Produire ou non sa rallonge de quota ?

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Produire ou non sa rallonge de quota ?

Produire la rallonge de quota sans éroder ses marges est un défi pour le producteur de lait. Avant de foncer, quelques questions méritent d’être posées…

Vaches laitières Prim'holstein
Afin de décider de produire ou non cette référence supplémentaire, il est essentiel de calculer le coût direct lié à
cette production additionnelle.(© Terre-net Média)
Les éleveurs ont-ils vraiment intérêt à produire la rallonge de quota qu’on leur propose ? Pas question d’investir en conséquence dans des bâtiments ou du matériel vu que ce niveau de production restera exceptionnel… C’est un pré-requis obligatoire pour qui veut s’engager. Question centrale : y aura-t-il des places disponibles dans le bâtiment ? S’il n’y en a pas, inutile d’aller plus loin.

Coût marginal

Afin de décider de produire ou non cette référence supplémentaire, il est essentiel de calculer le coût direct lié à cette production additionnelle. Il s’agit en fait du coût marginal. Il faut, en effet, garder un œil sur les charges proportionnelles qui risquent de gonfler contrairement aux charges fixes qui, elles, ne vont pas ou peu varier en valeur absolue, à structure constante.

Des animaux et des intrants vont être nécessaires pour atteindre l’objectif fixé. Le producteur devra s’adapter à la nouvelle situation : les fourrages de la ferme suffiront-ils ou faudra-t-il en acheter ? Combien de vaches laitières faudra-t-il pour produire la nouvelle référence ? Calculer le coût marginal revient à mesurer toutes ces charges spécifiques. Pour déterminer l’impact économique de l’opération, il pourra être additionné ensuite au coût de production initial de l’exploitation.

Tableau 1 : impact sur la marge

Produits en plus   Produits en moins  
Vente de lait supplémentaire
(13.200 x 0,31 €)
4.092 € Vente de maïs grain 1 ha x 1.200 € 1.200 €
Charges en moins   Charges en plus  
Charges sur 1 ha de maïs grain
avant récolte (1 x 350 €/ha)
350 Charges sur le maïs ensilage
(550 € x 1 ha)
550 €
    Charges diverses
50 €/1.000 l x 13,2
660 €
    Coût aliment concentré
supplémentaire
(correcteur + production)
920 €
TOTAL 4.442 €   3.330 €
Impact sur la marge brute 1.112 €    

 

Marge brute et coût de production

Prenons l’exemple de M. Dupré qui produit en moyenne 330.000 l avec 46 vaches. Il a la possibilité de produire 13.200 l de plus (4 %). Le lait sera produit sur les six derniers mois de la campagne en augmentant la production par vache. Pour ce faire, l’éleveur utilisera du concentré et du maïs ensilage (au lieu d’être récolté en maïs grain). M. Dupré devra garder 3,6 vaches laitières. Il dispose de bâtiments assez grands pour abriter ce cheptel supplémentaire pendant six mois. Dans cet exemple, il améliore sensiblement sa marge brute en produisant le lait supplémentaire autorisé par son collecteur (cf. tableau 1). Attention, cette marge pourra varier en fonction du prix du lait, des coûts des aliments composés et des céréales. De même, l’achat de fourrage peut coûter cher et remettre en cause la rentabilité de l’opération.

Le calcul de la marge brute permet de se faire une première idée sur le bilan financier de l’opération. Mais cet indicateur fait abstraction des charges de structure en n’intégrant que les charges proportionnelles et le prix de vente. Le coût de production complète l’analyse car le lait supplémentaire produit aura aussi pour effet de diluer les charges de structure.

Effet dilution

En partant du dernier coût de production disponible (clôture comptable au 31 mars 2012), il est possible de l’actualiser en tenant compte de l’évolution des prix des intrants au cours de la période. Dans le cas de M. Dupré, dont le coût de production au 31 mars 2012 était de 298 €/1.000 l, les simulations (cf. tableau 2) montrent que l’inflation sur le marché de l’alimentation animale se traduira par une progression de 4,90 €/1.000 l sur les charges opérationnelles, et donc sur le coût de production.

Cependant, si le lait supplémentaire fait légèrement baisser les charges proportionnelles, ce qu’il faut surtout retenir, c’est la dilution sur un volume plus important des charges de structure. Si la production en plus ne nécessite pas d’investissement structurel, l’opération peut donc s’avérer payante, avec les 5,60 €/1.000 l économisés sur les charges.

Tableau 2 : simulations sur le coût de production

Clôture

31-03-2012

31-03-2013

31-03-2013

Lait produit

330.000 l 

330.000 l

343.200 l

Charges proportionnelles

147 €/1.000 l

151,90 €/1.000 l

151,60 €/1.000 l

Charges de structure

151 €/1.000 l

151 €/1.000 l

145,70 €/1.000 l

Coût de production

298 €/1.000 l

302,90 €/1.000 l

297,30 €/1.000 l

 

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