Prix d’équilibre et coûts de production de l'atelier laitier

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Prix d’équilibre et coûts de production de l'atelier laitier

Prix d'équilibre, coûts de production et prix de revient sont des notions économiques intimement liées. Le bureau technique de la productino laitière revient sur ces dernières et fournit ses éléments d'analyse pour bien les comprendre et en interpréter les chiffres.

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Les règles retenues pour le calcul des différents coûts
de l'atelier lait doivent être cohérentes à la fois avec
la structure de l'exploitation et avec celles le plus largement
utilisées par les exploitations comparées. (© Terre-net Média)

Pour le producteur de lait les questions posées sont simples : 
  • Combien me coûte la production de 1.000 litres de lait ?
  • Combien je gagne avec le prix du lait qui m’est payé ?
  • Comment améliorer mon bénéfice ? En augmentant le prix du lait ? En diminuant mon coût de production ? Sur quels postes ? En produisant plus de volume ? En valorisant mieux mes réformes ?

Pour répondre à ces questions, encore faut-il utiliser les bons indicateurs. Le prix d’équilibre, le coût de production ou le prix de revient impliquent une approche différente.

 

Le prix d’équilibre ( ou prix de fonctionnement) : une approche trésorerie

Le prix d’équilibre de l’atelier lait est le prix du lait minimal nécessaire, pour couvrir sur l’exercice, les dépenses de l’atelier, à savoir :

  • les charges courantes (hors amortissements, et frais financiers), qu’elles soient « opérationnelles » ou « de structure » ; c'est-à-dire les charges réellement dépensées;
  • les annuités des emprunts liés à l’atelier lait;
  • les prélèvements privés des éleveurs ( pour la partie consacrée au lait)

Ce prix d'équilibre doit aussi tenir compte des produits de l’atelier autres que le lait qui couvrent une partie des charges énumérées ci dessus:

  • aides couplées et découplées;
  • ventes de veaux , de réformes, d’animaux d’élevage;
  • vente de fourrages qui couvrent une partie des charges énumérées ci dessus.

Le prix d’équilibre est valable pour une exploitation donnée, et à un instant donné. Il permet d’évaluer l’état de la trésorerie et d’apprécier le poids de chaque poste de charges sur la composition du revenu. Il prend en compte le niveau de rémunération que s’accordent les exploitants, et la fluctuation des prix des produits ou des intrants.

Ce prix dépend par ailleurs du cycle de vie de l’exploitation : phase d’investissement ou de croisière qui influe beaucoup sur le niveau des annuités. Il est proche du vécu du producteur, il est indépendant du prix du lait payé, car ce prix n’entre pas dans le calcul. C’est la comparaison du prix d’équilibre et du prix réellement perçu qui permet d’apprécier la situation de l’atelier laitier.

Le prix d’équilibre peut être calculé :

  • hors rémunération de la main d’œuvre familiale (chacun peut rajouter le poids de sa rémunération);
  • avec la main d’œuvre réellement rémunérée sur l’exploitation;
  • avec un coût de main d’œuvre standard par Umo (généralement l’équivalent à 1,5 smic net/Umo), les cotisations Msa réelles des exploitants étant déjà comptabilisées dans les charges de structure, de même que les salaires et charges sociales des salariés;
  • incluant ou pas une marge de sécurité (généralement 3 à 5 % du produit) permettant de pallier les aléas classiques d’un atelier (perte de vache, baisse de production, risque climatique).

Il est donc important de préciser le mode de calcul choisi pour faire des comparaisons.

Le coût de production du lait : une approche comptable

Le coût de production du lait, très proche du précédent, prend en compte toutes les charges courantes de l’atelier lait, qu’elles soient « opérationnelles » ou « de structure », mais aussi les amortissements et les frais financiers, au lieu des annuités d’emprunts (charges réparties sur un certain nombre d’année selon une durée de vie calculée, et charges réévaluées pour certains matériels), ainsi que les prélèvements privés, avec un coût de main-d’œuvre standard par Umo (généralement l’équivalent de 1,5 Smic net / Umo).

Il tient aussi compte les autres produits de l’atelier :

  • aides couplées et découplées;
  • ventes de veaux , de réformes, d’animaux d’élevage;
  • vente de fourrages qui couvrent une partie des charges énumérées ci dessus.

