La Fnsea favorable pour ouvrir les interprofessions à la CR et la CP

La Fnsea favorable pour ouvrir les interprofessions à la CR et la CP

Xavier Beulin, président de la Fnsea a tiré un trait sur l’ère Sarkozy en jouant la carte de l’ouverture syndicale à deux mois de l’élection présidentielle, pour qu’elle ne le lui soit pas imposée. Après des années de crise, il est vrai que l’organisation hégémonique de l’ensemble de la profession agricole autour du syndicat est contestée de tous bords depuis des années, jusqu’au gouvernement.

 président de la Fnsea expliquant la participation du syndicat au Salon de l'agriculture.
Xavier Beulin, président de la
Fnsea expliquant la participation
du syndicat au Salon de
l'Agriculture. (© Terre-net Média)

A deux mois de l’élection présidentielle, la Fnsea tourne une page de l’histoire agricole. Plutôt que de se voir imposer l’entrée des syndicats agricoles minoritaires dans le collège des producteurs des interprofessions par un nouveau gouvernement de gauche, si les résultats du prochain scrutin présidentiel sont conformes aux sondages qui donnent François Hollande  grand gagnant, le syndicat majoritaire semble vouloir prendre les devants en jouant la carte de l’ouverture.

Xavier Beulin, son président, a tiré un trait sur l’ère Sarkozy qui tente, à la veille de l’inauguration du Salon international de l’Agriculture, le 25 février prochain, de se réconcilier une énième fois avec le monde agricole en accordant au magazine La France Agricole une interview commandée par l’Elysée.

Selon la plume dans les champs (blog agricole du Figaro), « le conseil d'administration de la Fnsea a voté ce jeudi après midi 23 février 2012, à une très large majorité, la pluralité syndicale dans les interprofessions agricoles ». Le président de "l'ouverture", a annoncé cette évolution importante ce 24 février au siège du syndicat rue de la Baume à Paris.

Ce n’est pas la Fnsea qui a subitement changé d’avis - son ancien président, Jean Michel Lemétayer a toujours combattu l’entrée dans les interprofessions en expliquant que ces organisations de droit privé ont la liberté de choisir qui devait y siéger– c’est le vent qui tourne.

« L’ouverture de l’Interprofession au pluralisme
syndical devenait incontournable »

Mais rien n’est acquis. Faire rentrer les syndicats minoritaires dans les interprofessions suppose les accords des autres collèges qui les composent (coopératives, industriels entre autres). Mais la décision de la Fnsea pèsera de toute son influence pour que les autres familles des interprofessions suivent le mouvement.

Les premières réactions sont du reste positives. La Fnil (industrie laitière)  « enregistre avec satisfaction la proposition de la Fnsea d’ouvrir le collège ‘’production’’ des interprofessions à tous les syndicats de producteurs représentatifs ». « L’ouverture de l’Interprofession au pluralisme syndical devenait incontournable », ajoute la Fédération.

Xavier Beulin écrit aux Fdsea, Frsea
et associations spécialisées

Suite au vote du Conseil d'administration de la Fnsea sur la pluralité syndicale dans les interprofessions, Xavier Beulin a adressé un courrier aux Fdsea, Frsea et associations spécialisées pour expliquer ce vote.
« La dureté du contexte économique et la prise en compte des évolutions européennes nous ont conduits à proposer d'ouvrir la réflexion sur un élargissement du collège de la production dans nos interprofessions

Lire la lettre de Xavier Beulin ici.

L’organisation hégémonique de la Fnsea sur l’ensemble de la profession agricole a été très contestée de tous bords ces dernières années, jusqu’au gouvernement. Bruno Le Maire, a été le premier des ministres de l'agriculture à travailler avec tous les syndicats et surtout à se rendre durant son mandat à tous leur congrès. En janvier dernier, une de ses recommandations faite à la profession agricole était l’ouverture des interprofessions.

En cette période de contractualisation, il est important que les agriculteurs soient unis pour faire face aux industriels. Mais la question des Cvo et de leur collecte pourront susciter de profonds désaccords même si sur le plan juridique les syndicats minoritaires n’obtiennent pas gain de cause.

Le pluralisme doit s'imposer

Ces derniers mois, l’entrée des syndicats minoritaires dans les interprofessions a fait l’objet de rudes combats syndicaux. On se souvient de la grève de la faim de plusieurs responsables de la Confédération paysanne, qui a témoigné la volonté du syndicat de Bagnolet de ne pas en découdre.  Aujourd'hui réjouis, ils seront vigilents sur la suite qui sera donnée. Ils souhaitent que « le nécessaire apport du syndicalisme agricole au bon fonctionnement de la démocratie devra être une priorité du futur Ministre de l’Agriculture, quel qu’il soit ». 

Elections Chambres d’agriculture

L’approche des élections des Chambres d’agriculture de 2013 n’est probablement pas non plus étrangère à la décision du syndicat majoritaire. L’ouverture de l’Interprofession au pluralisme syndical montre que la Fnsea est prête à aborder cette échéance professionnelle en confrontant ses positions avec celles de la CP et de la CR sur sujets de fond. Ce qui évitera ainsi des débats stériles et de bon sens sur les questions de représentativité.

La Coordination rurale attend, pour sa part, avec impatience de pouvoir discuter des modalités concrètes de sa participation aux interprofessions, qu'elle entend bien ne pas limiter au rôle de figurant impuissant.

L’ouverture des interprofessions aux syndicats minoritaires « ne doit pas être un leurre visant à rendre les autres syndicats simple caution des décisions prises. Pour la CR en effet, ce n'est pas seulement la ‘’pluralité’’ qui doit s'imposer aux interprofessions, mais bien le pluralisme. »

Mais en production laitière, cette ouverture exclut d’emblée l’Apli, qui n’est pas un syndicat représentatif, et pourrait marginaliser l’Office du lait. Enfin, elle validerait une organisation verticale des producteurs défendue par la Fnpl vis-à-vis des collecteurs.

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