 le manque de volonté de la Commission européenne de ne pas soutenir l’élevage bovin, avec des aides couplées, pourrait signer le coup de grâce de la filière si la copie de la nouvelle réforme n’est pas revue. (© Terre-net Média) |
La situation est paradoxale. Les éleveurs contribuent à atténuer le déficit du commerce extérieur français en dégageant un excédent d’1,2 milliard d’euros (sur onze mois) pour une production de 7 milliards d’euros sans vivre décemment de leur travail.
Une conjonture mondiale favorable... y compris en Turquie !
Chaque semaine de nouveaux marchés émergent en Asie et dans le bassin méditerranéen. La conjoncture mondiale est même si favorable, que le problème à venir sera probablement de trouver des animaux à exporter pour satisfaire la demande. Dans ces conditions, l’incident diplomatique entre la France et la Turquie ne devrait pas avoir d’incidence, comme le craint la Coordination rurale dans un récent communiqué. Tout simplement parce que la Turquie ne peut pas compter sur les pays d’Amérique du Sud pour s’approvisionner. Or elle est fortement déficitaire en bovins. Dans l'Est du pays, l'activité agricole ne s'est pas développée. De nombreux kurdes éleveurs ont été chassés ces trente dernières années de leur village.
Dans le même temps, le Brésil peine à satisfaire sa consommation croissante de viande bovine et l’Argentine convertit ses prairies pour produire du maïs et du soja. L’Australie s’essouffle aussi.
La Fnb confiante sur l'export
La Fédération nationale bovine (Fnb) croît durablement en l’export, aussi bien en Europe que dans les pays tiers. Dans les dix prochaines années, la consommation mondiale de viande bovine devrait s’accroître de 14,5 %. Et la France qui détient 25 % du cheptel européen de vaches allaitantes, n’est plus dans ces conditions effrayée pour écouler sa production, même si sa consommation intérieure régresse dans les prochaines années.
Avoir créé un groupement d’exportations français s’avère donc être une stratégie gagnante. Il impose un nouvel équilibre dans les relations commerciales en France entre les éleveurs, les abatteurs et la grande distribution puisque l’exportation devient une alternative au marché intérieur. Les prix des jeunes bovins s’alignent sur ceux vendus à l’étranger. C’est en revanche plus dur pour les vaches de réforme.
La baisse de 100.000 du nombre de vaches allaitantes
« Il y a une vraie dynamique qui existe avec laquelle participent les services de l’état en décrochant de nouveaux certificats sanitaires», défend Pierre Chevalier, président de la Fnb. Mais de bons résultats ne peuvent à l’avenir être envisagés si les troupeaux restent indemnes de toute nouvelle infection. Or les éleveurs hésitent à vacciner leurs animaux contre la Fco depuis que les prix des vaccins ont doublé. Et il fort probable que le nouveau virus Schmallenberg d’origine allemande, répandu aux Pays Bas et en Allemagne, ne se contente pas de rester de l’autre coté de nos frontières !
Autres menaces qui pèsent sur les performances à venir de la filière bovine, est la réduction de 100.000 vaches allaitantes en raison de la sécheresse de 2011. Il en va de même pour les races laitières, compte tenu des gains de productivité observés pour réaliser les quotas. Donc au final moins de vaches, moins de veaux et moins de jeunes bovins à l'engrais.
Par ailleurs, la filière bovine souffre de l’absence de nouvelles vocations pour remplacer les générations d’éleveurs qui partiront en retraite. Enfin, le manque de volonté de la Commission européenne de ne pas soutenir, dans sa nouvelle réforme, l’élevage bovin avec des aides couplées pourrait signer le coup de grâce de la filière si la copie n’est pas revue. Sur ces points nous reviendrons ultérieurement.
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