
Etre toujours plus performant avec des troupeaux toujours plus grands: un grand écart technique pas toujours évident à faire pour l’éleveur, compte tenu du temps limité dont il dispose par animal. Or, il est de notoriété publique que la détection précise des chaleurs nécessite du temps.
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L’insémination artificielle est aujourd’hui reconnue comme étant un outil indispensable pour faire bénéficier les éleveurs des progrès en matière de qualités maternelles (facilité de vêlage, production laitière et croissance des veaux, …) tout en assurant la sécurité sanitaire des troupeaux.
« Améliorer la détection des chaleurs constitue un enjeu important pour l'ensemble des éleveurs bovins laitiers et allaitants, en termes de qualité des produits, d'organisation du travail et de rentabilité de leur exploitation », explique Claire Ponsart, de l'Unceia.
Pour améliorer cette détection, deux voies, complémentaires l’une de l’autre, sont envisageables :
- d’une part, favoriser l’expression des chaleurs chez les femelles ;
- d’autre part, mener un travail auprès des éleveurs pour une efficacité de la détection accrue.
Pour affiner la connaissance des pratiques actuellement mises en œuvre dans les élevages laitiers et allaitants français, des enquêtes ont été réalisées en 2008 dans le cadre du programme de recherche « Detoestrus ». 319 élevages répartis sur 5 zones ont été enquêtés : Blonde d’Aquitaine, Charolaise (zones Centre et Ouest), Limousine et Normande et/ou Prim Holstein.
Le programme de recherche « Detoestrus » Ce programme « Detoestrus » a pour objectif de mieux caractériser la détection des chaleurs dans les élevages laitiers et allaitants, avec trois tâches principales :
Les différents acquis du projet (références techniques, outils de simulation, vidéo de vaches en chaleurs) devraient contribuer à renouveler les argumentaires et les supports disponibles pour la formation des éleveurs. |
Entretiens individuels et collectifs
Les enquêtes se sont déroulées en deux phases : une phase individuelle, avec des entretiens de 90 mn réalisés à partir d’un questionnaire semi-directif « de façon à standardiser les réponses ».
Quatre groupes d’informations ont été recueillies sur l’élevage, le métier d’éleveur, la stratégie en matière de reproduction et les pratiques en matière de mise à la reproduction ont été recueillies. Les éleveurs notaient chaque critère sur échelle d’efficacité allant de 1 à 10.
Pour compléter ces entretiens individuels, 4 entretiens collectifs d’une durée de 2h30 ont été organisés avec 10 à 12 techniciens des entreprises d’insémination. « Il s’agissait de faire le point sur les réussites et difficultés rencontrées par les éleveurs dans la détection des chaleurs et de recueillir leur perception et leur approche du conseil sur ce thème. »
Des processus de décisions complexes et personnelles
En résumé, les résultats montrent que les pratiques de détection et les processus de décision pour la mise à la reproduction « sont complexes et personnels » poursuit Claire Ponsart. « Les éleveurs se réfèrent en grande majorité à l’acceptation du chevauchement. Les émissions de glaires sont également jugées comme fiables, alors que les signes sexuels secondaires sont moins fréquemment pris en compte par les éleveurs allaitants que par les éleveurs laitiers. De même les pratiques de conseil apparaissent très variables selon les zones ».
Les pratiques de détection mises en œuvre sont donc particulièrement diversifiées. Pourtant, « la perception des problèmes de détection n’est pas spécifiquement associée à un groupe particulier de pratiques et/ou d’éleveurs ».
Mais deux facteurs ressortent quelque soit les entretiens : le manque de temps pour la surveillance et l’expression fugace ou absente des chaleurs.
Inséminer rapidement ou attendre une confirmation
Pourtant, à y regarder de plus près, les analyses d’enquête montrent que « deux groupes d’éleveurs se dessinent : ceux qui inséminent rapidement et ceux qui attendent des signes de confirmation ». Mais, poursuit la scientifique, « ces décisions ne sont pas toujours cohérentes avec l’appréciation des signes de chaleurs observés, l’utilisation de signes sexuels secondaires étant loin d’être systématique ».
L’amélioration du taux de réussite de l’insémination pourrait être permise d’une part, par un temps d’observation allongé et par l’utilisation « d’outils adaptés au système d’élevage », comme la synchronisation.
« Les techniciens sont conscients de la nécessité d’accompagner les éleveurs qui débutent l’insémination ; les outils mis à leur disposition par leur entreprise (démarche de conseil, aide à la vasectomie des taureaux) facilitent grandement le dialogue avec l’éleveur et la mise en place de solutions permettant de remédier aux éventuels problèmes de détection », conclue Claire Ponsart.
Pour aller plus loin - Détection des chaleurs : des diffucultés spécifiques aux races, lire ici |
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