Faute d’accord interfilière, le consommateur payera la volatilité des prix agricoles

Faute d’accord interfilière, le consommateur payera la volatilité des prix agricoles

Xavier Beulin s’inscrit dans la durée pour trouver des solutions à la volatilité des prix. Pas de nouveau rééquilibrage immédiat et transitoire des aides en vue en faveur de l'élevage. La grande distribution ne souhaite pas être le recours ultime pour répercuter auprès des consommateurs la hausse des prix des céréales et des oléoprotéagineux, faute de contractualisation interfilière.

Xavier Beulin lors de la conférence de presse de rentrée de la Fnsea
En matière de répartition des marges, Xavier Beulin, au centre, demande à la grande distribution de faire preuve
de discernement entre les produits transformés et ceux qui ne le sont pas. (© Terre-net Média)

 

Les mesures proposées par la Fnsea lors de sa conférence de rentrée pour venir en aide aux éleveurs ne passent pas par un rééquilibrage des soutiens publics pour compenser l’écart de revenu attendu avec les céréaliers pour 2012, consécutivement à la hausse des prix des grains. A moins de six mois des élections des représentants des Chambres d’Agriculture, il n’est pas question de fâcher et d’opposer les agriculteurs entre eux. Et pourtant, selon un ancien responsable du syndicat, une mesure d’urgence s’impose. C’est une question d’équité.

Pour Xavier Beulin, président de la Fnsea, la priorité est à ce jour la situation des éleveurs de porcs et de volailles. Lors de la conférence de presse de la rentée du syndicat majoritaire de ce 29 août, il a déclaré qu’il est temps de réunir avant le 11 septembre prochain, les signataires de l’accord du 3 mai.

Les accords interfilières font défaut

L‘idée défendue est de répercuter tout au long de la filière les hausses des prix des aliments supportées par les producteurs de granivores. Mais sans contester la situation, les professionnels de la grande distribution déclarent, rapporte Xavier Beulin, qu’il aurait été d’abord judicieux que les filières végétales et animales développent la contractualisation interfilière pour rendre les éleveurs moins vulnérables face à l’oscillation des prix. Mais aussi, pour que la grande distribution ne soit pas le recours ultime pour répercuter auprès des consommateurs la hausse des prix des céréales et des oléoprotéagineux, faute de contractualisation.

Il est vrai que la contractualisation interfilière est peu développée, a reconnu le président de la Fnsea même si quelques contrats ont été conclus. Mais elle ne peut se développer que si la grande distribution est associée car la gestion de a volatilité des prix au sein d’une filière ne peut pas uniquement reposer sur la production agricole.

Mais si l’heure n’est pas au redéploiement des aides, Orama, qui regroupe les filières blé, de maïs et des oloéprotéagineux « ferait une proposition dans les prochains jours pour tenir compte des difficultés des éleveurs ».

 

Pas de rentrée sans parler de Pac

Mardi 28 août, lors de son entretien, le président de la Fnsea a rappelé à François Hollande son engagement pris à Montpelier en mars dernier, alors qu’il était candidat à la présidentielle, de défendre à son niveau actuel le budget de la Pac pour 2014/2020. Et il est ravi d’apprendre qu’il sera tenu.
Il a aussi réitéré sa revendication d’inscrire la convergence des aides européennes dans la durée (au moins jusqu’en 2019) mais aussi d’éviter tout excès de zèle en matière de régionalisation des soutiens publics agricoles afin de ne pas créer de nouvelles distorsions.
La réforme de la Pac doit aussi être l’occasion de mettre en place des outils de sécurisation des revenus et de régulation des marchés. Il est plus que nécessaire de rendre la Pac plus souple pour qu'elle s'inscrive dans la durée..
Le cadre de la réforme sera défini début 2013 lors de la présidence iralndaire de l'Union européenne.
« En matière d’environnement, l’agriculture a déjà donné ». La Fnsea restera vigilante sur les propos qui seront tenus lors de la prochaine conférence environnementale de septembre prochain. « L’agriculture ne doit plus être prise pour cible. Il est même temps que les agriculteurs soient mieux représentés dans les divers comités locaux de protection de l’environnement, de la biodiversité et du cadre de vie ».

 

En fait, Xavier Beulin s’inscrit dans le temps pour trouver des solutions à la volatilité des prix.

Au président de la République, François Hollande, rencontré mardi 28 août, le leader de la Fnsea a émis le souhait que la fiscalité agricole s’inscrive dorénavant dans la volatilité des prix.

Au niveau international, la Fnsea compte sur François Hollande, qui préside le groupe Amis des principaux pays importateurs et exportateurs de céréales mis en place dans le cadre de l’accord du G20 agricole de juin 2011, pour prendre des décisions visant à juguler le fonctionnement des marchés agricoles. La situation tendue justifie même la réunion du forum de réaction rapide pour mieux se concerter entre les pays membres afin d’éviter tout embrasement des marchés. La décision unilatérale prise le 8 août 2010 par la Russie d’arrêter ses exportations de céréales a laissé de mauvais souvenirs.

Vigilance accrue sur les dossiers sociaux

La conjoncture des marchés justifie aussi la relance d’un plan de stockage, au niveau mondial, des céréales pour se parer des accidents climatiques tels que la planète les vit cette année dans différentes régions du globe.

Au niveau national, la Fnsea sera très vigilante sur les conclusions du prochain rapport sur le coût du travail de Louis Gallois, ancien président de la Sncf et d'Eads. Le syndicat majoritaire n’a aucune certitude sur le maintien des dispositifs d’allègement des charges patronales adoptés par le précédent gouvernement de François Fillon, premier ministre et par Bruno Le Maire, son ministre de l’Agriculture pour diminuer les charges sociales patronales. Et il ne sait pas par quoi la Tva sociale, destinée à alléger le financement du système social assis essentiellement sur le travail, sera remplacée.

 

La Coordination rurale souhaite que les éleveurs
achètent directement leurs grains aux producteurs

« Permettre aux éleveurs et céréaliers de travailler en circuits courts éviterait ce surcoût supplémentaire qui alourdit inutilement les charges des éleveurs ».
Dans un communiqué paru ce 29 août, la Coordination rurale réitère un certain nombre de revendications destinées à alléger les coûts de producteurs des éleveurs. Elle déplore qu’une « réglementation archaïque empêche les éleveurs d’acheter directement aux producteurs leurs grains pour alimenter leurs animaux ». « Ils doivent les acheter à des intermédiaires, dits organismes collecteurs, qui prennent une marge lors de la transaction commerciale».
La CR demande aussi « que soit mis fin à l’aberration des biocarburants élaborés à partir des céréales qui sont payées à vil prix aux producteurs alors qu’ils permettraient d’atténuer la hausse du prix de l’aliment tout en économisant l’exonération fiscale. L’Etat doit donc réquisitionner ces stocks ».
« Les matières premières agricoles doivent par ailleurs également être exonérées des Cvo (Cotisations volontaires obligatoires) pour réduire le coût de l’alimentation animale ».

 

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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