
Pendant plus d'une heure, vendredi 23 mars 2012 à 16h30, Ambroise Mazal, coordinateur en charge des questions agricoles de la campagne à l'élection présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, candidat Front de gauche, a répondu à vos questions. Elles ont essentiellement porté sur le programme et les positions du parti.
![]() Ambroise Mazal, expert des questions agricoles pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, a répondu aux nombreuses questions des agriculteurs. (© Terre-net Média) |
Circuits courts, production biologique, Ogm, politique agricole commune, développement des territoires, régulations des prix, retraites, place de l'agriculture française dans l'échiquier agricole européen et mondial, défense des actifs agricoles et de revenus rémunérateurs, représentativité syndicale, aménagement du territoire, politique d'installation...: retrouvez ci-dessous les réponses que le Front de gauche a apporté, en direct, aux questions des terrenautes.
Retrouvez également l'interview exclusive d’Ambroise Mazal, spécialiste des questions agricoles pour Jean-Luc Mélenchon.
Vous retrouverez, à la suite de cette série de questions-réponses, celles auxquelles Ambroise Mazal a répondu après le tchat, comme il s'y était engagé.
Question de Boufmi: bonjour en ces temps difficile je suis dans une région de France ou le gel de février 2012 à détruit une surface importante de blé environ 30/40 ha pour mon exploitation bien ce risque est assurable mais l'expetise me conseille de resemer tout en sachant que mes fourniseur manque de semence il me donne peu d'espoir d'obtenir toutes mes reservations ;pensez vous que cet une bonne solution d'interdir a tout prix les semence d'ogm en sachant qu'il en manqurea cette année est ce la bonne solution de laiser des terres sans production même en bio le gel a fait du dégat cet hiver .J'attends une réponse solide de basse et projetée dans l'avenir . |
Ambroise Mazal: Il y a 2 choses dans la question : d'une part la question des OGM et nous nous pensons que la recherche doit se dégager des interêts des multinationales et permettre aux paysans d'être plus autonomes vis-à-vis de leurs choix techniques. Et à ce titre, les OGM nous semblent un fausse solution. Alors que dans notre histoire agricole, nos institus de recherche ont su montrer qu'ils pouvaient créer des variétés plus résistantes et plus adaptés sans pour autant poser la brevetanilité du vivantau profit des grandes firmes. Deuxième élément, à notre avis, l'agriculteur face aux imtempéries doit être soutenu par l'Etat et non par des assurances privées. Et nous tenons beaucoup à réhabiliter un fond de calamités public qui soit capable de répondre à ces catastrophes naturelles. |
Question de Mono44: Quand les politiques réagiront-ils face à la délocalisation des productions de certaines régions vers d'autres en appauvrissant les premières et rendant les secondes dépendantes d'un système productif les condamnant à travailler toujours plus pour gagner moins ? |
Ambroise Mazal: Nous ne répondons pas bien sûr au nom "des politiques", dont la plupart n'ont effectivement pas fait preuve de beaucoup de courage ni de volontarisme pour enrayer la spécialistation régionale des productions, la concentration des exploitations et la baisse de l'emploi agricole, et le sacrifice de filières entières... Pour ce qui est de nos engagements au Front de gauche, nous défendons une agriculture paysanne, écologique et relocalisée, grâce à des paysans nombreux, à travers les 45 mesures de notre programme « Pour une agriculture écologique et créatrice d'emplois, des campagnes vivantes, une alimentation de qualité pour tous », que nous avons élaboré avec ceux qui ont rejoint l’Appel du Front de gauche de l’agriculture, paysans, syndicalistes, chercheurs, enseignants, et simples citoyens. |
