La France flirte avec la limite de son statut « indemne », le plan de lutte révisé

La France flirte avec la limite de son statut « indemne », le plan de lutte révisé

La France connaît actuellement une augmentation du nombre de foyers de tuberculose bovine. Bien que faible, le nombre de cas recensés en 2011 flirte avec la limite fixée au niveau européen pour garantir le statut de la France « indemne à la tuberculose ». Dans ce contexte le ministère de l’Agriculture travaille avec les professionnels de l’agriculture et de la chasse à la révision du plan de lutte contre la maladie.

Tuberculose bovine.
Il ne faut pas oublier que la tuberculose bovine est transmissible à l’homme, d’où un risque pour les éleveurs. Le français « lambda », lui, est beaucoup moins exposé puisqu’il n’est pas en contact direct avec les animaux. (© Terre-net Média)

Depuis quelques années, la France voit une augmentation de son nombre d’exploitations agricoles touchées par la tuberculose bovine. Le dernier cas en date concerne un troupeau de vaches allaitantes du Béarn, confirmé au début du mois de mars.

Si environ 220 cas de tuberculose bovine étaient recensés dans les exploitations agricoles entre le 1er janvier et le 31 décembre, l’Union européenne pourrait retirer à la France son statut « d’officiellement indemne de tuberculose ». Avec 185 foyers en 2011, la France flirte avec cette limite. Sur les trois premiers mois de l’année, il est difficile d’obtenir les premiers chiffres officiels concernant le nombre de cas inventorié. Pourtant, pour l’année en cours, le ministère de l’Agriculture estime que la tendance sera la même qu’en 2011.

La France a obtenu en décembre 2000 le statut « officiellement indemne de tuberculose » bovine délivré par la Commission européenne. Un pays décroche ce statut lorsque le nombre d'élevages indemnes atteint les 99,9 % de la totalité.

Evolution du nombre de cas de tuberculose en France.
Ce graphique représente l’évolution de l’incidence et de la prévalence de la tuberculose depuis 1995. L’incidence représente le nombre de nouveaux cas apparus en un an par rapport à la population totale bovine de l’année du calcul. La prévalence représente le nombre de foyers existants qui n’ont pas récupérés leur statut « indemne ».
Cliquez sur le graphique pour l'agrandir. (© Bulletin épidémiologique, santé animale et alimentation n46)

 

La révision du plan, moins contraignant pour les éleveurs, d'après certains professionnels

Les révisions du plan de lutte présenté à l’Europe en mai prochain, intègre dans son protocole le test à l’interféron gamma.
Actuellement utilisé de manière expérimentale et depuis quelques années dans certains départements, les professionnels de la santé animale n’auraient observés aucune erreur dans l’analyse de ses résultats. Intégré dans le protocole de dépistage des élevages en complément des tests cutanés, il permet de lever certaines « suspicions » sur un élevage plus rapidement, en précisant des réactions non spécifiques du test cutané. Autrement dit, il permet de réduire le temps de « blocage » (due aux mesures de prévention mises en œuvre en cas de suspicion, par exemple, transfert d’animaux interdit, etc.) d’au moins un mois des élevages suspectés d’être contaminés par la tuberculose bovine.
Si l’Europe venait à refuser son utilisation de manière officielle dans le cadre du nouveau plan de lutte, le protocole de lutte contre la tuberculose bovine resterait contraignant pour les éleveurs.
Les temps de blocages des élevages pouvant atteindre 3 mois, les conséquences économiques continueraient être importantes compte-tenu par exemple de la dévaluation du prix de la viande lorsque les animaux sont présentés à l’abattoir et aussi de l’impossibilité de vente d’animaux vers l’élevage en cas de suspicion.

Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture cherche à renforcer la prophylaxie : « Pour maintenir notre statut, nous sommes obligés d’avoir un contrôle très strict. Nous travaillons à la mise en place d’un nouveau dispositif de surveillance avec les professionnels du secteur agricole et de la chasse ».
Ce dispositif consoliderait le plan existant avec un système de dépistage plus rapide intégrant par exemple le test à l’interféron gamma (pour une identification plus précoce de la maladie) et l’augmentation du nombre de tests par intradermotuberculination comparative (afin de différencier les modes de contamination, aviaire ou bovine). Des abattages de bovins suspectés, pour diagnostics complémentaires, seront également effectués dans les prochains mois.

Des conséquences non négligeables

Le nouveau plan de surveillance prévoit aussi une plus grande intégration des acteurs de la chasse, car la faune sauvage constitue aujourd’hui « un réservoir et un vecteur » de la maladie. Le ministère rappelle à ce sujet que ce sont « les bovins, qui, en premier, ont transmis la tuberculose à la faune sauvage et qu’il ne faut pas faire porter toutes les responsabilités à cette dernière ». Dans les zones où les « réservoirs » sont les plus importants, des plans de chasse sont à prévoir pour éviter les contaminations. Ce nouveau plan de surveillance sera présenté en mai 2012 à l’Union européenne.

Si la France perdait son statut « indemne de tuberculose » des conséquences non négligeables seraient à prévoir. Pour importer des animaux, certains Etats exigent par exemple que le pays d’origine soit certifié « indemne de tuberculose ». Les exportations pourraient ainsi diminuer.

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