Préférer une mouture fine à un grain grossier

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Préférer une mouture fine à un grain grossier

Remplacer du maïs par du sorgho dans l’aliment porcine : l’idée est possible, à condition de broyer finement le sorgho avant mélange, comme le prouve un essai mené par Arvalis-Institut du végétal.

 

sorgho alimentation porcs
« La finesse du broyage permet d’améliorer la digestibilité iléale standardisée des acides aminés du sorgho. » (© Terre-net Média)
Avec l’augmentation du cout de la matière première et surtout, les fluctuations importantes des cours ces trois dernières années, les éleveurs regardent à nouveau du côté du sorgho comme culture alternative, d’autant plus qu’elle présente tous les avantages d’une culture grenello-compatible (lire ici) et peut raisonnablement revenir dans les rotations.

Son attrait s’est d’ailleurs renforcé avec la sécheresse que la France a subie au printemps 2011.

Actuellement pourtant, le principal débouché du sorgho grain produit en France est « l’export vers l’Union Européenne et principalement l’Espagne », relevait Maria Vilarino (Arvalis-Institut du végétal) à l’occasion des 42JRP en février 2011 à Paris.

Au niveau de l’alimentation animale, la pratique actuelle veut que les fabricants d’aliments du bétail incorporent peu de sorgho dans les aliments composés en France, « en partie à cause de sa faible disponibilité ». Mais une fois encore, l’évolution des prix des matières premières est en passe de changer la donne et « le sorgho reprend parfois de l’intérêt au point d’en importer ».

Effet favorable d’une mouture fine de sorgho

Au niveau alimentaire, le sorgho est une culture comparable au maïs, mais présente des besoins en eau bien inférieurs. Sa composition chimique proche de celle du maïs et « les résultats des enquêtes annuelles réalisées par Arvalis-Institut du végétal et FranceAgriMer (diffusées sur le site Qualit@lim) montrent une faible variabilité entre régions de production et entre récoltes ».

Matières première et aliments

Deux moutures de sorgho ont été réalisées : une mouture fine (grille de 2 mm et vitesse de 3000 tr/min ; d50 = 421 μm) et une mouture grossière (grille de 4 mm et vitesse de 1700 tr/min ; d50= 633 μm).
Le lot de maïs a été broyé (grille de 3 mm et vitesse de 3000 tr/min) afin d’obtenir une mouture grossière voisine de celle du sorgho (d50 = 647 μm).
Les matières premières évaluées (94,5%) sont mélangées avec de l’AMV de type porc shunté (5,5%). Tous les aliments sont présentés en farine et humidifiés (environ 1,5 vol. d’eau / 1 vol. de farine) avant distribution.

Les fabricants d’aliments avancent par ailleurs l’hypothèse « d’un effet favorable d’une mouture fine du sorgho avant mélange (prébroyage) ».

Pour vérifier la validité de cette éventualité, Arvalis-Institut du végétal a mené un travail destiné d’une part, à actualiser ses références ; d’autre part, à « étudier l’effet de la finesse de mouture du sorgho sur la digestibilité iléale standardisée (DIS) de la matière azotée totale (MAT) et des acides aminés (AA) chez le porc en croissance en comparaison au maïs ».

Pour mener à bien l’expérimentation, deux moutures de sorgho (fin et grossier) ont été comparée à du maïs, également broyé (encadré). Puis, des analyses de composition chimique des matières premières et des aliments ont été réalisées sur chaque lot. La digestibilité iléale standardisée des protéines et des acides aminés des deux lots de sorgho et du maïs a été mesurée pour chaque animal (cinq porcs mâles castrés, poids moyen de 62 kg) à partir des quantités ingérées et excrétées pendant deux jours de collecte.

La finesse améliore la digestibilité

« Les résultats montrent qu’à granulométrie comparable la digestibilité iléale standardisée de la matière azotée totale et des acides aminés du sorgho (sauf Trp) est plus faible que celle du maïs. Toutefois, les différences ne sont pas toujours significatives. Un broyage plus fin (d50 = 421 μm) permet d’améliorer la digestibilité iléale standardisée du sorgho en ramenant les valeurs à des niveaux proches, voire supérieurs à ceux du maïs, confirmant ainsi l’hypothèse initiale » résumait Maria Vilarino.

La finesse du broyage permet en effet d’améliorer la digestibilité iléale standardisée des acides aminés du sorgho (84,3% contre 80,7% en cas de broyage grossier) en ramenant les valeurs à des niveaux proches (0 à 4 points inférieurs) voire supérieurs (1 à 3 points supérieurs) au maïs.

« Cette amélioration pourrait s’expliquer par l’augmentation de la surface des particules lors d’un broyage fin permettant ainsi une action plus efficace des enzymes digestives. »

Enfin, les résultats indiquent également que « le Trp du sorgho est significativement mieux digéré que celui du maïs, mais cet acide aminé est faiblement présent dans ces deux matières premières » concluait Maria Vilarino.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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