Question de HM: Dans le passé, des ministres d'agriculture socialistes, comme Edith Cresson et Louis Lepensec ont essayé de faire évoluer l'agriculture dans le sens de vos propositions et ont échoués car ils se sont heurtés au monopole syndical qui verrouille la profession. Selon vous, l'agriculture doit-elle rester la chasse gardée des organisations agricoles patentées avec les conséquences que l'ont connaît ou bien est-elle devenue l'affaire de toute la société ? Si oui, cela suppose une remise à plat de la gouvernance de la profession : Chambres d'agriculture, CDOA, SAFER...Et peut-être le regroupement du Ministère de l'agriculture dans un grand ministère de l'environnement, de l'alimentation et de l'agriculture qui s'adresserait à tout le monde, où les organisations de consommateurs, de protection de la nature seraient autant les interlocuteurs que les seules organisations agricoles patentées qui prétendent parler au nom des agriculteurs. Seriez-vous prêts à engager la remise à plat de la gouvernance de la profession sachant qu'une telle initiative déclenchera les foudres du syndicat majoritaire ? |
Ambroise Mazal: Oui, nous sommes absolument convaincus que l'agriculture est une question de société. Et que dans ce cadre le débat sur l'agriculture et l'alimentation ne doit pas être confisqué par les suls syndicats agricoles et encore mois un seul fusse-t-il majoritaire, même si les syndicats ont bien évidemment toute leur place. Nous sommes déjà engagés à ce que d'une part la gouvernance de l'agriculture et de l'alimentation (chambres, SAFER, Office et interprofessions...) soit ouverte à l'ensemble des acteurs, c'est-à-dire tous les syndicats, les collectivités territoriales et les associations. Et d'autre part, nous pensons que l'Etat doit aussi assumer ses responsabilités et se réengager sur des objectifs de politiques agricoles qui répondent à l'intérêt général. |
Question de lakoi: bonjour, j'aurai 2 questions: -Les graines de culture ogm rentrent en grande quantité en Europe donc en France aussi.Si elles sont dangereuses pour la consommation, pourquoi sont -elles autorisées?Puisque aparremment ce n'est pas le cas, pourquoi ne peut- on cultiver en France les Maïs résistant aux insectes?D'autre part BASF vient de produire une pomme de terre résistante au midiou.Si elle est cultivée, elle permettra une économie de traitements substancielle .Quand va s'arrêter cette hypocrisie qui pénalise les agriculteurs français?La France ne paye-t-elle pas une amende suite à l'interdiction de la culture de maïs bt ?Avec le déficit que nous avons on pourrait faire cette économie. _allez- vous accélérer l'uniformisation de la règlementation sociale en Europe?Les filières françaises des fruits et légumes sont en grandes difficultés.Allons -nous devoir nous contenter de fruits et légumes insipides et utilisant des produits interdits en France? Ps:je cultive du maïs ,un peu de blé et de colza sur 40ha et les revenus de mon exploitation sont la moitié du seuil de pauvreté |
Ambroise Mazal: Il y a plusieurs questions : |
Question de Ttitouan27: Sous l 'égide de l'actuel président nous avons connu la naissance du grenelle de l'environnement et tout ce qui s'en suit. Ecophyto 2018 etc. Le G20 agricole a donner lieu a d autres propos qui ne sembe pas aller en adéquation avec le reste. Quelle est la vision et l'orientation que souhaite donner chaque candidat a l'agriculture ? |
Ambroise Mazal: Pour nous au Front de gauche, le G20 a été une vaste "pantalonnade". La crise alimentaire mondiale et la volatilité des prix ont obligé à poser des bonnes questions. Mais l'on voit ques les solutions ne sont pas au RDV : aucune exclusion du monde financier sur les marchés agricoles mondiaux, refus de recourrir à des outils de régulation (stocks régionaux, prix minimum au sein des espaces commerciaux régionaux, concerntation internationale). Les producteurs du monde restent soumis aux intérêts des grandes firmes commerciales et des acteurs financiers... Pour notre part, nous sommes pour la sortie de l'agriculture de l'OMC, pour un rôle plus fort du Conseil pour la sécurité alimentaire de la FAO et l'encouragement de politiques agricoles communautaires dans les grandes régions du Monde. La coopération et la concertation plutôt que la mise en concurrence des agricultures du Monde ! |
Question de Cane: Comment arrêter la disparition des petites exploitations, est-ce qu'il y a vraiment une volonté? |