Il convient, par ailleurs, de ne pas confondre ce coût de production avec le « coût de production de l’atelier lait » dans lequel les produits autres que le lait ne sont pas déduits.

Par rapport au prix d’équilibre, le coût de production du lait lisse l’impact des investissements et donne un résultat plus durable et moins variable sur le moyen long terme que le prix d’équilibre. Le calcul des amortissements, est influencé par l’optimisation fiscale , qui a tendance à surévaluer leur montant, voire à recréer des nouveaux amortissements très élevés lors de l’ installation d’un associé ou de la transformation d’une exploitation individuelle en société, par exemple en Earl. 

Le prix de revient du lait : l’introduction de charges « supplétives »

Le coût de production est encore peu adapté pour comparer des ateliers ayant des situations différentes : locataires ou propriétaires, exploitations en phase d’investissement ou ayant remboursé une grande partie des emprunts. Pour faire cette comparaison, le prix de revient du lait correspond au coût de production du lait augmenté de charges dites supplétives ou d’opportunité :

  • La rémunération des terres en propriété, au prix du fermage moyen de l’exploitation pour réintroduire une charge fictive aux ateliers qui ne paient pas de fermage;
  • La rémunération des capitaux propres, au taux d’intérêt de 3 %;
  • La rémunération standard de la main d’œuvre, à un tarif défini à l’avance.

Ces charges sont des charges calculées destinées à estomper les différences de structure entre exploitations, à faciliter les comparaisons et à rémunérer les facteurs de production : terres et capital engagés dans l’atelier lait.

Cliquez sur le tableau pour l'agrandir.
Prix d'équilibre, coût de production et prix de revient de l'atelier lait
(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir) (© Btpl)

 

Des critères très proches les uns des autres

Le prix d'équilibre, le coût de production et le prix de revient du lait sont très proches les uns des autres. Ils sont faits pour être comparés directement avec le prix du lait perçu, les produits dérivés du lait venant en déduction des charges.

Le prix d’équilibre et le coût de production permettent d’établir un premier diagnostic sur l’exploitation : 

  • Quels sont les postes de charges qui s’écartent de la moyenne de groupe, ceux pour lesquels des marges de progrès sont possibles, ceux qui sont bien maitrisés ?
  • Quels sont ceux qui ont dérapé ou se sont améliorés par rapport à l’année précédente ?
  • Quel niveau d’investissement peut se permettre l’atelier, connaissant le poids des annuités en cours et la durée des emprunts restant ?
  • Quel est l’effet direct d’une variation de prix des intrants, du prix du lait, ou des réformes ?
  • Quel niveau de rémunération peut dégager l’atelier en année « normale » ?
  • Le niveau de productivité (litrage produit par unité de main d’œuvre est-il suffisant pour permettre la rémunération souhaitée par l’éleveur , même si la maîtrise technique est bonne ?
  • Quel est le facteur limitant de l’atelier : technicité, productivité, handicap structurel, surinvestissement ?
  • Si je cède mon atelier laitier, quel niveau de rentabilité peut espérer un repreneur, et quel prix de cession parait possible pour maintenir sa viabilité ?

Chaque piste est  à explorer et à approfondir avec d’autres outils complémentaires : comptabilité, suivi technico économique, conseil technique, juridique, organisation, relations entre associés etc…

Une méthode de calcul délicate

Reste que le calcul du prix d’équilibre, du coût de production ou du prix de revient,  se heurte à quelques difficultés.

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Dans le cadre d'une exploitation de polyculture-élevage,
la définition du périmètre de l'atelier laitier peut
s'avérer complexe. (© Terre-net Média)

Dans ce cadre, il faut d'abord définir les contours de l’atelier laitier. Cette définition peut s’avérer complexe dans le cas d’exploitations polyculture-élevage. De même, la main-d’œuvre rémunérée par l’atelier laitier doit être déterminée avec précision, en tenant compte des personnes travaillant occasionnellement sur l'exploitation.

Ensuite, il faut procéder à la ventilation des charges et des produits non affectables : cotisations Msa,  assurances, aides découplées, etc... Il existe des clés de répartition calculées (en fonction des hectares, des Ugb, de la main d’œuvre etc…), qui donnent une indication mais la validation de cette répartition doit être faite par l’éleveur, et éventuellement corrigée au vu des premiers résultats. 

