous avons essayé l’an dernier le système de la société irlandaise Samco. Les graines lèvent sous une mini-serre, qui fait gagner sept à huit degrés. Le film plastique est pré-troué sur la ligne de semis, ce qui permet aux jeunes plants de maïs de transpercer la bâche au stade six-huit feuilles. En semant au 20 mars, nous avons récolté 135 q/ha avec ce système et 120 q/ha en plasticulture conventionnelle, tandis que la moyenne dans la région avoisine plutôt les 90 q/ha. » |
« Semer le maïs tôt améliore le rendement en grains et la qualité des fourrages », explique Daniel Potin, technico-commercial chez Floch Appro dans le Finistère. « Avec le changement climatique et les progrès de la génétique, nous constatons que les dates de semis avancent en moyenne de deux à trois jours par an. Pour réussir un semis précoce, l’essentiel est d’attendre que le sol soit suffisamment ressuyé. Ce paramètre me semble plus important que la température du lit de semence.»
![]() Pour perforer la bâche au niveau des lignes pré-trouées, il faut des variétés aux caractéristiques agronomiques particulières. (© Samco) |
Habituellement, le film plastique se situe au ras du sol : la graine est déposée en perçant un trou à travers le film. Le film plastique de Samco forme une mini-serre à une dizaine de centimètres au-dessus du sol. Dessous, les conditions de germination sont idéales et les plants se développent très rapidement. « A l’origine, le maïs est une plante tropicale qui a besoin d’humidité et de chaleur », rappelle le technicien. La plastisemeuse de Samco a été mise au point par un agriculteur irlandais il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, près de 80 % des surfaces en maïs du pays sont semées avec cette technique.
« Incroyable comme ça pousse vite »
Cédric Riochet, agriculteur installé en Gaec au sud de Rennes, a découvert le concept Samco au Sima. « C’est incroyable comme ça pousse vite sous la bâche, aussi bien le maïs que les mauvaises herbes ! Mais, les adventices, elles, meurent lorsqu’elles touchent le film. » Le long des deux lignes de semis, le film plastique est percé de petits trous. Les plants de maïs viennent perforer la bâche au stade 6-8 feuilles. « Mon objectif est d’assurer une levée homogène dès que le climat et le sol le permettent. En plasticulture, je sème fin mars si le sol est suffisamment ressuyé. Semer précocement m’autorise à choisir des variétés de maïs grain avec des indices 400, à récolte plus tardives, donc plus productives. »
En maïs fourrage, les essais menés par Daniel Potin dans le Finistère ont montré qu’il est possible d’utiliser des variétés avec des indices de précocité supérieurs à 400, alors qu’en sol nu, ces derniers oscillent habituellement entre 240 et 270. « Attention cependant, toutes les variétés n’arrivent pas à passer à travers le film plastique aussi facilement. Il faut que leur tenue de tige soit suffisante, qu’elles n’aient pas trop tendance à s’enrouler sur elles-mêmes et qu’elles se déroulent rapidement une fois la bâche transpercée », avertit Daniel Potin.
Pas d’engrais starter
Avec le système Samco, les plants développent un chevelu racinaire particulièrement dense. D’après Daniel Potin, « c’est en grande partie pour cette raison que les rendements obtenus sont supérieurs. Le maïs explore le sol plus en profondeur et profite bien des éléments nutritifs. Peut-être une solution à étudier pour réduire les fuites de nitrates dans les bassins versants sensibles... »
Lors du semis, Cédric Riochet n’utilise pas d’engrais starter, riche en phosphore et en azote solubles, pour accélérer la levée, assurer le sevrage de la graine et le développement racinaire. « En semis de maïs sous plastique, ajouter un engrais starter en localisé est rarement nécessaire. J’épands tout de même du lisier avant de labourer, puis de la fiente de volailles juste avant le semis. La minéralisation de l’azote contenu dans les fientes est très rapide. »
Attention aux vivaces
![]() La plastisemeuse pulvérise un herbicide de prélevée. (© Samco) |
Daniel Potin, précise : « Pour améliorer l’efficacité des herbicides en pré-semis et prélevée, le travail du sol ne doit pas être trop motteux. Il est possible de faire un rattrapage après le semis car la solution traverse le film plastique. Néanmoins, je déconseille le système Samco dans les parcelles infestées de vivaces, comme le liseron ou le laiteron. » Au total, avec ce mode de plasticulture, le coût du programme de désherbage varie entre 65 et 80 € par hectare.
Un surcoût de l'ordre de 300 €/ha pour un gain potentiel de 40 à 50 q/ha
Dans les terres en rotation avec une prairie, les taupins peuvent causer du tort aux jeunes plants de maïs, surtout si ces derniers peinent à se développer durant les premières semaines. « Les insecticides sont inutiles hormis face au taupin, en pleine recrudescence puisqu’il y a peu de matières actives efficaces », indique Daniel Potin.
Le film plastique est oxo-dégradable : une fois la culture installée, il se dégrade sous l’action de la lumière et de l’oxygène. « Il n’y a plus aucune trace du plastique à l’issue de la récolte », affirme le technicien. Autre avantage selon Cédric Riochet : les bords des bâches, enfouis profondément, ne s’envolent pas facilement. « Malgré un surcoût de l’ordre de 300 €/ha, semer du maïs sous plastique me fait gagner plus de 40 q/ha par rapport à un semis en sol nu. Financièrement, je m’y retrouve largement », confie l’agriculteur.
![]() En Irlande, près de 80 % des surfaces en maïs sont réalisées ainsi. (© Samco) |
Pour en savoir plus : |
![]() Cliquez sur l'image pour accéder au Dossier Spécial Maïs fourrage (© Terre-net Média) |
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