Ambroise Mazal: Non, il est clair qu'il n'y a pas eu jusqu'à aujourd'hui de volonté de maintenir les petites exploitations, comme le montrent les chiffres du recensement de l'agriculture de décembre dernier qui révèlent la perte d'environ un quart de l'emploi agricole ces 10 dernières années. Pour autant, des mesures seraient possibles pour garantir des revenus, comme le député Chassaigne (PCF) et ses collègues du Front de gauche l'ont proposé en décembre : prix minimums correspondant aux coûts de production, obligation pour la grande distribution d'une meilleure répartition de la valeur ajoutée, conférence annuelle multiacteur sur les prix... Il est également urgent d'enrayer la libéralisation des marchès agricoles, qui provoque la ruine des producteurs et surtout des plus petits. Le Front de gauche propose non seulement le maintien mais la création d'emploi agricole (300 000 sur 5 ans de mandature), grâce à la régulation des prix et des marchés, la maitrise du foncier, et une déconcentration des filières les plus productivistes, telles que le porc et les volailles. |
Question de TPACAP: Bonjour, que proposez-vous pour les agriculteurs double actif, sachant que la MSA nous fait payer des doubles cotisations ? Nous payons des cotisations pour l'activité principale qui n'est pas l'agriculture et nous payons aussi des cotisations à la MSA qui ne servent à rien, sauf l'assurance accident. tout le reste est bénéfice pour la caisse . Merci de prendre ma question en considération Salutations presidentielle |
Ambroise Mazal: C'est effectivement un cas de situation qui pénalise la pluri-activité, qui a toute sa place dans le monde agricole. Pour autant comme vous le dites, une part des cotisations sert bien à contribuer à l'assurance accident prise en charge par la MSA. Il y a vraissemblablement un besoin d'avoir une approche plus fine pour éviter de pénaliser les pluri-actifs. Au Front de gauche, nous sommes par ailleurs pour la suppression du statut de cotisant solidaire qui s'apparente là aussi à une pénalisation injuste de certains producteurs. |
Question de Vince: Nos ministres actuels nous promettent d'interdire les ogm. Conséquence, la France entretient une hypocrisie puisqu'on en importe tous les jours pour nourrir nos animaux. Quelle est votre position? |
Ambroise Mazal: Nous sommes clairement opposés aux OGM, dont les risques environnementaux et sanitaire sont encore trop importants pour se permettre de faire plaisir les yeux fermés aux multinationales des semences. Nous voulons effectivement mettre fin à l'hypocrisie actuelle, en assumons notre position au sein de l'Union européenne. Par ailleurs, sur la question de l'alimentation animale que vous évoquez, nous souhaitons mettre urgemment en oeuvre un plan de reconquête de l'autonomie européenne en protéines végétales plutôt que d'avoir recours aux importations latino américaines, par ailleurs destructrices des paysanneries locales et de la forêt.. |
Question de Mono44: Vous pouvez leur demander de ma part quand est-ce qu'ils comptent prendre leurs responsabilités envers l'agriculture et la gérer plutôt que d'en laisser la gestion à un syndicat dont ce n'est pas le rôle puisqu'un syndicat doit justement avoir un rôle de contre pouvoir et non pas de pouvoir . |
Ambroise Mazal: Vous posez là la question de la cogestion historique de l'agriculture entre l'Etat et la FNSEA, qui nous apparaît aujourd'hui dépassée. Comment justifier en effet aujourd’hui que les élections professionnelles du monde agricole ne soient pas, à l’instar des salariés, basées sur le principe de la représentativité proportionnelle ? Mais aussi, comment justifier que le rôle des pouvoirs publics et de la société civile ne soit pas plus affirmé sur une question qui les concerne au premier plan ? Nus pensons que l'agriculture est une véritable question de société, c'est pourquoi nous souhaitons réformer la gouvernance à la fois des Chambres d’agriculture, des SAFER et des offices spécialisés, de manière à instaurer une représentativité syndicale plus juste, mais également élargir la gouvernance aux associations et aux collectivités pour favoriser l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Dans le même temps, nous sommes convaincus que l'Etat devra assumer plus clairement ses responsabilités par la mise en place d'un cadre législatif, et devra être le garant des objectifs de sa politique y compris face aux intérêts corporatistes. |
