
Ces deux dernières décennies, les chefs d’exploitations porcines ont dû bon an, mal an, se tourner vers des salariés extérieurs pour faire face à l’augmentation de la taille des exploitations, mais aussi au désengagement progressif de la main d’œuvre familiale. Pourtant, force est de constater de nos jours un turn-over important du salariat à l’origine de pertes économiques notables pour le chef d’entreprise. Une étude menée en Bretagne vient tracer les contours de la recette pour fidéliser sa main d’œuvre.
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La concurrence sur les marchés, l’accroissement de la mondialisation, l’évolution sociétale, le rapport au travail… Tous ces éléments ont participé ces dernières années à l’apparition d’une profonde mutation dans l’agriculture française, marquée par le désengagement de la main-d’œuvre familiale au profit de salariés. Cette tendance se retrouve logiquement dans la filière porcine qui se distingue toutefois par un turn-over plus important des salariés par rapport aux autres filières agricoles.« Le rapport offres d’emploi / salariés disponibles, très favorable aux salariés, facilite les changements d’exploitation », détaillait Caroline Depoudent (Chambres d’agriculture de Bretagne) à l’occasion des 42e Jrp à Paris.
Pertes d’efficacité, augmentation des coûts
Reste que pour les chefs d’entreprise, ce turn-over est synonyme d’augmentation des coûts et de pertes d’efficacité. « D’où l’intérêt de parvenir à établir une équipe la plus stable possible » soulignait la spécialiste bretonne, d’autant que cette question de la fidélisation des salariés devient chaque année toujours plus cruciale, avec l’augmentation de la taille des exploitations.
Et la tendresse bordel ?! L’originalité de l’étude menée par le réseau des Chambre d’agriculture de Bretagne est qu’elle met clairement en évidence une « attention forte des salariés, mais également des employeurs, aux relations humaines », expliquait Caroline Depoudent (Chambres d’agriculture de Bretagne) à l’occasion des 42e Jrp à Paris, en février 2011. |
Pour cela, une enquête a été menée dans dix exploitations bretonnes employant plusieurs salariés ayant tous une ancienneté supérieure à trois ans. Dans chaque exploitation, des entretiens étaient réalisés, à la fois auprès des salariés et des employeurs en ciblant trois thématiques spécifiques dans chaque cas.
« Avec les employeurs, nous avons spécifiquement abordés la trajectoire de l’exploitation et de l’exploitant, l’organisation du travail mise en place et les conditions de travail. Avec les salariés, nous avons davantage insisté sur leur parcours professionnel, l’organisation et les conditions de travail selon leur point de vue », détaillait Caroline Depoudent.
Objectifs avancés de ces entretiens semi-directifs : « identifier les éléments qui favorisent la fidélisation des salariés non familiaux dans les élevages porcins ».
Postes et responsabilités clairement définis
L’analyse des résultats de ces enquêtes montre clairement une « stratégie de fidélisation des salariés mise en œuvre par les employeurs » résumait Caroline Depoudent. La recette pour fidéliser sa main d’œuvre repose à la fois sur la satisfaction des conditions matérielles (salaires, locaux, organisation claire du travail) mais aussi sur le « développement de bonnes relations humaines individuelles et d’une dynamique d’équipe », garantissant « à la fois le confort des salariés, et leur attachement à la structure ».
Les exploitations étudiées Les exploitations étudiées sont des élevages naisseurs-engraisseurs de 300 à 1.100 truies, où un binôme ou trinôme d’employeurs encadre trois à sept salariés. |
Par ailleurs, ces derniers mettent en avant la reconnaissance de leur travail, qui se traduit par « des niveaux de responsabilité élevés » et une autonomie reconnue « toutes les tâches d’un atelier et pour les week-ends et les congés ».
Des locaux pour les sanitaires et les repas
Ils saluent également un confort matériel qui passe notamment par « des sanitaires et des locaux pour les repas », et l’instauration d’horaires fixes « avec des possibilités d’ajustement en fonction des pointes de travail, mais aussi des contraintes des salariés ».
Cette enquête confirme donc que si les salariés attendent, certes, « de bonnes conditions matériel de travail », ils sont également sensibles aux échanges, « à la bonne ambiance de travail » et au fait qu’on leur confie des responsabilités.
Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr. |
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