
Les ensilages de maïs de cet été contiendraient 20 à 30 % de mycotoxines de plus que les années précédentes. Issues de champignons qui se développent sur la culture ou au stockage, les mycotoxines s’accumulent dans l’organisme et peuvent troubler les fonctions de reproduction.
![]() L’excès de mycotoxines dans la ration peut engendrer une baisse d’appétit, des variations hormonales (œstrogènes), des problèmes cutanés (exéma) ou digestifs (hémorragie intestinale, perturbation de la flore ruménale), « Afin d’éviter les intoxications par les mycotoxines sur bovins il faut d’abord maîtriser le risque d’acidose. En effet, si le rumen fonctionne correctement, la plupart des mycotoxines sont détruites par la flore ruménale. Seule la zéaralénone résiste à la flore bactérienne », précise Thomas Aubineau, vétérinaire au Gds 35. (© Terre-net Média) |
Acidose et mycotoxines : le cocktail explosif
« En cas de chute de la production laitière ou de difficultés de reproduction, on ne soupçonne pas forcément les mycotoxines en premier lieu, fait remarquer Emmanuel Pruvost. Ces baisses de production n’arrivent pas sur toutes les vaches au même moment. Le risque est plus élevé sur les hautes productrices qui ingèrent davantage. Certaines vaches vont résister plus ou moins longtemps, jusqu’au jour où elles vont craquer car le foie ne parvient plus à détoxifier ces toxines. Cette année, avec des ensilages riches en amidon et à forts taux de matière sèche, beaucoup de vaches sont en limite d’acidose. Sur ces animaux fragiles, les mycotoxines risquent alors de mettre le feu aux poudres ».
D’après Thomas Aubineau, vétérinaire au Gds 35, « si le rumen fonctionne correctement, la plupart des mycotoxines sont détruites par la flore ruménale. Seule la zéaralénone résiste à la flore bactérienne ».
Les toxines non dégradée s’accumulent dans l’organisme. Des études ont démontré que des micro-doses de mycotoxines ingérées sur des périodes de plusieurs mois, pouvaient être parfois beaucoup plus toxiques qu’une forte dose ingérée sur une courte période. « On sait également que les mycotoxines peuvent s’additionner, s’accumuler ou encore avoir des effets synergiques », précise Emmanuel Pruvost.
Perturbe la production d’œstrogènes
L’organisme de l’animal dégrade plus ou moins bien les mycotoxines selon leur type. Certaines sont partiellement dégradées et les métabolites secondaires qui en sont issus peuvent être trois à quatre fois plus toxiques que la mycotoxine elle-même. C’est par exemple le cas pour la zéaralénone qui perturbe la production d’œstrogènes, induisant des troubles de la fertilité et de mortalité embryonnaire.
« En cas de doute, quelques laboratoires proposent d’analyser la ration sur une quarantaine de mycotoxines et de métabolites secondaire. Il est plus judicieux de procéder à une analyse de la ration complète sur plusieurs jours, plutôt qu’uniquement sur le silo de maïs », précise Emmanuel Pruvost.
D’après Arvalis, les techniques culturales simplifiées, sans labour, peuvent accroitre par quatre la production de mycotoxines. (© Terre-net Média) |
Les techniques culturales simplifiées favoriseraient les fusarioses
Afin d’aider l’organisme des animaux à éliminer ces toxines, il faut diluer le fourrage contaminé en diversifiant les apports, lorsque cela est possible, ou en faisant pâturer. Les leviers d’actions sont principalement d’ordres agronomiques. « On distingue les mycotoxines liées à la culture de celles liées au stockage », explique Emmanuel Pruvost.Les mycotoxines de culture, ou de champ, sont sécrétées par des champignons de type fusarium comme les trichothécènes, les Don, la zéaralénone et les fumonisines. Les fusarium se développent en période humide lors de la floraison de la plante et vont produire des maladies fongiques : les fusarioses. D’après Arvalis, les techniques culturales simplifiées, sans labour, peuvent accroitre par quatre la production de mycotoxines. « Sur les parcelles à risque fusariose élevé, en monoculture de maïs ou dans les rotations courtes, mieux vaut enfouir les résidus de culture avec un labour », conseille Emmanuel Pruvost.
Au stockage, il faut éviter les silos sales et mal tassés. Les moisissures se remarquent dans le silo par des zones bleu-vertes (penicillium) ou rouges vif (Monascus ou Fusarium). « Il faut également être vigilant en période de mise à l’herbe, lorsque le silo avance moins vite et chauffe, ce qui est propice au développement des mycotoxines de stockage (aflatoxines, ochratoxines-citrinine, patuline,…) »
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