Question de Michel14: Partout, nous lisons (et constatons) que nous consommons deux fois plus de foncier que les allemands. On nous demande de produire plus alors que nous avons toujours moins de terre pour y parvenir. Que proposez-vous pour arrêter la création de zones commerciales toujours plus grandes, zones artisanales qui sont souvent peu exploitées? |
Ambroise Mazal: Je ne suis certain des chiffres que vous avancez… ce qui n'enlève rien de la réalité de la disparition sans cesse continue des terres agricoles, qui sont un frein à la fois pour la transition écologique de l'agriculture que le Front de gauche appelle de ses voeux, et pour la relocalisation de la production. Deux réponses à votre interpellation : nous ne croyons pas qu'il faille nécessairement produire plus... pour qui ? nous sommes excédentaires sur beaucoup de filières par rapport aux besoins européens, et le monde n'a pas nécessairement besoin de (toutes) nos exportations qui souvent déstabilisent les marchés et paysanneries au niveau local, tandis que la réponse à la faim dans le monde passera nécessairement par la mise en place de politiques agricoles nationales/régionales. Par ailleurs, sur la préservation des terres agricoles, là aussi l'Etat et les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités, et fixer des contraintes plus fortes pour limiter la multiplication des projets immobiliers/industriels. Sinon, on pourra toujours pleurnicher sur la disparition des bonnes terres agricoles ! |
Question de Stephanie: La réforme de la Pac, telle qu’elle se profile, se traduirait par de fortes baisses des aides à l'élevage alors que les revenus des producteurs sont les plus faibles. Comment comptez-vous y remédier ? |
Ambroise Mazal: Vous avez raison de vous inquiéter ! Plus généralement, la réforme de la PAC telle qu'elle apparaît aujourd'hui est marquée par une approche libérale fidèle à la politique de la Commission européenne. La disparition des outils de régulation des marchés (fin des quotas laitiers, suppression des droits de plantation viticoles, fin des Organisations communes de marchés, etc) et de protection des filières (altération de la préférence communautaire à travers la multiplication des accords commerciaux de libre-échange, suppression du recours aux outils d'intervention en cas de crise, etc) seront dramatiques pour le maintien de nos filières et de l'emploi agricole. C'est une agriculture à deux vitesses que l'Europe nous propose aujourd'hui, avec le maintien de niches "de qualité" d'un côté, tandis que la plupart des agriculteurs auront du mal à tirer leur épingle du jeu... Mais le sort de la PAC n'est pas encore joué ! Dans la perspective d'une victoire de la gauche, nous devrons prioritairement engager de nouvelles alliance au niveau européen pour préserver notre agriculture européenne, ré-équilibrer les aides, et maintenir les outils de protection et de soutien aux filières... et en premier lieu l'élevage. |
Question de Escatien: quel seront les propositions du front de gauche sur l'avenir de la PAC et du devenir de l'agriculture française dans toute la diversité de ses territoires |
Ambroise Mazal: Le Front de gauche est fermement engagé, avec ses partenaires du Parti de la Gauche européenne et nos euro-députés à Bruxelles pour le maintien d'une PAC forte et à budget égal et qui garantisse les revenus à tous les agriculteurs. Mais la prochaine PAC doit aussi prendre en compte des enjeux de société et s'engager en faveur du soutien à l'emploi, à l'aménagement équilibré du territoire, à la prise en compte des enjeux écologiques, de la qualité de l'alimentation et de plus de justice dans la répartition du budget entre anciens et nouveaux pays membres. Cela implique de renforcer la conditionnalité des aides sur des critères d'emploi et environnementaux et de revoir la répartition du budget. |
Question de leschaumes: Quelle est la position de Jean-Luc Mélenchon sur la libéralisation des droits de plantation en viticulture? |
