Mars 2012 aggrave la sécheresse en France

Mars 2012 aggrave la sécheresse en France

Dans la continuité de janvier et février, mars 2012 reste sous l'influence d'une situation de blocage anticyclonique, empêchant le courant perturbé de s'installer avec ses pluies. Les quantités de précipitations sont une nouvelle fois très faibles, associées à un ensoleillement remarquable et des températures proches des records de chaleur, facteurs aggravants, d'après Frédéric Decker de MeteoNews.

Février 2012 figurait parmi les plus secs en France, juste derrière février 1959 qui détient le record dans ce domaine. Les giboulées de mars ont décidé de nous bouder, ainsi que les perturbations atlantiques. Un énième blocage anticyclonique nous a concerné la majeure partie du mois, obligeant les zones pluvieuses à contourner notre pays où les précipitations se sont avérées une fois de plus bien faibles, sans afficher toutefois de valeurs exceptionnelles (mars 1953 et mars 1961 avaient été nettement plus secs avec peu voire pas de pluie !).

Taux de précipitations pour mars 2012 par rapport à la norme 1970-2000 en France
Taux de précipitations pour mars 2012 par rapport à la norme 1970-2000 en France (norme = 100%). (© MeteoNews)

L'ensemble de la France connaît donc un déficit pluviométrique ce mois-ci, à l'exception de la région lilloise qui a bénéficié d'un important épisode pluvio-neigeux en début de mois (provoquant d'ailleurs quelques inondations). C'est du sud-ouest et de la Vendée au Bassin Parisien jusqu'au Massif Central, et du pourtour méditerranéen (sauf Roussillon et Corse) aux Alpes jusqu'au sud des Vosges que le manque d'eau s'est fait davantage remarquer, avec un déficit supérieur à 60 %, localement même 80 % et plus sur l'Hérault, le Var et les Savoies ! Le Languedoc est durement éprouvé après un hiver record en sécheresse : 5 à 10 mm de décembre à février et moins de 5 mm en mars ! La situation y est déjà critique alors que nous ne sommes qu'au début du printemps ! Les premiers incendies de forêts ont déjà sévi sur la région depuis fin février !

Taux d'ensoleillement pour mars 2012 par rapport à la norme 1970-2000 en France
Taux d'ensoleillement pour mars 2012 par rapport à la norme 1970-2000 en France (norme = 100%). (© MeteoNews)

Côté ensoleillement, les valeurs mesurées jusqu'ici sont remarquables sur la plupart des régions, notamment de l'Ile-de-France à l'Ille-et-Vilaine et de la frontière allemande au nord de la région Rhône-Alpes où l'excédent dépasse 50 % ! Au 31 mars, des records d'ensoleillement seront très probablement battus dans l'est du pays, dépassant ainsi les records de mars 2003. Petite exception : le Languedoc et la basse vallée du Rhône où les chiffres avoisinent les moyennes saisonnières, à cause surtout d'un milieu de mois très nuageux par entrées maritimes.

Une chaleur exceptionnellement précoce et durable

Autre phénomène aggravant : la chaleur, exceptionnellement précoce et durable en seconde quinzaine de mars. Du jamais vu depuis les premiers relevés météo à la fin du XVIIIe siècle en France ! Cette chaleur, associée parfois à un vent sensible, a accéléré le dessèchement des sols en surface (hausse rapide de l'évapotranspiration potentielle) et réveillé précocement la végétation (qui va donc boire le peu d'eau attendue ces prochains jours) déjà en état de stress hydrique. Il s'agit donc d'un facteur aggravant, au même titre que la vague de froid sec de février.

MeteoNews n'envisage toujours pas le retour d'un courant perturbé d'ouest sur la France dans les 10 à 15 prochains jours, situation météo qui serait la plus bénéfique pour freiner la sécheresse. Les températures vont chuter à partir du week-end, mais les précipitations resteront trop faibles et disparates au gré des averses pour permettre un semblant de retour à la normale.

Des conditions plutôt sèches jusqu'à l'été prochain

L'évapotranspiration potentielle (quantité d'eau totale transférée du sol vers l'atmosphère par l'évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes) dépasse les précipitations en moyenne en France du 15 mars au 15 septembre. Les réserves superficielles en eau seront donc naturellement à la baisse au cours des prochaines semaines et des prochains mois, alors qu'elles n'ont jamais été saturées au cours de l'hiver, à moins de mois excessivement pluvieux, ce qui est très peu probable (les tendances saisonnières de MeteoNews, fiables à 63 %, envisagent la poursuite de conditions plutôt sèches jusqu'à l'été prochain).

Si la pluie tombe en quantités relativement importantes et de façon régulière, nous pourrons peut-être éviter une sécheresse « de surface » (même si elle a déjà débuté dans le sud et le Bassin Parisien). En revanche, la sécheresse de profondeur (nappes phréatiques) est désormais inévitable après une période de rechargement hivernal trop courte et peu importante. 80 % des nappes phréatiques accusent un déficit
marqué actuellement, plus particulièrement de la façade atlantique aux régions centrales. Il faudra un automne et un hiver prochains très arrosés pour combler au moins partiellement ce manque d'eau.

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