
Une étude menée sur de jeunes taurillons de race Salers a montré que la complémentation en concentrés des broutards pénalise les performances zootechniques et économiques, tandis que l’apport supplémentaire de lait les améliore. D’où l’intérêt de conserver et d’améliorer le potentiel laitier des races allaitantes.
![]() Le potentiel laitier des vaches de race Salers apparaît comme un élément clé de la performance économique des itinéraires de production de broutards et taurillons. « On peut s’attendre à ce que le bénéfice apporté par cet apport supplémentaire en lait soit aussi marqué chez des races à plus fort potentiel de croissance et à potentiel laitier moindre, comme la Charolaise et la Limousine », indique Bernard Sepchat. (© Terre-net Média) |
« Une conduite alimentaire avec du lait et des fourrages favorise le développement musculaire des broutards », explique Bernard Sepchat, de l’Inra de Clermont-Theix, durant les journées Rencontres et Recherches sur les Ruminants (3R).
En effet, une étude menée sur de jeunes taurillons de race Salers a montré que l’apport supplémentaire de lait améliore les performances zootechniques et économiques tandis que la complémentation en concentré des broutards aurait tendance à pénaliser ces performances. Cette étude met en cause l’utilisation de concentré sous la mère et confirme l’importance de la quantité de lait bu sous la mère et donc du maintien d’un potentiel laitier élevé des vaches Salers pour les élevages naisseurs mais aussi naisseurs-engraisseurs.
Effets bénéfique du lait avant et après le sevrage
Trois lots (« Contrôle », « Concentré », « Lait ») de 48 broutards Salers ont été suivis de 3 mois jusqu’au sevrage à 9 mois. Les trois lots avaient deux tétées par jour sous leur mère et du foin à volonté. Le lot Concentré recevait en plus une complémentation en concentré et le lot Lait bénéficiait d’une tétée journalière supplémentaire sous une vache laitière. Après sevrage, les animaux ont été engraissés avec un régime commun composé de 40 % de foin et de 60 % de concentré, puis abattus à un poids vif de 650 kg.
La croissance avant sevrage a été supérieure pour les lots Lait et Concentré par rapport au lot Contrôle, puis identique dans les trois lots en engraissement. Les animaux du lot Lait ont bu 800 kg de lait supplémentaire mais ont ingéré 40 % de concentré en moins que ceux du lot Concentré.
En phase sous la mère, les lots Concentré et Lait ont une croissance significativement supérieure au lot Contrôle. Il faut noter que le lot Contrôle a réalisé une croissance de 1,160 kg/j sans apport de concentré. En phase d’engraissement, pour arriver au même poids à l’abattage, le lot Contrôle a mis 30 jours de plus que le lot Lait et 15 jours de plus que le lot Concentré.
Pour en savoir plus sur cette étude, cliquez sur : Taurillons Salers . (© Terre-net Média) |
+ 123 €/ taurillon avec des vaches laitières
A même poids d’abattage, la marge brute dégagée par le lot concentré est inférieure de 85 €/taurillon par rapport au lot Contrôle, mais la durée d’engraissement est raccourcie de 15 jours. En apportant le lait supplémentaire aux prix du lait vendu en laiterie ou de la poudre de lait, les résultats sont plus faibles. En produisant le lait avec des « tantes » (vaches laitières), le lot Lait rapporte 123 € supplémentaires par animal par rapport au lot Concentré et 40 € supplémentaires par rapport au lot Contrôle.
D’après les auteurs de l’étude, l’apport de concentré avant sevrage n’est plus tellement intéressant dans la situation actuelle et à venir, vu le niveau des prix atteints par les céréales, les oléo-protéagineux ainsi que les sous-produits (tourteaux) qui sont rares et chers à transporter. Le lait de sa mère et l’herbe, bien valorisés, doivent pouvoir satisfaire les besoins du broutard (autonomie). Les concentrés peuvent pallier un déficit exceptionnel et passager.
Un supplément de lait par des « tantes » apporte un bénéfice économique. Pour cela, il faut introduire des vaches laitières, même à faible production, dans les troupeaux allaitants en constituant des lots de mâles qui devraient, au pâturage, téter en plus de leur mère une laitière partagée avec d’autres broutards pour ne pas surcharger le travail de l’éleveur. Ce système supposerait une répartition équilibrée du lait bu sous les tantes, donc une compétition limitée dans l’accès à la ressource et une période d’adaptation surveillée. Les vaches laitières dociles ont montré une bonne acceptabilité.
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