Ambroise Mazal: Le Front de gauche y est totalement opposé ! Comme d'ailleurs à la suppression des quotas laitiers. Ce sont des questions que nous poserons avec âpreté à nos partenaires européens. Les producteurs de toute l'Europe ont besoin de plus de régulation, de visibilité et de garantie de prix, pas de libéralisation qui met en concurrence les producteurs entre-eux. |
Question de Jeanbon: En 2010, la conféderation paysanne a demandé à être représenté dans l'interprofession laitière. Certains syndicalistes ont même fait une grève de la faim. Êtes vous pour modifier les règles pour que tous les syndicats participent aux interprofessions. |
Ambroise Mazal: Cette mobilisation de la Confédération Paysanne a reçu le soutien clair et ferme des élus et des responsables des partis du Front de gauche. Nous avons annoncé très clairement déjà notre engagement à réformer les régles de la représentativité syndicale dans les différents espaces de gouvernance, que ce soient les Chambres ou les offices interprofessionnels. L'agriculture a besoin de tous ses syndicats ! |
Question de Sylvain57: Etes-vous favorable à un crédit d'impot "travail du dimanche" ? |
Ambroise Mazal: Plutôt que des crédits d'impôts ou autres mesurettes, c'est à une politique de prix et de garantie des revenus que le Front de gauche veut aller. Vous citez la filière laitière, qui a connu une grave crise des prix ces denrières années, et va connaître de profonds bouleversements encore avec la suppression des quotas laitiers imposée par la Commission européenne et les gouvernements de droite au nom de la "libre-concurrence", ce qui va entrainer comme dans d'autres filières le cycle infernal "hausse de la production/chute des prix/ruine des plus fragiles/concentration des exploitations/re-hausse de la production, etc". Un gouvernement du Front de gauche assumera ses objectifs de maintien de l'emploi par le maintien des quotas, la fixation d'un prix minimum imposé à la grande distribution et coopératives. C'est avec des revenus que les prodcuteurs de lait pourront payer leur coût de remplacement du dimanche... |
Question de Sylvain57: Comment pensez vous qu'il soit possible de produire de la viande au cours de l'amérique latine, du lait au cours de l'océanie et des céréales au cours de l'europe de l'est en ayant des charges françaises et des contraintes environnementales qui nous obligent à laver plus vert que vert ? |
Ambroise Mazal: Vous évoquez là la politique ultralibérale de l'Union européenne cautionnée par les gouvernements de droite, qui multiplient les accords de libre-échange avec les grandes puissances agricoles du monde. Il est clair que le choix de notre alimentation n’est pas réaliste sans disposer des outils de souveraineté alimentaire et de préférence communautaire. Il est urgent d’enrayer la concurrence déloyale d’importations agricoles de produits dont les normes sociales et environnementales sont à mille lieux des nôtres, et qui entraine la ruine de nos filières et la concentration des outils de production. Nous assumerons notre politique et mettrons un veto à la multiplication des accords de libre-échange au niveau européen. Pour autant, c'est la seule solution pour préserver notre agriculture, et non le sacrifice des objectifs de bon sens écologique que l'agriculture productiviste doit parfois retrouver... |
En tant que "3ème homme" depuis ce matin, quels sujet spécifiques aux questions agricoles pouvez vous, Front de Gauche, introduire (ou ré introduire) dans le débat pour pousser les autres partis à se positionner? Quid de la spéculation sur les marchés de matières premières qui irait en accord avec votre mobilisation plus large sur les questions financières? |
Ambroise Mazal: Vous posez effectivement la question de la clarté des priorités de nos partenaires y compris à Gauche face à la question de la financiarisation des marchés agricoles. Il n'est pas supportable que les revenus des producteurs dépendent des aléas et des intérêts des" boursicoteurs" à Chicago ou à Londres. Jean-Luc Mélenchon s'est clairement positionné pour la sortie de l'agriculture de l'OMC, pour la protection des marchés régionaux et pour l'exclusion des acteurs spéculatifs des marchés agricoles, en accord avec notre priorité pour l'économie productive plutôt que la spéculation financière. Le travail plutôt que le capital ! Autre sujet sur lequel nous voulons convaincre nos partenaires dans la perspective d'un gouvernement de Gauche : la priorité à l'agriculture paysanne pourvoyeuse d'emplois et respectueuse des écosystèmes. La politique, c'est faire des choix dans le soutien aux différents modèles agricoles. |
