
Aux Etats-Unis, le prix du gaz est dorénavant déconnecté de celui du pétrole. Selon les auteurs du Cyclope 2012, la commercialisation à grande échelle d’engrais azotés produits avec du gaz de schiste à 3 dollars/mBtu contre plus de 15 dollars en Europe devient inéluctable.
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En ayant fait le choix de développer la production de gaz de Schiste, les américains vont non seulement retrouver une grande sécurité énergétique, qui leur a fait tant défaut ces quarante dernières années, mais aussi connaître une relocalisation de pans entiers de leur industrie.
Les Usa exportateurs nets de gaz de schiste dès 2016
Certes la production de ce gaz est pour l’instant destinée au marché intérieur, mais les contributeurs du Cyclope 2012 estiment que les Etats-Unis vont devenir, d’ici 2016, des exportateurs nets. Des gazoducs sont en cours de construction et les ports méthaniers se reconvertissent pour exporter le gaz produit.
Ce nouveau paradigme industriel profitera à l’industrie chimique et aux agriculteurs américains, qui auront à leur disposition des engrais chimiques très bon marché, dont le prix vente sera déconnecté de celui du cours du baril du pétrole. L’avantage comparatif qu’ils en tireront sera alors indéniable.
Révolution énergétique « Entre l’extraction de gaz de schiste, la fin du nucléaire au Japon et en Allemagne et, la découverte de nouveaux gisements de pétrole, on assiste un réel repositionnement des sources d’énergie », analyse Philippe Chalmin en présentant son ouvrage consacrés aux marchés mondiaux. L’arrêt de la production d’électricité d’origine nucléaire au Japon et prochainement en Allemagne conduit ces pays à importer davantage de gaz, de charbon et de pétrole. En revanche, les nouveaux gisements de pétrole découverts au Brésil et au Dakota du Nord (Etats-Unis) renforcent l’indépendance énergétique de ces puissances économiques. Et ce dans un marché de l’énergie tendu, contraint à la fois par les demandes croissantes de la Chine et des pays émergents et par une actualité géopolitique mouvementée en Lybie, en Iran et au sud Soudan entre autres. |
En fait, toutes les conditions sont réunies pour que les Etats-Unis soient aussi, dans quelques années, des exportateurs d’engrais azotés très compétitifs qui concurrenceront ceux produits en Asie et en Europe. Quant au gaz importé pour les fabriquer sur place, il arriverait sur les ports français à un prix de revient de 8$/mbtu, soit deux fois moins que le prix actuel.
La consommation mondiale d'engrais continuera d'augmenter
Cette nouvelle production d'engrais peu onéreux est bienvenue car leur consommation mondiale continuera d’augmenter compte tenu de l’essor des Ogm très exigeants en fertilisants là où ils sont produits en masse.
Les agriculteurs français ne seront pas les seuls à vouloir profiter de cette manne que représente le gaz de schiste. On imagine mal les pouvoirs publics et les industriels de la pétrochimie ne pas réagir en n'ayant pas accès à une source d'énergie si bon marché.
Cette situation relancera tôt ou tard le débat sur l’exploitation de gaz de schiste en France et dans d’autres pays européens alors même que la relocalisation de la production industrielle était un des sujets majeurs de la dernière campagne présidentielle.
Le nouveau président ne serait pas hostile à rouvrir le dossier. Les questions environnementales sont tout à fait fondées mais l’économie française et européenne ne peut pas ignorer un potentiel de croissance équivalent à 1 % de Pib aux Etats-Unis!
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