
Voici la troisième partie de l’interview accordée par Bernard Lannes quelques jours avant l’ouverture du 18ème congrès de la Coordination rurale. Elle porte sur la réduction du coût du travail, la rigueur budgétaire, l’élection présidentielle de 2012 et l’euro.
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Bernard Lannes (BL) : « A la CR, il y a longtemps que l’on demande une exception pour notre secteur agricole pour tester une vraie Tva sociale. C'est-à-dire que nous socialiserions les importations à bas prix en y affectant une taxe écologique ou économique pour diminuer les coûts de production. Cette mesure concernerait aussi les produits communautaires pour rééquilibrer notre concurrence notamment avec l’Allemagne où il n’y a pas de Smic. Les allemands sont capables de sortir des salaires à 6 euros de l’heure ! »
Tnm : « Que dites-vous de la taxe soda et la Tic ? ».
BL: « Ce tripatouillage budgétaire est loin d’être suffisant pour être compétitif face aux allemands. Quand on fait l’addition, ce seront les agriculteurs qui vont payer l’allègement des charges. Ils vont ‘’s’auto-alimenter’’ une diminution des coûts du travail qui profitera à tous les employeurs de main-d’oeuvre dans l’agriculture (Msa, CA). Résultat, en diluant l’enveloppe de crédits, on réduira le montant des exonérations de charges. »
Tnm : « Que pensez-vous de l’accélération du passage à la retraite à 62 ans ? ».
BL: « Les mesures qui nous font travailler un peu plus ne nous gênent pas tant que ça. Le problème, c’est le montant des pensions inférieures au seuil de pauvreté. Ma mère de 84 ans ne touche que 840 euros par mois soit moins que le seuil de pauvreté de 960 euros !
« Ce qui me gène, ce sont les retraites qui ne seront plus harmonisées sur le coût de la vie et l’imposition des plus values immobilières ramenées à trente ans (ndlr, hors résidence principale). Des agriculteurs vont perdre une partie de l’argent économisé en vendant leur patrimoine qu’ils se sont constitué pour leur retraite ».
Tnm : « Ce n’est donc par l’âge mais le mode de calcul des retraites qui vous pose problème ? »
BL : « Oui. A la CR, nous militons depuis longtemps pour que le régime social des retraites d’exception de la Msa disparaisse et pour que l’on soit dans le régime général avec des retraites calculées sur la base des 25 meilleures années ».
Tnm : « Dans six mois se déroulera l’élection présidentielle. Y a t-il encore de la place pour un débat sur l’agriculture française dans la prochaine campagne ? ».
BL : « Je l’espère. Nous regarderons de près les promesses des candidats que nous rencontrerons pour défendre nos idées. A la veille d’élections, les parties ont les oreilles ouvertes pour nous entendre».
Tnm : « A la CR, des adhérents prônent le retour au franc, reprochant à la monnaie unique d’être responsable de tous les maux de l’agriculture. Qu’en pensez-vous ?».
BL : « Ce n’est pas l’euro qui est responsable de tous les maux des agriculteurs. Quand vous dites cela, vous faites allusion à un sondage qui indique que les agriculteurs vont voter Front national aux prochaines élections. Mais il y a aussi des ouvriers qui votaient auparavant pour le parti communiste et qui mettront un bulletin de vote FN dans l’urne en mai prochain. Ceux-là en ont marre du déni politique ».
Tnm : « Nous ne parlons pas du vote FN, mais du retour au franc ! »
BL : « Ces réactions sur l’euro s’expliquent parce que nous tournons en rond. Mais la sortie de l’euro, contrainte ou non, est une folie ! » « Si nous sortons de l’euro c’est parce que nous n’avons pas de banque européenne et pas de solidarité. »
Tnm : « Et le retour au franc se traduirait-il aussi par un endettement accru des agriculteurs ? ».
BL : « Oui, bien sûr. Aucun responsable politique ne peut dire que ce serait salutaire ! ».
Tnm : « Vous porterez ce message au congrès le 7 décembre prochain ? ».
BL : « Oui ».
Tnm : « Donc, l’Europe de la régulation que vous défendez n’est pas celle du retour au franc ? »
BL : « Quand nous parlons de régulation, nous ne parlons pas de fermer les frontières. L’Union européenne est une région du monde riche. Mais en cette période de restriction budgétaire, nous pourrions récupérer de la marge et remettre l’agriculture sur pied sans dépenser un centime de plus ».
Pour lire l’intégralité de l’interview de Bernard Lannes, cliquer ici. |
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