
Pas d’entreprise agricole sans chef d’entreprise. La Société des agriculteurs de France achève son tableau de l’Agriculture du 21ème siècle peint par petites touches et à coup de rapports en publiant cette année celui consacré aux chefs d’entreprises. Elle les veut stratèges, autonomes et innovants.
![]() Laurent Klein, président de la Société des agriculteurs de France. (© Saf) |
Les 50 pages de ce document, adopté le 14 juin dernier, précisent le sens donné à ces qualificatifs. Et c’est sans surprise que l’on découvre qu’ils se marient avec les idées de liberté d’entreprendre défendues par la Saf et la vision libérale que le think tank a de l’Agriculture du 21ème siècle.
Ainsi, les idées avancées relèguent « au placard » un pan entier de l’histoire agricole française et européenne avec une Politique agricole commune dépassée dans ses fondements.
Le rapport « Changement d’attitude pour les agriculteurs » fait ainsi des recommandations et des propositions pour que le statut de l’agriculteur et l’exercice de son activité soient en phase avec l’évolution de la société et comblent ses motivations d’entreprendre.
Pour être un homme « stratège », le chef d’entreprise agricole doit aussi être autonome ou tout au moins avoir les moyens de le devenir. Un chapitre du document de la Saf « encourage les agriculteurs à suivre des formations initiales et continues, ouvertes au monde de l’entreprise ».
Stratèges, autonomes et innovants
La maîtrise des techniques agronomiques ne suffisant pas, le think-tank « propose la création de classes de spécialisation professionnelle pour former les futurs chefs d’entreprises agricoles ». La Saf suggère même d’en créer une par région pour y « apprendre la curiosité, la démarche de se remettre en question et l’envie d’apprendre en continu, de se former tout au long de sa vie ». Ce serait ainsi une opportunité « d’aller chercher des formations au-delà de la sphère agricole pour acquérir de nouvelles compétences » et pour créer des réseaux sociaux sous toutes les formes imaginables. Mais rendre plus autonome le chef d’entreprise suppose aussi de personnifier les services de conseils, selon la Saf qui « propose que la France s’investisse dans les possibilités qu’offre l’Union européenne sur l’amélioration du conseil » « pour appliquer notamment la conditionnalité des soutiens du premiers pilier ».
En plus d’être « stratège » et « autonome », le chef d’entreprise agricole du 21ème siècle se doit aussi d’être « innovant ». Le chapitre du rapport de la Saf, qui appelle à « cultiver l’ingéniosité », complète justement le portrait du chef d’entreprise dressé par le think tank en suggérant de le doter de nouveaux outils et dispositifs juridiques et sociaux.
Il fait des propositions concrètes en révisant par exemple certaines dispositions sociales et fiscales pénalisantes pour les chefs d’entreprise agricole ambitieux. Il serait ainsi judicieux qu’il se dote d’un statut de chef d’entreprise qui l’aidera « parmi le foisonnement des textes juridiques et réglementaires » à « réaliser ses choix » « de façon cohérente ».
La sécurité de l’entrepreneur serait renforcée par une meilleure protection de son patrimoine privé
La Saf souhaite aussi que le statut d’agriculteur lui donne la possibilité d’opter pour celui de salarié au sein de sociétés anonymes. Et comme « le droit social agricole n’est plus adapté à la diversité des situations en agriculture », la Saf demande un nouveau mode d’affiliation qui ressemblerait au régime d’auto-entrepreneur en donnant en plus la possibilité au chef d’entreprise d’être pluriactif.
La Société des agriculteurs de France passe par ailleurs en revue, dans son rapport « Changement d’attitude pour les agriculteurs », l’ensemble des mécanismes en vigueur pour investir, acquérir et exploiter des biens, les terres et les matériels en suggérant entre autres le recours aux portages, à des capitaux extérieurs à l’Agriculture, à la copropriété et au regroupement d’employeurs.
La sécurité de l’entrepreneur serait renforcée par une meilleure protection de son patrimoine privé.
Une révision complète du statut du fermage est une nouvelle fois suggérée. « Les sociétés civiles de moyens pourraient renforcer utilement l’arsenal juridique agricole et prévoir des dispositions encadrant les mises à disposition ainsi que les déclarations Pac ».
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