
L’Irlande voit dans la fin des quotas en 2015 un potentiel de croissance de la production laitière. Mais envisager, comme l’affirment les représentants professionnels irlandais, de l’augmenter de 50 % à court terme voire à long terme paraît irréaliste. Un taux d’accroissement de 25 % paraît plus plausible.
![]() Le coût de production du lait place les éleveurs irlandais au dessus de leurs voisins continentaux (10 points de plus que la France sur 2008-2010). (© Terre-net Média) |
Selon Catherine Lascurettes d’Irish farmers’association, invitée par le Cniel à la matinée économique du 21 novembre dernier, les Irlandais préparent déjà l’après quota en prévoyant de conserver deux fois plus de génisses d’ici 2016 qu’actuellement. Les producteurs de lait misent sur leur production fourragère à base d’herbe, disponible en grande quantité et bon marché, pour être compétitifs. Ils savent que leurs exploitations sont les plus viables avec des revenus supérieurs aux autres systèmes de production, même en période de baisse du prix du lait.
85 % de la production de lait exportée
Il est vrai que leurs charges variables (alimentation, intrants) sont équivalentes aussi bien à celles de leurs voisins européens les plus performants (Pays Bas et Belgique) mais aussi à celles constatées par l’Institut de statistiques Western Australia en Nouvelle Zélande, en Argentine et en Australie. Ce qui est essentiel pour concurrencer, sur les marchés mondiaux, les grands exportateurs de produits laitiers. Car c'est près de 85 % de leur production laitière qui est vendue à l’étranger.
![]() Année 2011 exceptionnelle pour les éleveurs laitiers. Toutes productions confondues, les revenus des agriculteurs irlandais sont très liés aux aides Pac. (©Irish farmers’association ) |
Toutefois, les producteurs de lait irlandais doivent faire face aux charges de structure les plus importantes avec les Danois. En cause essentiellement, le prix du foncier. L’hectare de terre vaut 21.500 € et aucun statut du fermage ne régit la location de terres.
Par ailleurs, ils sont comme les producteurs du continent, très liés aux aides directes. Or la convergence des soutiens publics envisagés par la prochaine réforme de la Pac ne pourra, dans ces conditions, que les pénaliser.
Pour toutes ces raisons, le coût de production du lait place les éleveurs irlandais au dessus de leurs voisins continentaux (10 points de plus que la France sur 2008-2010). Et la forte saisonnalité de la production les conduit à ne pas profiter de prix élevés (pic de production au printemps).
A la conquête du marché asiatique
Cette année, ils auraient pris conscience de la vulnérabilité de leurs modes de production. Le fonctionnement de l’agriculture irlandaise est callée sur la Pac et les quotas depuis près de 40 ans avec un marché foncier fermé qui entrave les capacités d’agrandissement des exploitations. Ils appréhendent encore mal les conséquences de la libéralisation de la production laitière. Et ils découvrent qu’ils ne sont pas affranchis autant qu’ils le croient de la volatilité des matières premières agricoles. L’alimentation de leur troupeau à base d’herbe est la plus économique sauf quand la production de ce fourrage est déficitaire, ce qui conduit à payer aux prix forts les aliments achetés.
Au final, envisager une augmentation de la production de lait de 20 % - 25 % paraît plus réaliste d’ici 2020. Et c’est dans cette perspective que l’Irlande se lance dans la conquête de l’Asie où la consommation de produits laitiers croît en même temps que le pouvoir d’achat.
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