Bonjour, president du syndicat agricole MODEF de l'Allier (03),je me préocupe beaucoup des petites et moyennes exploitations agricoles si importantes dans l'existance du tissus rural.Pour moi je pense qu'il serait bienvenu dans votre programme ( vue la situation dans laquelle se trouve bon nombre de nos collegues), de prévoir une proposition visant à un désendettement des petites et moyennes exploitations agricoles garantes de l'autonomie alimentaire de notre pays ,productrice d'une alimentation saine et d'un comportement positif sur l'environnement .Nos exploitations familiales ayant pour beaucoup investie dans des periodes fastes afin d'ameliorer leur outil de travail, se retrouvent aujourd'hui acculées financierement par cinq années d'augmentation vertigineuse des charges.Seriez vous pret Monsieur MELANCHON à étudier cette proposition avec nos syndicats et en faisant en sorte bien sur que seule les petites et moyennes structures en soient bénéficiaires? Le malaise est grand dans nos campagnes( même s'il est occulté par bon nombre de politique),ne nous decevez pas et je pense que nous pourrons faire du bon travail ensemble. Amicalement et bonne campagne, Jean pierre FOURNIER . |
Ambroise Mazal: Merci pour cette question en cours de tchat. Il est effectivement nécessaire de reconstituer un pôle bancaire dédié au soutien aux agriculteurs et bien évidemment aux exploitations les plus pourvoyeuses d'emploi. Il ne nous paraît pas acceptable que le Crédit Agricole ait été destitué de cette vocation. Par ailleurs, vous soulignez à juste titre la question de l'endettement des exploitations qui est la source notamment du désespoir de nombre de producteurs (en particulier dans le bassin allaitant de votre région) et qui parfois les acculent jusqu'au suicide. OUI, un plan de désendettement des exploitations est nécessaire auquel les pouvoirs publics, les syndicats et les acteurs économiques doivent être associés. Mais c'est aux causes qu'il faut s'attaquer : d'une part, arrêter d'encourager systématiquement à l'investissement (par exemple, l'octroi d'aides uniquement pour une plus grande mécanisation et non pour l'autonomie des systèmes agronomiques), d'autre part, enrayer l'érosion des prix et des revenus qui pousse à la concentration des outils de production. |
Question de Pascal: quand es que vous allez remettre les feneants au boulot diminuee le rsa et faite bossee les feneant au moin 6 h par jour dans les commune et quand vous allez arretez la flambee des prix dans les grd surfaces |
Ambroise Mazal: Je ne suis pas sûr que les 4 millions de chômeurs et les bénéficiaires du RSA soient des "fainéants"… Je vous invite à reconsidérer votre question… |
Question de laurent: Bonjour, Comment se positionne le front de gauche par rapport au projet france milck board ? Comment le FdG limitera les importations de produits laitiers issues des pays hors UE ? S'installer en production bio quand on a plus de quarante an est quasi impossible (aucune aide): que proposez-vous ? Que comptez-vous faire pour que le prix du lait tienne compte du prix de revient (415 euros/1000 L en france)? Au plaisir de vous lire. Vive l'insurection citoyenne !!! |
Ambroise Mazal: Le projet France milk board est la déclinaison française d'une initiative de producteurs européens pour tenter de répondre au démantélement des quotas laitiers à l'horizon 2015. C'est une démarche que nous saluons dans la mesure où l'objectif semble être que les producteurs puissent s'appliquer eux-mêmes une discipline pour maîtriser les volumes de production, et par là garantir un niveau de prix qui soit rémunérateur (élaboration d'un contrat avec un prix de base en fonction d'un volume)...ce qui semble toutefois un exercice difficile. Surtout, c'est la fin des quotas laitiers, formidable outil de régulation, que le Front de gauche juge dramatique ! C'est le transfert au privé de la gestion des volumes, dans un contexte où des dizaines de milliers de producteurs vont devoir "négocier" avec quelques centrales d'achats, dans un rapport de force tout à fait inégal. Nous sommes pour la régulation publique des volumes que ce soit au niveau interne (quotas) comme externe (tarifs douaniers ajustables à nos besoins). Cet équilibre production/consommation est indispensable pour pouvoir fixer un prix minimum imposé aux centrales d'achat de tous types. C'est la seule façon de garantir des revenus ! Et permettre l'installation, y compris pour des plus de 40 ans, qui devront pouvoir bénéficier d'aides dans le cadre de notre objectif de créer 300 000 emplois en 5 ans. |
