
De profil au premier plan, Jacques Carles, délégué général du think-tank Momagri.(© Terre-net Média)
Comment choisir entre les programmes agricoles de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ? Lors d'un grand débat agricole diffusé mercredi 25 avril 2012 sur Terre-net.fr, Antoine Herth, député Ump du Bas-Rhin, et Germinal Peiro, député PS de Dordogne, représentant les deux finalistes de la Présidentielle 2012 sur les questions agricoles, ont surtout affiché la complémentarité des programmes de leurs candidats respectifs. Avec tout de même quelques divergences... Décryptage.
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De cette émission-débat en trois parties, il ressort que les programmes agricoles s’inscrivent d'abord dans la Pac et dans l’euro. Pour les deux députés Antoine Herth et Germinal Peiro, représentant respectivement Nicolas Sarkozy et François Hollande, la question d’abandonner la seule politique mutualisée de l’Europe et la monnaie unique est exclue.
Pas de fracas, ni d’effroi, ni de polémique. Les deux députés du Bas Rhin et de Dordogne, voisins sur les bancs de l’Assemblée nationale et au fait de la situation de l’agriculture française et des défis à relever, ont tenu des propos consensuels et complémentaires. Est-ce l’approche des élections et la nécessité de ne pas cliver l’électorat visé ? Ou est-ce le réalisme qui l’emporte sur les idéologies ? Cette approche complémentaire et consensuelle ressort dès la première partie du débat.
Une heure et quart de débat Une heure et quart d’échanges, scindée en trois émissions, pour traiter des projets agricoles des deux candidats en lice pour le second tour de l’élection présidentielle, c’est le programme que la rédaction de Terre-net Média a diffusé ce mercredi 25 avril. |
Il n'est pas question de remettre en cause le Grenelle de l’environnement ou de favoriser la constitution de grandes fermes de plus de 1.000 ha. L’agriculture doit rester de dimension humaine. Les deux représentants des deux candidats à l’élection présidentielle sont prêts à défendre par la loi le pluralisme syndical et, à Bruxelles, le plafonnement des aides. En revanche, la question portant sur la certification d’obtention variétale (Cov) divise les deux députés.
Un des premiers dossiers à mettre en oeuvre par le futur gouvernement de Nicolas Sarkozy, si il est réélu, sera les états généraux de la contractualisation, selon Antoine Herth. Dans l'hypothèse où le candidat socialiste accède à l'Elysée, sa priorité, selon Germinal Peiro, serait la négociation du budget de la Pac pour 2014/2020. Car sur ce point, rien n'est acquis.
« On n’échappera pas à une nouvelle organisation
de la production agricole en Europe »
Concernant le bilan de la politique agricole française durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la loi de modernisation de l’agriculture a été, pour Antoine Herth, l’occasion de redonner un nouveau cadre réglementaire pour contrer l’abandon des filets de sécurité (prix, production) de l’Union européenne.
Mais si le système assuranciel est nécessaire, selon Germinal Peiro, « on n’échappera pas à une nouvelle organisation de la production agricole en Europe ». Selon ce dernier, le bilan de la politique agricole de Nicolas Sarkozy et des gouvernements de droite aux affaires depuis dix ans se résume d’abord en un chiffre : la baisse de 26 % du nombre d’exploitations agricoles au cours des dix dernières années, alors que la France dénombre un million de chômeurs en plus.
S'ils composent le prochain gouvernement en mai prochain, les socialistes mettront la priorité sur la relance de l’installation des jeunes, en redonnant entre autres du pouvoir aux Safer et aux collectivités territoriales pour favoriser l’accès au foncier.
Selon Antoine Herth, la priorité est le vote d’une loi pour réduire la complexité des décrets d’application des règles de toute nature qui entravent l’activité agricole.
La Loi de modernisation de l’Agriculture « n’a pas apporté grand-chose si ce n’est qu’elle réaffirme le principe qu’il faut un contrat entre acheteur et un vendeur », selon Germinal Peiro. Elle est cependant, pour Antoine Hertz, « un cadre pour inverser pour redonner de la compétitivité avec des meures très fortes » « avec à coté des mesures prises pour réduire le coût du travail ».
Pour réduire l’artificialisation des terres agricoles, les voies proposées sont particulièrement consensuelles. Le juste équilibre à trouver passe par la fin des gaspillages et la spéculation, selon le député socialiste. Mais l’application drastique des documents d’urbanisme est aussi une exigence pour éviter que ne disparaisse un département agricole tous les six ans, d'après Antoine Herth.
En présence de Jacques Carles, délégué général du Mouvement pour une organisation mondiale de l’Agriculture (Momagri), venu les interroger, les deux députés ont aussi abordé la Pac et les enjeux européens.
Sur le budget de la Pac et la convergence des aides, des économies sont « tout à fait envisageables si on s’intéresse aux prix et aux contrôles des volumes de production. Plutôt que de distribuer des aides payées par le contribuable et laisser le marché tout détruire », selon Germinal Peiro. Autrement dit, des prix rémunérateurs remplaceront aisément une aprtie des aides directes.
« J’espère que l’on aura un budget pour remplir les objectifs assignés à la Pac »
Pour Antoine Herth, si le budget et les aides directes baissent, « alors on doit alléger les contraintes sur les conditions de production et sur l’environnement » mais « j’espère que l’on aura un budget pour remplir les objectifs assignés à la Pac ».
En fait, les deux députés reconnaissent « les efforts du commissaire européen, Dacian Ciolos de maintenir plusieurs agricultures en Europe » (G. Peiro) et que les propositions émises « n’ont même jamais été aussi intéressantes » (A. Herth).
Ceci dit, la proposition législative doit être amendée selon le député socialiste. Par exemple, il est nécessaire, selon ce dernier, de revoir les seuils de dégressivité (150.000 €) et de plafonnement des aides (300.000 €), « car la Pac doit aider l’emploi ». Plus pragmatique, Antoine Herth explique que « point pas point, il faudra voir les intérêts de la France et voir où on peut trouver des points d’accord ».
A propos de la convergence des aides d’ici 2020 et de leurs critères d’attribution, « le temps de travail par hectare doit davantage être pris en compte dans le calcul du montant des aides afin de favoriser les activités recourant à la main d’œuvre », a défendu Germinal Peiro. C’est pourquoi, l’idée de « verser un montant minimal par exploitation qui dégage un revenu pour créer de l’emploi est une idée intéressante », a-t-il ajouté.
Elle « vaut en effet qu’on s’y penche », a indiqué quant à lui Antoine Herth. Mais « il faut que la France saisisse l’occasion de la réforme de la Pac pour que la convergence des aides soit associée à la convergence des règles sociales et fiscales. Sinon on encourage une concurrence déloyale », a précisé le député de Dordogne.
![]() Au micro, Germinal Peiro, député PS de Dordogne et à sa gauche Antoine Herth, député du Bas-Rhin. (© Terre-net Média) |
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