
Acte II "Ensemble pour la réussite de nos territoires". Pendant près de trois heures, une quinzaine de représentants des fédérations départementales de Jeunes Agriculteurs ont posé des questions aux quatre représentants du PS, de l’Ump, de Eelv (Europe Ecologie-les-Verts) et du Modem. Les réponses apportées étaient parfois polémiques et pas toujours à la hauteur des attentes.
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Mais l’avenir des jeunes agriculteurs, ou pas, et l’espoir qu’ils portent, n’ont-ils été au final qu’un sujet de campagne ? Car cinq semaines plus tard, le climat était fort différent lors de l'acte II "Ensemble pour la réussite de nos territoires". Tout d’abord, seuls quatre représentants de l’Ump, du PS, du Modem et d’Eelv (écologie) se sont rendus à Pontarlier. Ensuite, aucun leader national des partis politiques sollicités n’a daigné faire le déplacement et enfin, les résultats de l’élection présidentielle ont rendu les échanges des participants plus tendus.
La jeunesse, thème de campagne électorale ?
L’élection présidentielle passée, étaient en fait présents à Pontarlier les représentants du clan des perdants (Alain Joyandet, maire Ump de Vesoul et ancien ministre), et ceux du clan des gagnants (Didier Guillaume, PS, 1er vice président du Sénat et sénateur de la Drome, et Patrick Garnn, Europe Ecologie-Les Verts) avec au centre de l’échiquier, Marc Fesneau, secrétaire général du Modem. Et pendant près de trois heures, une quinzaine de représentants des fédérations départementales de Jeunes Agriculteurs, qui venaient de clôturer leur 46ème congrès, ont posé des questions préparées et pertinentes sur six thèmes préalablement définis : défis alimentaire mondial, l’installation, le revenu, le développement durable, la compétitivité, la formation et la recherche. Ces questions pertinentes, qui traduisaient l’importance que JA a porté à cet évènement, auraient mérité des réponses davantage en phase avec leurs attentes.
Celles qui portaient sur les sujets économiques, fiscaux et financiers, marquaient un clivage des positions des partis bien plus marqué, que celles sur les défis alimentaires et les marchés mondiaux de produits agricoles que les quatre représentants des partis souhaitent régulés et organisés à l’échelle des grandes régions du monde. La spéculation est même leur ennemi !
Un revenu stable, clé de l'installation
Sinon, des propos très polémiques ont été échangés entre Didier Guillaume et Alain Joyandet, avec la difficulté de savoir qui prêche le vrai du faux. Ce dernier était en pleine campagne électorale pour être réélu député, avec une réelle crainte de perdre la bataille !
Voici les principales réponses apportées aux questions économiques et financières.
![]() Didier Guillaume, parti socialiste, 1er vice président du Sénat. (© Terre-net Média) |
- Foncier : fiscalité renforcée et discriminatoire lors de la vente de terres, avec des plus values non imposables en cas cessions de terres entre agriculteurs, forte imposition dissuasive sur les plus values réalisées si les terres sont vouées à être construites;
- réduction de 50 % en cinq ans de la surface de terres artificialisées ;
- abolition de la Tva sociale « antidélocalisation », sans remettre en cause toutefois l’exonération des charges sociales patronales des salariés ;
- favoriser les circuits de proximité sans renier la capacité exportatrice de la France ;
- fin du statut d’auto-entrepreneur ;
- harmonisation sociale entre pays européens, et avec l’Allemagne en particulier ;
- Loi de modernisation de l’agriculture : la contractualisation sera revue. Il y a des progrès à faire ;
- Loi de modernisation économique de 2008 revue avec la fin des remises, des rabais et des ristournes ;
- favorable aux retenues collinaires, mais la modernisation des réseaux d’irrigation s’impose.
![]() Alain Joyandet, maire de Vesoul et ancien ministre Ump. (© Terre-net Média) |
- maintien de la Tva « antidélocalisation » ;
- maintien des différentes exonérations de charges sociales patronales des salariés agricoles, réduction des charges des exploitants agricoles ;
- pas de financiarisation de l’agriculture. L’acquisition de fonciers agricoles par des fonds de pension rendra les agriculteurs smicards de la terre.
Les propos d'Alain Joyandet n’ont pas tous porté sur l’agriculture pendant le grand oral.
![]() Patrick Garnon, Europe Ecologie Les Verts. (© Terre-net Média) |
- Loi de modernisation de l’Agriculture : il faut renforcer l’Observatoire des marges et des prix avec des mesures correctrices pour les bloquer ;
- se battre pour la valeur ajoutée en sortant l’agriculture d’un système lié à l’aval et à l’amont ;
- renforcer la diversité de la production agricole pour rendre la France plus autonome ;
- travailler sur les circuits de proximité ;
- foncier : la taxation sur les plus values ne suffit pas. Il faut que les élus appliquent rigoureusement les lois pour interdire l’artificialisation des terres.
![]() Marc Fesneau, secrétaire général du Modem. (© Terre-net Média) |
- organisation des producteurs : le droit de la concurrence devrait être plus sévère avec la grande distribution et plus tolérant envers les agriculteurs ;
- statut auto-entrepreneur : mettre des contraintes pour éviter les dérives sociales et fiscales ;
- énergie renouvelable : la France a manqué le développement de la production d’électricité photovoltaïque et éolienne ;
- irrigation : favorable aux retenues collinaires ;
Installation : unanimité pour déclarer que c’est en donnant des perspectives de revenu rémunérateur et stable aux porteurs de projets que davantage de jeunes seront prêts à devenir agriculteur.
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