Xavier Beulin doute de la « capacité» du tribunal de Quimper, « petite bourgade »

Ces propos ont été vivement critiqués par le maire de la ville, Bernard Poignant (PS) et par Doux, mais ont été plus favorablement accueillis par la Cgt, qui a relevé des « imbrications » locales entre le groupe et ce tribunal. « Quand on parle de milliers d'emplois, quand on parle de milliards d'euros de chiffre d'affaires, je ne suis pas sûr qu'un tribunal de commerce d'une petite bourgade ait la capacité d'appréhender les sujets correctement », a déclaré M. Beulin mercredi au micro d'Europe 1.

« Traiter ces sujets-là à un autre niveau »

« Je m'interroge de plus en plus sur le rôle des tribunaux de commerce » a ajouté le dirigeant du principal syndicat agricole, ajoutant que la décision le 1er août du tribunal de commerce de Quimper de placer en liquidation judiciaire le pôle frais de Doux était « mauvaise ». « Je pense qu'il faut à un moment donné traiter ces sujets-là à un autre niveau », a ajouté M. Beulin, qui préside également Sofiprotéol, l'établissement financier de la filière huiles et protéines végétales qui avait coordonné une offre de reprise globale du volailler mis en redressement judiciaire le 1er juin.

Xavier Beulin a provoqué un début de polémique en déclarant au micro d'Europe 1 : « Quand on parle de milliers d'emplois, quand on parle de milliards d'euros de chiffre d'affaires, je ne suis pas sûr qu'un tribunal de commerce d'une petite bourgade ait la capacité d'appréhender les sujets correctement. » (© Terre-net Média)

Le maire socialiste de Quimper, Bernard Poignant, a dénoncé un propos « plutôt arrogant » du président de la Fnsea. « Je lui ai écrit pour l'inviter à venir dire bonjour au maire d'une "petite bourgade" », a déclaré à l'Afp l'élu, qui a entendu en direct l'interview de M. Beulin. « Je pense qu'il y a beaucoup de paysans qui vivent dans des "petites bourgades" et je me demande comment ils vont le prendre », a-t-il ajouté, rappelant qu'il y a « des talents au-delà du boulevard périphérique (parisien) ».

« Eux, respectent les communes quelle que soit leur taille »

Le groupe Doux a pour sa part déploré des propos « irrespectueux », estimant que Sofiproteol « se permet d'insulter le Tribunal et de mépriser la ville de Quimper ». « Le groupe Doux s'élève contre les propos de M. Beulin et son comportement d'autant plus étonnant qu'ils émanent du représentant de la Fnsea dont les adhérents sont des acteurs importants du monde rural qui, eux, respectent les communes quelle que soit leur taille et les institutions paritaires et consulaires », souligne le groupe dans un communiqué.

Reprise de Doux : où en est-on ? Le tribunal de commerce de Quimper a rejeté le 1er août une offre de reprise globale de Doux coordonnée par Sofiproteol et dissocié le pôle frais (1.700 emplois) du reste de la société. Concernant le pôle frais, cinq offres de reprise ont été déposées le 10 août, par les groupes Duc, Glon Sanders (filiale de Sofiproteol), Axereal, Ldc et Tallec auprès du tribunal, menaçant plus d'un millier d'emplois. Des offres améliorées peuvent être présentées jusqu'au 31 août et le tribunal doit statuer le 5 septembre. Pour le reste de la société Doux, la période d'observation a été prolongée jusqu'au 30 novembre, comme le souhaitaient ses dirigeants.

Toutefois, Raymond Gouiffès, délégué central Cgt du groupe, a dit rejoindre en partie les propos de M. Beulin. « Je ne critique pas la petitesse de la ville ou du tribunal, mais la proximité du tribunal de Quimper avec Charles Doux (président du groupe, Ndlr) et sa famille », a-t-il déclaré à l'Afp. « Il y a beaucoup d'imbrications », a-t-il souligné, relevant notamment qu'un haut dirigeant du groupe de Châteaulin (Finistère) était « lui-même juge au tribunal de commerce de Quimper ». Un porte-parole du groupe Doux a ensuite affirmé à l'Afp que la personne mise en cause n'était plus juge au tribunal de commerce.

 

Complément (30/08/2012 16:49:19) : Xavier Beulin s'excuse auprès des Quimpérois après ses propos sur la « petite bourgade »