L’Aei, Agriculture écologiquement intensive, fait beaucoup parler d’elle. Et un tel engouement ne peut s’imaginer sans un retour sur investissement à la hauteur des efforts à fournir. En effet, avec ce concept, se profile une mutation profonde des pratiques pour réussir à produire plus et mieux. Pourtant, alors que son nom semble sorti tout droit d’un manuel de marketing, les adeptes de l’Aei prêchent pour une démarche fédératrice dénuée de toute velléité pécuniaire.
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Pourtant, telle une marque déposée, le nom Aei a contribué à la diffusion du concept : associer écologique et intensif suscitant l’intérêt et le débat. Hubert Garraud, président de Terrena, soupçonnée de vouloir reprendre l’idée à des fins économiques, défend l’implication de sa structure. Il explique « qu’une coopérative se doit d’assurer la pérennité de l’activité agricole en accompagnant le changement ».
Engagement financier
Aujourd’hui, Agrial, Terrena et Triskalia ont décidé de créer, avec trois écoles (Agrocampus Ouest, groupe Esa et Oniris), une chaire école-entreprise dédiée à l’Aei. Les coopératives consacreront plus d’un million d’euros sur cinq ans au financement de programmes d’enseignement et de recherche. Un engagement financier en contrepartie duquel les investisseurs pourraient espérer une meilleure valorisation des productions.
Marie-Laure Louboutin, responsable développement durable de Triskalia, avoue pourtant qu’il n’y a pas, à ce jour, « d’axe de valorisation possible pour les produits issus de l’Aei ». « La réglementation concernant les étiquettes alimentaires et l’arrivée de l’étiquetage environnemental rendent la démarche trop complexe. Agri Confiance commence seulement à trouver un écho auprès des consommateurs, alors que la certification existe depuis vingt ans. »
Une valorisation complexe
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Selon Hubert Garraud, l’Aei crée une chaîne de valeurs « grâce aux retours sur investissement obtenus d’une culture à l’autre dans la rotation et parce qu’elle rompt la dépendance économique aux intrants ». Lors des Entretiens 2011 de l’association, les intervenants ont confirmé que les systèmes orientés vers l’Aei n’étaient pas pénalisés économiquement.
La distribution s’engage
L’agriculteur et l’ensemble des acteurs du monde agricole semblent pouvoir y trouver leur compte. L’Aei n’a donc pas plus d’ambitions ? Et la reconnaissance des consommateurs, de la société civile ? Une lueur d’espoir se dessine avec l’adhésion de Système U à l’association. Cependant, Thierry Desouches, responsable des relations extérieures au sein du groupe, précise que l’enseigne vise une démarche vertueuse plutôt qu’une opération de communication.
« Nous cherchons à privilégier, pour nos produits, des pratiques qui reflètent les évolutions positives de l’agriculture, en restant modestes et pragmatiques, dans une démarche constructive à long terme. Il ne s’agit pas de faire du green washing (utilisation abusive des valeurs écologiques, Ndlr). » Mais, de toute façon, le sconsommateurs sont ils prêts à payer pour la qualité ? D’après un sondage Tns-Sofres de 2008, seuls 25 % d’entre eux déclaraient porter attention aux signes de qualité sur les produits alimentaires. Pour 78 % , le prix reste le premier facteur déterminant l’acte d’achat.
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Christine Le Vacon, éleveuse laitière au Foeil dans les Côtes-d’Armor : « Une question d’image »
L’Aei reste pour l’instant cantonnée au monde agricole. Pourtant, les gens sont demandeurs. Aujourd’hui, tout le monde ne peut pas acheter bio à cause du prix. Alors des produits moins chers avec une qualité environnementale supérieure, cela relève de l’intérêt de tous. Peut-être plus tard, l’Aei nous permettra d’être payés plus. Pour l’instant, nous faisons des efforts surtout pour une question d’image. » |
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Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°12 Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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