
Voici l’interview accordée à Terre-net Média par Marine Le Pen, candidate Front national à l’élection présidentielle et par Philippe Loiseau, responsable des questions agricoles au Front national, conseiller régional et agriculteur en l’Eure-et-Loir (1ère partie et 2ème partie). Les questions posées ont porté sur le programme agricole de Marine Le Pen et sur ses positions vis-à-vis d’un certains nombre de sujets d’actualité. La majorité émane de responsables professionnels et d’experts agricoles. D'autres ont été envoyées par des forumeurs de Terre-net Média.
![]() Marine Le Pen, candidate FN à la présidentielle de 2012 et Philippe Loiseau, chargé des questions agricoles au FN. (© DR) |
Philippe Loiseau pour Marine Le Pen (PL) : « Il y a bien entendu une place pour l'agriculture dans un projet présidentiel. Chaque Français se sent paysan et se connaît un aïeul qui pratiquait ce beau métier d'agriculteur... C'est un refuge en cas de crise, tout le monde l'a compris ».
Tnm : « La France doit produire et exporter plus. Pourtant "produire plus" est parfois en agriculture « un gros mot » et les règles environnementales sont de plus en plus contraignantes. Que proposez-vous pour lever ce dilemme ? »
PL : « Produire plus et exporter plus : un dilemme. Le monde évolue, il faudra nourrir une population croissante. Le potentiel de notre terre doit être utilisé au maximum, mais avec prudence pour le transmettre à nos enfants. En pratiquant une agronomie responsable, on pourra produire tout en respectant l'environnement. Surtout, faisons confiance aux professionnels de l'agriculture et non aux idéologues qui n'y connaissent rien ! ».
« Attention à la faiblesse de nos stocks... »
Tnm : « Notre pays doit-il sacrifier son excédent commercial de près de 12 milliards d’euros pour rendre son agriculture plus écolo-compatible et satisfaire des velléités des "bobos" des grandes villes ? Ou bien doit-il prendre sa part de responsabilité et contribuer à son niveau à relever le défi alimentaire mondial de 2050 : nourrir plus de 9 milliards d’hommes ? »
PL : « La France doit pratiquer l'exception culturelle en privilégiant d'abord la satisfaction des besoins locaux. C'est une question de stratégie qui, il est vrai, ne répond pas immédiatement à des impératifs économiques, mais qui, en cas de crise mondiale, permet d'avoir la paix sociale. Attention à la faiblesse de nos stocks...
Tnm : « Si non, plusieurs formes d’agriculture peuvent-elles coexister avec des secteurs orientés à l’export et vers l’agro-industrie et d’autres orientés sur les circuits courts ? Ou bien sont-ils incompatibles ? »
PL : « Plusieurs formes d'agriculture peuvent cohabiter à condition que celles-ci soient gérées par des organismes semi-publics comme les chambres ou toutes les sensibilités sont représentées à la proportionnelle ».
Tnm : « Peut-on envisager une production alimentaire sans agriculture compétitive ? »
PL : « On ne peut pas envisager une production alimentaire sans une agriculture compétitive. Le prix d'un produit est certes attribué à l'agriculteur, mais c'est aussi un coût environnemental qu'il ne faut pas oublier (comme le bilan carbone). Le transport a évidemment une incidence sur les prix et la compétitivité ».
Favoriser un équilibre des productions entre régions
Tnm : « Au-delà de la mission de la Pac, comment comptez-vous faire face à la délocalisation des productions de certaines régions vers d'autres ? (Elle appauvrit les premières et rend les secondes dépendantes d'un système productif condamnant les agriculteurs à travailler toujours plus pour gagner moins) »
PL : « Il faut éviter la concentration des productions et favoriser un équilibre entre les régions. Une agriculture de montagne très présente favorise le tourisme par exemple ».
