
Voici la deuxième partie de l’interview accordée par Bernard Lannes quelques jours avant l’ouverture du 18ème congrès de la Coordination rurale. Elle porte sur la Pac de l’après-2013 et la proposition législative de la Commission européenne.
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Bernard Lannes (BL): « Nous sommes inquiets car nous avons un budget contraint qui ne bougera pas ». « La proposition est, en fait, un exercice de technocrates qui se demandent comment ils pourront régler un problème à Vingt-sept alors que nous n’étions que six pays au départ. En ces temps de crise, on nous dit que le budget agricole coûte déjà assez cher pour justifier que l’on n’ira pas au-delà ».
« Or je rappelle que, si l’agriculture est, comme l’affirme Nicolas Sarkozy, un secteur stratégique, la question du budget ne doit pas se poser. »
Tnm : « Pourquoi ? ».
BL: « Parce que l’on se rend compte très vite que les aides assurent aux consommateurs une alimentation à bas prix, de qualité et dans une zone où nous sommes protégés. Mais nous sommes loin de l’autosuffisance. Je vous rappelle qu’il manque en Europe l’équivalent de la surface agricole utile de la France pour être autosuffisant. »
Tnm : « Le point faible du projet de la Commission n’est t-il pas finalement l’absence d’outils de régulation forts pour défendre la sécurité alimentaire de l’Europe ? »
BL : « Oui, c’est le point faible de cette réforme. En Europe, nous sommes livrés à la concurrence mondiale sans protection. Si nous ne produisions que ce dont nous avons besoin, nous arriverions à maintenir un cours européen. Aujourd’hui, les ils remontent mais nous ne pouvons pas dire que les agriculteurs s’en sortent mieux. Nous pouvons seulement affirmer qu’ils s’en sortent moins mal. Or aucune exploitation ne peut tenir longtemps avec des pertes chaque année.».
Tnm : « Au congrès de Poitiers, quelles propositions ferez-vous pour que le projet de Bruxelles vous paraisse acceptable ? »
BL : « Nous dirons qu’une autre Pac est possible. Le mot régulation reviendra très fortement. Nous aurons plusieurs intervenants pour le montrer. »
Tnm : « Concrètement, avez-vous des exemples à nous donner pour renforcer la sécurité alimentaire de l’Europe et de la France ? »
BL : « Une vraie politique de production de protéines végétales nous permettrait d’arriver à l’autosuffisance et de réorganiser les marchés pour que les cours redeviennent positifs pour les éleveurs. »
Tnm : « Comment expliquer ces prix bas ? Par les importations ou par les marges des intermédiaires? »
BL : « Aujourd’hui, c’est un problème d’exportation. Alors que le ministre de l’Agriculture fait le Vrp pour ouvrir les marchés à l’export, nous nous sommes aperçus qu’il y a des freins à l’export avec certains marchés. Des contrats de 1.000 vaches, par exemple, qui devaient partir vers les pays de l’est n’ont finalement pas été conclus car ça risquait de déstabiliser les marchés internes. Ce point de vue était en fait la position de Bigard qui assure 70 % de la production de viandes, notamment en vaches laitières, et de celle de Philippe Mangin, président de Coop de France. Ils préfèrent perdre des marchés pour rester avec des cours bas. L’export aurait pu assainir le marché et faire remonter les prix. »
Pour lire l’intégralité de l’interview de Bernard Lannes, cliquer ici. |
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