« Nous vivons un virage historique dans l’élevage ruminant »

« Nous vivons un virage historique dans l’élevage ruminant »

Les prévisions de revenu des éleveurs de ruminants doivent inciter le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, à affronter les prochaines négociations de la Pac en se donnant comme objectif de sauver les filières animales. Elles sont aujourd’hui en péril. Interview de Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine.

Pierre Chevalier, président de la Fnb au Sommet de l'élevage.
Pierre Chevalier, président de la Fnb au Sommet de l'élevage. (© Terre-net Média)

Terre-net Média (TnM) : Un revenu de 15.000 € par éleveur pour 2012 vous surprend ?

Pierre Chevalier (PC) : Oui. Les revenus de 2012 sont non seulement en recul mais aussi les plus faibles de la profession. Et pourtant, les prix des bovins sont supérieurs d’un euro à l’an passé et ceux des ovins n’ont jamais été aussi élevés. Conséquence, les revenus sont inférieurs aux aides touchées par les éleveurs !
Nous vivons un virage historique. Nous arrivons à un point de rupture économique et sociologique qui se traduira très vite par une nouvelle érosion de la production de ruminants.

 

TnM : Qu’attendez-vous des prochaines négociations de la Pac ?

PC : A Bruxelles, Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, devra obtenir un recouplage spécifique des aides pour les bovins et les ovins. Il faudra aussi des soutiens différenciés pour les surfaces fourragères. En fait je suis très inquiet sur la tournure que prendra le prochain Conseil européen des chefs d’Etats et de gouvernements. Les revenus des céréaliers français sont ce qu’ils sont mais quand on gagne 150.000 ou 200.000 euros, il sera difficile de défendre le maintien d’aides directes en se référant à des Dpu de 350 €/ha. Or les éleveurs de ruminants ont besoin de ces aides pour vivre ! Si rien n’est fait, la Pac va exploser. 

 

TnM : Produire autrement signifie d’abord plus d’équité entre les agriculteurs ? 

PC : La vision écologiste de Stéphane Le Foll m’inquiète. L’urgence est le budget européen et la Pac pour 2014. Le monde de l’élevage est arrivé, je le répète, à un point de rupture. Avec les jeunes en particulier, qui sont dans l’incapacité de s’installer pour ensuite travailler des dizaines d’heures et passer des week-end d’astreinte sans dégager de revenu. 
Au prix actuel du blé, un hectare rapporte sur le plateau du Cantal 1.000 euros ! Alors les éleveurs retournent leurs prairies ! Ce phénomène est en fait perceptible dans de nombreuses régions intermédiaires ! Et bientôt, il n’y aura plus d’animaux dans les abattoirs !

 

TnM :  La situation de l’élevage ne traduit-elle pas surtout l’échec du bilan de santé de la Pac ?

PC : Le bilan de santé de la Pac de 2010 n’a été profitable aux éleveurs que la première année car le rééquilibrage a été trop timide. Il avait été réalisé alors que les prix agricoles étaient au plus bas, en 2009 et début 2010, sans anticiper la flambée des prix les mois suivants. Autrement dit, il n’a pas résisté à la hausse des coûts de production car les aides supplémentaires versées aux éleveurs ont été absorbées par la hausse des charges.

 

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