Réforme de la Pac 2014/2020
Tnm : « Si Marine Le Pen est élue, le Front national continuera-t-il à défendre le maintien du budget de la Pac même si la crise financière s’aggrave ? »
PL : « Un prix mondial compensé par des aides agro-environnementales dans le but d'assurer un revenu à l'agriculteur est une erreur stratégique. C'est la rémunération du produit agricole qui préservera la nature. Si Marine Le Pen est élue, elle fera en sorte que la France abandonne la Pac au bénéfice de la Paf (Politique agricole française). Pour cela, la France adoptera cette politique agricole nationale ambitieuse financée par la réduction importante de sa contribution globale au budget européen, dans le cadre de la renégociation des Traités européens qui sera entreprise dès 2012. Il faut rappeler que l'argent versé aux agriculteurs par l'intermédiaire de la Pac est l'argent des Français (20 milliards d'euros versés chaque année à l'Union européenne qui nous en rend 13, aides agricoles comprises), et nous ne pouvons que constater une réalité de plus en plus alarmante : baisse sur longue période du revenu moyen des agriculteurs, volatilité croissante des prix et insécurité économique insupportable pour les producteurs, inégalités croissantes de revenus entre agriculteurs, écarts grandissants entre prix à la production et prix payés par le consommateur, niveau scandaleux des retraites agricoles, pénalisé par le déséquilibre démographique qui est le revers des gains de productivité.
Tnm : « Quelle position votre prochain gouvernement adoptera à Bruxelles vis-à-vis de la proposition législative portée au Parlement européen en octobre dernier ? »
PL : « Abandon de la Pac au bénéfice de la Paf, plus efficace et juste ».
Tnm : « Etes-vous favorable au plafonnement des aides? Si oui, à quel niveau ? »
PL : « L'Etat doit imposer aux marchés financiers des prix minimum garantis et rémunérateurs aux agriculteurs français après renégociation des Traités européens ».
« Le revenu agricole français est trop faible »
Tnm : « Le taux de verdissement de 30 % des aides Pac du premier pilier vous convient-il ? »
PL : « Le taux de verdissement de 30 % des aides Pac n'a pas lieu d’être étant donné qu'à l'heure actuelle, le revenu agricole français est trop faible et largement insuffisant ».
Tnm : « Et la répartition équitable des soutiens publics entre les 27 ne conduira t-elle pas à rendre les exploitations françaises vulnérables avec moins d’aides ? »
PL : « Probablement, car les soutiens publics accordés aux agriculteurs français n'ont pas à être comparés à ceux de la Roumanie par exemple. Les charges et les contraintes doivent d'abord être harmonisées et ce n'est pas le cas. C'est une raison supplémentaire pour abandonner cette Pac ».
Tnm : « Comment envisagez-vous la convergence nationale des aides Pac ? Compte tenu des distorsions actuelles en matière de références historiques, que proposez-vous pour en atténuer les effets ? »
PL : « Abandon de la Pac ».
Tnm : « La réforme de la Pac, telle qu’elle se profile, se traduirait par de fortes baisses des aides à l'élevage alors que les revenus des producteurs sont les plus faibles. Comment comptez-vous y remédier ? »
PL : « Abandon de la Pac au bénéfice de la Paf ».
Tnm : « Aux aides Pac du 1er et 2nd pilier, ne faut-il pas d’abord préférer des outils de régulation puissants ? »
PL : « La nationalisation de la politique agricole dans le cadre d'une loi de programmation pluri-annuelle mettant en œuvre une vision à long terme de nos ambitions collectives pour l'agriculture française, aura pour premier objectif la stabilisation des prix des matières premières agricoles, qui donnera aux agriculteurs une visibilité à moyen terme leur permettant de prendre des décisions d'investissements ».
Tnm : « Sinon, que proposez-vous pour que la copie de Bruxelles soit acceptable ? »
PL : « La copie de Bruxelles ne sera jamais acceptable puisqu'elle est fondée sur le principe du libre échange total, soutenu et voulu par l'Ump et qui déstabilise et ruine notre agriculture ».
La suite de l'interview sera publiée ultérieurement.
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