
Le festival d’Evron s’est clos sur un bilan mitigé : « la conjoncture et le nombre d’animaux proposés ont pesé sur les ventes ». Le nombre d'animaux présentés a atteint un record : 610, mais 45 sont restés invendus. Retour sur ce concours des animaux de boucherie avec Acti-Ouest.
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A Evron, le précédent record datait de 2009, avec 549 animaux. Et encore, pour ce weekend, Jean-Yves Renard indique avoir même refusé des éleveurs de Vendée et du Calvados. « Mais on n’a déjà pas assez de places pour les locaux » s’excuse-t-il, presque.
Du fait d’un nombre plus important d’animaux, une quarantaine de plaques ont été distribuées en plus : on compte 13 plaques par section, sauf dans celles qui comprenaient plus de vingt animaux, où deux prix supplémentaires étaient délivrés.
Parmi ces 610 animaux, seuls 45 sont restés invendus « cela veut dire que 92,6 % sont partis, calcule Jean-Yves Renard. Je n’aurais jamais parié sur autant, avant le festival, aux vues de la conjoncture et des 70 animaux supplémentaires ». Si ces deux facteurs n’ont pas joué, en pourcentage, sur les ventes, ils ont en revanche eu un effet sur les prix. « Cela tirait dur », confiaient plusieurs éleveurs, à propos de l’attitude des acheteurs. Les meilleurs animaux se sont bien vendus, les deux champions atteignant des sommes sans commune mesure avec les autres (9,15 euro/kg pour le mâle, 17,50 €/kg pour la femelle). Mais globalement, c’est entre 0,15 à 0,45 € / kg de moins par animaux par rapport à l’an dernier, qui sont à déplorer. Et il a fallu attendre jusqu’à la matinée du samedi pour conclure nombre d’affaires. Jean-Yves Renard l’accorde « avec le surcoût de l’aliment, certains éleveurs peuvent être déçus ». Il n’en tire pas autant un bilan négatif : « On ne peut pas dire que c’est une grande année, mais une bonne année ». Au niveau des entrées, 800 de plus qu’en 2010 ont été enregistrées, dont 400 payantes.
L’année de Christian Chaumont
Tous les ans, Christian Chaumont prépare une dizaine d’animaux pour les concours d’animaux de boucherie. Il les emmène à Evron, y compris à la vente de Noël, et à Mamers. Pour cette 46ème édition du Festival de la viande, il a emmené sept bêtes, toutes primées, « C’est la meilleure année que je n’ai jamais faite » s’enthousiasme l’éleveur de Voutré, qui se félicite d’autant plus qu’il a atteint son objectif. « Comme mon père, en 2002 et 2003, j’avais déjà remporté le championnat inter-races pour le mâle, en 2009. Mais, dans la famille, jamais on n’avait gagné avec la femelle. Je voulais qu’on soit inscrit sur les deux tableaux. C’est fait. ». Mais des sept prix glanés cette année, ce n’est même pas celui de Championne inter races qui le comble le plus. « C’est le prix de bande emboucheurs. Cela récompense tout un travail d’ensemble ».
Le champion mâle appartient à un autre habitué du palmarès d’Evron. Le Gaec Bedel a en effet gardé son titre, après avoir aussi remporté le concours de Noël en 2009.
Interrégional Charolais
Il y avait l’élevage de Thierry Heurtault pour les femelles, et un certain fatalisme pour les mâles. Pour son premier concours, le nouveau président du syndicat de race mayennais Frédéric Savary avait tout pour être satisfait. « Un peu surpris » même que les éleveurs aient « joué le jeu », dans la conjoncture actuelle. Six départements étaient représentés à cet inter régional par 17 élevages et 83 animaux. Le fait que le concours se déroulait à Evron, en marge du festival de la viande, a dû jouer, relève Frédéric Savary. La date aussi, les éleveurs estimant que la date du Cima, fin mai, n’était pas adéquate.
Du niveau national
Le jeune président a aussi eu de quoi se satisfaire sur le plan personnel : le taureau Fatalisme, qu’il détient en copropriété avec Stéphane Hervais, Sébastien Gesbert et Patrice Côme, a remporté le championnat mâle « Quand on parle de bon taureau, on regarde ça » illustrait le juge Dominique Rey. « Il est jeune mais c’est un taureau complet, avec quatre bonnes pattes, un très bon dessus, etc… Et une bonne gueule en plus ! » Derrière, le sarthois Pascal Langevin remarquait, avec son taureau de 45 mois Chocolas : « Pour gagner, aujourd’hui, il faut avoir un taureau jeune ».