Question de capitaine: je suis retraitè j ai cotisè 15 ans regime general cotisè caisse des cadres je touche 273 euros par mois cotisè 25 ans MSA 650 EUROS par mois .on ne prend pas les 25 meilleurs annees pour le calcul de ma retraite motif cotisé a 2 retraites differentes.mederic malakof dirigè par qui ? aucun recours personne ne peux m aider je sais que je devrais toucher beaucoup plus.il mon trouvé moins de 500 points agir pour ne pas me verser la caisse de cadre.fere de sarko a la tete de malafof mederic.c est du vol!!!font des moyennes annuelles meme si vous avez cotisé 2 mois dans une annee tout ceci pour diminuer le montant de votre retraite . |
Ambroise Mazal: Les retraites agricoles sont un scandale ! Le Front de gauche mettra en place une grande réforme de manière à 1) assurer une retraite de minimum de 1000 euros (85% du SMIC), 2) assurer le transfert des droits de retraite aux conjoint(e)s de chef d’exploitation qui souvent ont travaillé sans jamais cotiser. C'est une question de justice sociale, mais un meilleur niveau de retraite permettra aussi de permettre à des retraités de transmettre leurs exploitations à de futurs paysans, plutôt que de devoir vendre l’outil de production pour financer la retraite. |
Question de bearnais64: face a la flambée des prix du pétrole , pourquoi ne pas développer la filière de huile végétale pure (HVP) , personnes ( candidats) ne parle de cette alternative , y a t'il un loobing entre petroliers ,constructeurs automobiles , l état ????????? |
Ambroise Mazal: L'huile végétale pure est intéressante au niveau d'une exploitation pour l'autoconsommation, voire au niveau d'un bassin de production où la culture d'oléagineux est forte par exemple pour approvisionner des transports en commun. Mais attention à ne pas reproduire le scandale des agrocarburants, qui détourne des produits alimentaires pour nos moteurs, ce qui accroît les tensions sur les prix et n'est pas toujours pertinent sur le plan de l'efficacité énergétique tout en coûtant très cher aux contribuables via les aides spécifiques. |
Question de le go 53 compter vous réintroduire les kolkhoses ? |
Ambroise Mazal: A votre avis… Soyons sérieux ! Et "ré-introduire" impliquerait qu'il y en ait eu en France…. Je rappelle par ailleurs l'engagement historique du PCF après la guerre pour défendre l'exploitation familiale par exemple avec les lois sur le fermage. Mais aujourd'hui, le libéralisme qu'on nous impose crée non pas des kolkhoses, mais des méga-exploitations privées de plus en plus grandes et hors sol, au dépend des petits producteurs, c'est contre cela aussi que nous nous engageons. |
Question de kristouf: Deux questions : Beaucoup d'agriculteurs se posent aujourd'hui la question du comment faire évoluer leur pratiques agronomiques pour faire évoluer le respect des sols et du vivant et pour économiser en intrants de façon générale (fertilisation, phytos). Souvent, de nouvelles pistes comme l'agriculture de conservation des sols, la méthode Franquet de réduction de dose ou le changement d'alimentation des animaux pour augmenter la qualité nutritionnelle des denrées alimentaires (ex: oméga 3) tout en se passant du soja OGM, représentent des alternatives à l'agriculture intensive. Ces pistes sont priviligiées par des agriculteurs qui ne peuvent pas passer au bio mais qui cherchent à gagner en durabilité. Malheureusement, ces pratiques nécessitent des phases de transition dont le surcoût ne peut être absorbé dès la première année de mise en pratique car elles sont difficiles à mettre en oeuvre (ex: se passer du labour grâce aux couverts environnementaux). Vous