Inférieurs au Smic pour les producteurs de bovins et d’ovins

Inférieurs au Smic pour les producteurs de bovins et d’ovins

Les éleveurs sont victimes de prix insuffisamment rémunérateurs au regard des charges supportées et d’un régime de soutien inapproprié. Si aucune correction importante n’est opérée dans les plus brefs délais, la France pourrait subir le même sort que certains nouveaux pays membres de l’Union européenne, qui deviennent des producteurs de céréales.

Un éleveur laitier gagne moins en 2012 qu'en 2011.
Les éleveurs subissent une diminution de leurs revenus. (© Terre-net Média)
La volatilité des prix et la hausse des charges n’expliquent pas tout ! A quelques mois d’une nouvelle réforme de la Pac et à quelques semaines des prochaines élections des Chambres d’agriculture, les faibles revenus des producteurs de bovins et d’ovins font partie du bilan des politiques nationales et européennes conduites depuis des années aussi bien par les gouvernements de droite ou de gauche que par l’Union européenne.

Avec des revenus par actif non salarié (1) compris entre 15.000 € et 26.000 €, les filières animales décrochent. C'est ce qu'indiquent les prévisions publiées ce mercredi 12 décembre par Agreste (service statistique du ministère de l'agriculture).

Les éleveurs ne bénéficient d’aucune retombée favorable du niveau très élevé des céréales. Pire, avec un niveau de vie inférieur au Smic, ils sont victimes d’une double peine : la hausse des intrants et une valeur ajoutée qui leur échappe tout au long de la chaine de transformation et de distribution avec des productions en baisse de 4 % à 6 % en volume par rapport à 2011. La contractualisation peine et les quotas laitiers ne mettent pas les éleveurs à l’abri des variations des prix du lait.

Moins de 7.000 euros de revenu

Le revenu des éleveurs repose une nouvelle fois sur les aides versées ! Et une fois les charges sociales acquittées, il ne reste aucune marge d’investissement. De nombreux éleveurs de bovins et d’ovins viande font partie des 9 millions de pauvres que compte la France puisque un quart d’entre-eux ont moins de 7.000 euros de revenu. Certains sont même au Rsa !

Même les polyculteurs-éleveurs ne tirent plus profit de la diversité de leurs activités en parvenant à dégager des revenus intermédiaires. En 2012, ils sont trois fois inférieurs aux revenus des céréaliers.

Quant aux éleveurs laitiers, "la lune de miel" a pris fin avec le repli du prix du lait et la hausse des prix des compléments alimentaires qui conduisent les éleveurs à livrer moins de lait qu’en 2011.

Les principaux bénéficiaires du bilan de santé de la Pac (filières ovine et bovine), entré en vigueur en 2010, sont aujourd’hui les plus touchés par la baisse de leur revenu. Les mesures établies alors que les prix agricoles étaient, toutes filières confondues au plus bas, n’ont pas du tout résisté à la flambée des prix des céréales.

Graphique sur le résultat courant avant impôts moyen par actif non salarié en valeur 2012
Résultat courant, avant impôts, par actif non salarié en valeur 2012. (© Ssp-Rica)

Si aucune correction importante n’est opérée dans les plus brefs délais, la France pourrait subir le même sort que certains nouveaux pays membres de l’Union européenne (la Bulgarie par exemple). Dotés de soutiens uniques à l’hectare, leurs agriculteurs ont, en effet, vite calculé en délaissant massivement l’élevage au profit des cultures de céréales, plus rémunératrices et moins pénibles.

Aussi, puisque les prix agricoles ne prennent pas en compte la moindre compétitivité des filières d’élevage, il est urgent d’envisager des soutiens publics qui compensent les handicaps de ces filières en primant les hectares fourragers, tous les animaux et en prenant en compte davantage la question de l’emploi.

Aviculteurs et éleveurs de porcs s'en sortent mieux cette année

Parmi les éleveurs, les gagnants de l’année sont les productions hors sol. Les éleveurs de porcs en activité profitent de la baisse des livraisons en vendant leurs animaux à des prix jamais atteints depuis des années, même si une partie des marges est absorbée par le prix de l’aliment élevé. Ceci dit, il a moins progressé depuis l’été dernier (+ 6 % selon l’Insee) que les céréales produites sur les terres de l’exploitation et souvent vendues pour en tirer le meilleur prix. Ce qui pourrait expliquer la progression de 100 %par rapport à la moyenne de 2008/2010.

Quant aux aviculteurs, les hausses de revenus sont essentiellement portées par les producteurs d’œufs qui profitent d’une hausse du prix de l’œuf depuis 18 mois consécutivement à la baisse des volumes mis sur le marché. De nombreux éleveurs ont en effet cessé quelques mois leur activité le temps de mettre aux normes leurs cages.

Cliquez sur le lien pour avoir plus de précisions sur le revenu des céréaliers et plus globalement sur le revenu des agriculteurs.
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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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