Par ailleurs, le niveau de rémunération de la main d’œuvre doit, lui aussi, être fixé : faut-il prendre la rémunération réelle, une rémunération standard ? Faut-il prendre le même niveau pour la petite structure et l'exploitation de taille plus conséquence ?

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Parmi les intrants, le coût des céréales auto-consommées doit être calculé : Faut-il prendre en compte des céréales à un coû de production ou à un prix de marché ? Les deux méthodes sont possibles selon le contexte des exploitations. Aussi, il faut tenir compte du décalage des dates de campagne. Compte-tenu des écarts de prix, ce décalage rend les comparaisons délicates.

Enfin, les charges « représentatives » de l’exercice doivent être appréciées justement: Faut-il prendre en compte une réparation de tracteur exceptionnelle ?

Au final, plusieurs bonnes manières de traiter chacun de ces points existent. Cela explique l’infinité des méthodes possibles. La meilleure méthode reste cependant celle utilisée par le plus grand nombre et celle réfléchie, discutée et validée avec l’éleveur.

Quid du prix d’équilibre moyen de l’exploitation laitière française ?

La réponse est claire : il est impossible et illusoire de donner un prix moyen.

Sur le schéma suivant, qui regroupe les données collectées par le Btpl sur 305 élevages au cours de l’exercice 2009, on observe des écarts considérables entre exploitations.

Pour le critère « prix d’équilibre » avec niveau de rémunération de la main-d’œuvre fixé à 18.000 euros/Umo/ an : 

  • La fourchette extréme entre le plus haut et le plus bas varie de 160 à 530 euros /1.000 l
  • En éliminant 20 % des valeurs extrémes 80 % des élevages se situent entre 230 et 385 euros /1.000 l
  • En éliminant encore 20 % des valeurs les plus extrèmes 60 % des élevages se situent entre 270 et 330 euros/ 1.000 l, soit encore 60 €/1.000 l d’écart. 

    Cliquez sur le graphique pour l'agrandir.
    Cliquez sur le graphique pour l'agrandir. (© Btpl)

Attention aux interprétations simplistes

Faut-il absolument rechercher un coût de production ou un prix d’équilibre très bas ? Attention aux interprétations simplistes ! On trouve souvent des coûts très bas chez des producteurs en fin d’activité, avec des emprunts remboursés, des bâtiments et du matériel amortis mais à bout de souffle. Dans ce cas , malgré un coût de production très bas, les conditions de travail peuvent être très mauvaises, et la pérennité de l’atelier lait remise en cause.

A l’inverse, des éleveurs ayant récemment investi ont souvent des coûts de production élevés. Si ces coûts ne sont pas exorbitants, avec de bonnes conditions de travail, et une productivité du travail qui peut être augmentée (plus de lait sans investissement supplémentaire et sans changement important des conditions de travail) , on peut alors envisager une marge d’amélioration des coûts de production. L'exploitation peut aussi compter un autre atelier qui permet de compléter la rémunération des éleveurs. 

Autre exemple : Dans une exploitation en système lait et culture, le coût alimentaire peut être élevé, en lien avec un haut niveau d’intensification permettant de dégager des surfaces pour des cultures à forte rentabilité.

L’analyse du coût de production est spécifique à chaque exploitation

Chacun doit identifier les marges de progrès possibles et souhaitables en fonction de ses objectifs et des spécificités de son exploitation. Pour un même prix d’équilibre, calculé hors main-d’oeuvre, deux éleveurs n'auront pas le même potentiel de prélèvement privé, et ce, pour deux raisons :

  • le prix du lait effectivement perçu n’est pas le même dans les exploitations en fonction de la qualité et de la période de production. (60 €/1.000 l entre le ¼ supérieur et le ¼ inférieur de l’échantillon, avec une même date de fin d’exercice)
  • le volume de production par unité de main d’oeuvre. Pour un même prix d’équilibre le résultat final ne sera pas le même entre un atelier produisant 100 000 l ou 250 000 l par unité de main d’œuvre

 

Focus sur un groupe de travail Btpl composé de 11 élevages:

Cliquez sur le graphique pour l'agrandir.
Cliquez sur le graphique pour l'agrandir. (© Btpl)

 

Cliquez sur le graphique pour l'agrandir.
Cliquez sur le graphique pour l'agrandir. (© Btpl)

 

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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