L’élevage de Thierry Heurtault a marqué le concours, avec cinq prix d’honneur dont un prix d’élevage. Il était le premier contributeur de cet inter régional avec 14 animaux. Le président du Sebrac, Pascal Langevin, remarquait, lui, la bonne prestation des Sarthois (quatre élevages), repartis avec quatre 1er prix de section, un prix d’honneur et le prix d’ensemble Jeunes mâles. Pour le technicien du Hbc, Stéphane Dahiron, on a vu de « beaux animaux bien préparés, bien toilettés ».
Dominique Rey a souligné la « très bonne ambiance ». « J’ai surtout été surpris par la qualité d’ensemble. C’était un concours avec de nombreux animaux qui pourraient être des sujets du national », a noté l’éleveur des Yvelines. Patrice Côme le disait bien, avec humour : « On fait de l’ombre au National » (qui se déroulait la veille, dans la Nièvre).
Le national Rouge des Prés
Les Rouges étaient à point. L’édition 2011 est un bon cru, malgré l’absence de très bons animaux parmi la centaine qui participaient au festival de Chemillé (49). Les juges sont repartis d’Evron avec le sentiment d’avoir eu à départager « un ensemble exceptionnel ». Le technicien Jean-François Itier a lui-même été surpris : « D’année en année, on voit de plus en plus de qualité aux concours. Le travail de sélection, le développement des inséminations doivent y être pour quelque chose ». « En dépit des problèmes de fourrages, on a vu des animaux bien préparés, très bien suivis, et de bonne qualité », observe l’un des juges du National, Christian Perrin.
Malgré les bêtes de type viande en tête, dans les sections, celles de types élevage prouvent cependant les progrès de la race « même en fin de section, on avait de bons animaux. J’ai déjà fait beaucoup de spéciales qui étaient largement moins bonnes que celle-là ». Et globalement, Christian Perrin souligne les progrès génétiques qui limitent les risques de césariennes et facilient les vêlages, malgré le potentiel viande.
Des sections privilégiaient par ailleurs les animaux issus d’IA : une vache est ressortie du lot. « Pour nous, c’est indiscutablement la meilleure, a expliqué l’autre juge, Didier Lhuissier. Même si aujourd’hui il lui manque environ 100 kg ». C’est que Colline (Gaec de la Brosse) avait vêlé huit jours plus tôt. Son premier veau est par ailleurs déjà testé en station.
On a aussi pu voir Vainqueur empoché un prix : le taureau de Jacques Maignan n’est pourtant pas porteur du gène culard. « C’est courageux de venir le présenter à Evron », a souligné Albéric Valais, directeur de L’Oes.
Chéné, evidemment, et des successeurs
Et puis, comme d’habitude, un élevage a survolé ce National, « Lorsqu’on arrive deuxième derrière lui, on est content… » souffle-t-on, un peu blasé, autour des rings des concours. L’élevage Chéné s’est ainsi payé le prix de bande et le prix d’élevage, le prix d’élevage jeunes, six prix de sections, et logique, le prix de famille par la mère. « Avoir la championne adulte et la championne génisse dans un même élevage, cela arrive, soulignait, lors de la parade dominicale, Albéric Valais. Mais qu’il s’agisse de la mère et de la fille, c’est plus rare ».
Autre grande satisfaction de cette journée : le fait que plusieurs jeunes éleveurs aient su tirer leur épingle du jeu. Les Mayennais Douillard ( Earl de l’Horizon), Olivier, Duteil ou encore le représentant de la Seine Maritime, Thony Ferment, qui a pris la suite de son père Patrick.
Le juge unique évite les polémiques
Pour la première fois, au National, les sections ont été départagées par un juge unique. C’est l’un des deux juges en question, Christian Perrin, qui a milité pour cela au conseil d’administration de l’Oes.
« On va vers çà, je crois. A deux, c’est plus compliqué de tomber d’accord. Seuls, on évite les polémiques. Après c’est sûr, il faut savoir expliquer ses choix, et aussi savoir intéresser les gens autour ». En clair, livrer une analyse précise aux éleveurs sans noyer le public dans des explications trop techniques.
La mayonnaise, semble-t-il, a bien pris. Chacun leur tour, le matin, le Sarthois Didier Lhuissier et le Mosellan Christien Perrin ont départagé les sections. Si besoin était, un « arbitre », le Sarthois André Bodinier, leur permettait d’équilibrer leurs décisions, pour aboutir à des championnats homogènes.
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