
La hausse fulgurante des prix des matières premières agricoles ces dernières semaines donne des sueurs froides au monde de l'élevage, très dépendant du maïs, du blé et du soja pour nourrir les bêtes, et qui fait déjà face à une situation tendue.
![]() « L'élevage laitier (...) se retrouve particulièrement fragilisé par cette envolée, d'autant plus que cette production est très concurrentielle », souligne Philippe Chotteau de l'Institut de l'élevage. (© Terre-net Média) |
Maïs, blé, colza, soja flirtent avec leurs records de prix, proches de leurs niveaux de 2008, année désastreuse marquée par les émeutes de la faim. « Nous lançons un message d'alerte car cette augmentation aura inévitablement un impact sur l'ensemble de la filière », explique Stéphane Radet, directeur du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia). Dans ce secteur qui emploie 12.000 personnes en France, à travers près de 175 entreprises, la rentabilité est faible et l'effet de la hausse du prix des matières premières est immédiat puisque qu'elles représentent 80 % du prix des aliments livrés en élevage.
La situation sera « insupportable » pour les éleveurs
« Nous avons déjà connu des épisodes de surchauffe, mais, cette fois-ci, c'est catastrophique : toutes les principales matières premières flambent en même temps, ce qui nous empêche d'en privilégier une par rapport à l'autre », ajoute Stéphane Radet. Dans ce contexte, toutes les filières d'élevage sont concernées avec en première ligne les éleveurs de porcs et de volailles, qui n'ont pas recours au fourrage et sont donc davantage dépendants des produits fabriqués. « Nous appréhendons la situation avec beaucoup d'angoisse », confirme Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine, puisque, « dans le coût de production du porc, 65 % des charges sont dues à l'alimentation et donc toute variation du prix des aliments a des conséquences lourdes sur le prix de revient ».
Quand les fabricants de nourriture animale auront épuisé les stocks liés à l'ancienne récolte, les prix risquent d'exploser et, prédit Jean-Michel Serres, la situation sera « insupportable » pour les éleveurs. Les éleveurs porcins estiment que le coût de production pourrait passer à 1,80 euro le kilo, quand le prix net au producteur est actuellement de 1,60 euro. Même son de cloche du côté de l'élevage bovin. « Cette situation fragilise encore plus une filière qui fait déjà face à des trésoreries exsangues », déplore Philippe Chotteau, responsable du département économie de l'Institut de l'élevage.Cet institut, qui confectionne chaque mois depuis 2005 un indice des prix d'achat des moyens de production agricole, note que ce dernier atteint depuis peu des niveaux record pour toutes les productions de viande bovine. « L'élevage laitier, qui s'est refait une santé en 2010 et 2011 après la terrible crise de 2009, se retrouve particulièrement fragilisé par cette envolée, d'autant plus que cette production est très concurrentielle », souligne Philippe Chotteau. Face à ce "danger" qui menace, l'ensemble de la filière élevage a alerté les pouvoirs publics, notamment le ministère de l'Agriculture, et se prépare, pour répercuter une partie de la hausse des coûts, à des discussions tendues dans les semaines qui viennent avec la grande distribution.
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