La vocation de l’agriculture française est d’être compétitive

La vocation de l’agriculture française est d’être compétitive

Le premier groupe coopératif français s’est livré à une ovation de la compétitivité de l’agriculture avant de clore son assemblée générale, alors même que les programmes de certains candidats à la présidentielle, juste publiés, en bannissent l’expression. Ils promeuvent l’agriculture paysanne et les circuits de proximité.

Vincent Chattelier, chercheur Inra
Vincent Chattelier, chercheur Inra (© Invivo)

Que la France renonce à être compétitive est inconcevable selon les participants de la conférence « Compétitivité de l’agriculture française : de quoi parle-t-on ? » du 26 janvier dernier. Car notre pays serait alors conduit au déclin en n’exploitant pas ses atouts et en ne relevant pas, à son niveau, le défi alimentaire mondial. Et il se ferait même dépasser par ses concurrents alors qu’il a les moyens de leur faire face.

Or l’agriculture française est habitée par la compétitivité, selon les intervenants de la conférence. D’abord par son climat, par sa situation géographique et par ses terroirs à l’origine de la diversité de sa production agricole. Des huit grands exportateurs mondiaux de céréales, la France est le seul pays fiable dans la durée en étant en mesure d’offrir des volumes de grains à l’export stables. « Sept pays toussent en effet pour des raisons climatiques, pas la France », a déclaré Vincent Chatellier de l’Inra invité à participer à la Conférence.

Philippe Mangin, président d'Invivo.
Philippe Mangin, président d'Invivo. (© Invivo)

La compétitivité est aussi fruit du travail des agriculteurs, capables de produire du blé au cours mondial et d’exporter chaque année toujours plus de produits laitiers. La filière viande bovine est sur de bons rails pour battre des records dans le Moyen Orient et en Asie. Résultat, la France doit à ses agriculteurs le solde des échanges commerciaux agroalimentaire qui est pour 2011 de 11,4 milliards d’euros pour 2011.

La compétitivité de la France vient aussi des ressources agronomiques encore inexploitées. En Europe occidentale, notre pays est le seul à être en mesure d’accroître sa production laitière et de viande bovine, car ses systèmes de production sont parmi les moins intensifs. Evidemment, la fin des quotas impose des gains de productivité. Mais selon Torsten Hemme, d’Inter Farm Comparaison Network, les modèles familiaux auront toujours leur place à condition toutefois de s’inscrire dans une nouvelle dynamique en accroissant la production de lait de 8 à 10 % par an pour la doubler en huit ans. Il n’y a plus la place pour des systèmes subventionnés qui limitent les capacités de développement, car il faudra produire d’ici 15 ans, au moins 200 millions de tonnes de lait en plus, soit 8 fois la collecte actuelle réalisée en France.

Passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats

Mais selon les intervenants de la conférence d’Invivo, la compétitivité de l’agriculture française est aussi celle qui a été perdue et qu’il est urgent de reconquérir. Ce qui suppose de prendre les mesures plus efficaces pour réduire la consommation de foncier et mais aussi pour investir dans la recherche afin de gagner de nouveaux quintaux en rendement sans compromettre la qualité des récoltes. Or les blés stagnent à des rendements moyens de 73 quintaux, et les taux de protéine peinent à dépasser 11,5 %.

Au niveau réglementaire, une simplification s’impose. Il faut en effet laisser produire les agriculteurs. « On est trop dans le Grenelle de l’environnement, les zones de captage et l’Ecophyto 2018 », s’exclame Vincent Chatellier.

A Bruxelles, le verdissement est à revoir. Il ne faut pas retomber dans l’ère de la décroissance du début des années 1990 en se laissant imposer des zones d’intérêt écologique de 7 % qui masquent de nouvelles jachères. Et au niveau social, pourquoi ne pas livrer bataille avec l’Allemagne en faisant appel à des ressortissants d’Europe de l’Est pour leur offrir des contrats de travail d’une durée de six mois ? On ne peut pas avoir un système distorsif sur le long terme !

En attendant, le contexte est favorable pour la France avec les enjeux du G20 qu’il reste cependant à confrmer. Et une orientation de la Pac pour 2014/2020, dotée de nombreux outils de régulation, sécuriserait les agriculteurs et les inviterait à investir davantage. Peu onéreux, ils mettront fin aux surenchères budgétaires en cette période de crise.

Mais la conférence sur la compétitivité est aussi une ovation à la coopération. Elle s’inscrit dans une volonté politique de rassemblement et un principe de réalité.

 

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