parler de planification écologique mais nous ne savons trop ce que vous y mettez en matière agricole si ce n'est l'unique voie du développement de l'agriculture biologique. Votre ministère de l'agriculture compte t'il être attentifs à ces nouvelles pistes et soutiendra t'il par des moyens ambitieux ces nouvelles alternatives ? Autrement dit, êtes vous prêts à ne pas soutenir que l'agriculture bio dès lors que des pratiques plus respectueuse de l'environnement peuvent être développer au sein des exploitations dites aujourd'hui "intensives". Dernière question : allez vous soutenir l'idée que le prix de revient médian de nos productions puisse et doit pèser dans la composante prix et que comptez vous faire face spéculation sur les denrées alimentaires et les matières premières de façon générale ? |
Ambroise Mazal: Votre question est tout à fait pertinente : nous parlons bien de soutien à une agriculture "paysanne" ou de "qualité" pour une transition "écologique" de l'agriculture, tous ces termes regroupant l'ensemble des démarches d'alternatives à l'agriculture intensive, qui sont bien heureusement diverses et non pas cantonnées à l'agriculture biologique qui reste cependant peut-être la filière dont la méthode est la plus clairement définie. Mais nous souhaitons effectivement favoriser par une réorientation des aides toutes les démarches de qualité et de bon sens agronomique, telles que complémentarité culture/élevage, systèmes herbagers et d'autonomie protéinique, rotation intelligente des cultures permettant un recours exceptionnel aux produits phytosanitaires, etc. Nous comptons pour cela travailler main dans la main avec la multitude des acteurs qui ont su faie vivre ces alternatives et disposent d'une intelligence collective et d'un savoir-faire technique considérables. Mais n'oublions pas qu'au-delà de la conscience et de l'éthique individuelle il faudra pouvoir encourager la transition d'une majorité des producteurs, grâce à la valorisation des aides aux petites fermes (prime à l'actif), et une politique de prix qui permette une visibilité à long terme. |
Question de Patrique: Plusieurs pays européens avec des gouvernements socialistes ou conservateurs mènent une politique agricole de dumping social par le versement de salaires largement inférieur au SMIC. Comment comptez-vous lutter contre cette concurrence déloyale sans dénoncer les traités européistes qui autorisent cette pratique? |
Ambroise Mazal: Vous avez raison, c'est bien de cela qu'il s'agit : dénoncer les traités actuels qui permettent ce dumping social.Le Front de gauche est pour une harmonisation par le haut des conditions salariales entre partenaires européens, comme d'ailleurs les syndicats. Personne n'aura à gagner aux fausses solutions proposées par Nicolas Sarkozy, qui propose démagogiquement de baisser les cotisations et charges patronales, ce qui ne fera qu'aggraver les comptes de la sécurité sociale. |
Question de Patrique: Comptez-vous supprimer le racket des CVO ? |
Ambroise Mazal: En supprimant les malnommées "cotisations volontaires obligatoires", comme le Front de gauche s'y est engagé pour faire cesser ce qui s'apparente effectivement à du racket. |
Question de Patrique: Comment allez-vous imposer l' arlésienne "préférencecommunautaire" aux 26 autres pays qui n' en veulent pas? Par la force ? |
Ambroise Mazal: Nous sommes le 2ème plus grand pays agricole européen. Nous avons toute la capacité diplomatique et économique de convaincre nos partenaires européens sur un sujet où tout le monde aurait à gagner, et en premier lieu les producteurs et consommateurs,. C'est la philosophie du Front de gauche de construire ensemble une autre politique européenne, plus juste, plus ambitieuse dans le sens de l'intérêt général. |
Question de th: limiter les aides pac à 30 000 euros, 12 fois le plafond de la sécurité sociale permettrait déconomiser combien sur le budget européen? |
Ambroise Mazal: Le critère pertinent de limitation des aides doit surtout être 1) l'actif agricole, c'est-à-dire l'emploi, qui contribue au développement, et 2) la production, pour éviter des situations de rente pour les gros propriétaires fonciers. |
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