 Christophe Honoré estime qu'un élan de solidarité, basé sur le volontariat, est préférable à l'interdiction de broyer la paille, qui peut frustrer certains céréaliers. (© Terre-net Média)
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« D’ordinaire, dans le département du Nord, la paille en andain se vend autour de 20 €/t, témoigne Christophe Honoré.
Les contrats de solidarité à 25 €/t n’entraînent pas de manque à gagner pour les céréaliers, qui commercialisent leur paille tous les ans. »
Pour ceux qui ne vont le faire que cette année, par solidarité envers les éleveurs victimes de la sécheresse, il y aura peut-être un surcoût en intrants pour la prochaine campagne. Ceci, en raison de la nécessité d’acheter davantage d’engrais pour pallier l’absence de matière organique, apportée habituellement par le broyage des pailles de céréales.
« Mais, pour l’instant, il est impossible de savoir si le prix solidaire permettra de compenser totalement ce surcoût, comme estimé lors de la mise en place des contrats », juge le jeune éleveur.
Un élan de solidarité, basé sur le volontariat
Les JA et la Fnsea comptent sur un véritable élan de solidarité de la part des céréaliers, basé sur le volontariat. « Cela vaut mieux que de frustrer des agriculteurs en leur interdisant, comme c’est déjà le cas dans certains départements, de broyer leurs pailles », juge Christophe Honoré.
Six jours après la publication de l'article, Les planteurs de betteraves sont devenus solidaires!
Afin d’aider les éleveurs dont la production de fourrages a été frappée par la sècheresse, le Conseil d’administration de la Cgp (Confédération Générale des Planteurs de betteraves), réuni le vendredi 24 juin 2011, a décidé de mettre en place une action de solidarité. La pulpe de betteraves est en effet un aliment de qualité pour l’alimentation animale qui peut directement remplacer du fourrage, dans le cas de la pulpe surpressée, mais qui concerne surtout les zones betteravières. Pour les autres zones d’élevage, la pulpe déshydratée peut venir en complément de la paille comme ration alimentaire de base. Les modalités de la mise en oeuvre opérationnelle de cette solidarité des planteurs de betteraves seront mises en place avec les acteurs concernés de la filière de l’élevage et les fédérations départementales d’exploitants, avec lesquels des contacts ont déjà été pris.
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Selon une étude de l’Institut de l’élevage, 25 Mt de paille devraient être produits en France en 2011, dont près de la moitié sert déjà au paillage et à l’alimentation des animaux. Une autre partie est affectée à d’autres débouchés comme la production de champignons, de papier… Il reste donc entre 4 et 6 Mt, destinés à être broyés.
« L’important est de sensibiliser les céréaliers pour qu’un maximum de ces 4 à 6 Mt soit vendus aux éleveurs touchés par la sécheresse, allaitants en premier lieu. » Avec, comme objectif, d’éviter toute spéculation et envolée des cours comme en 1976, où la paille avait atteint 150 €/t. « Ce serait la mort des éleveurs », insiste Christophe Honoré.
Spéculation exacerbée sur les sous-produits
Dans son département, la solidarité entre éleveurs et céréaliers a déjà commencé à s’organiser. La démarche choisie est principalement l’échange paille-fumier. « Comme cela, les éleveurs n’ont pas à puiser dans leur trésorerie et les céréaliers récupèrent la matière organique perdue suite à l’exportation des pailles, explique le jeune éleveur. Plusieurs agriculteurs ont également proposé, aux éleveurs, de venir faucher leurs jachères ou leurs zones humides. »
En fait, ce n’est pas la paille, mais les sous-produits, comme les pulpes de betterave, qui font l’objet d’une spéculation exacerbée. « Il faut agir auprès des fabricants de sous-produits pour qu’ils arrêtent de stocker de manière exagérée et de faire grimper les prix. On assiste actuellement à des hausses de 50 à 150 %. »
Les effets de la sécheresse sur l’exploitation de Christophe Honoré
Depuis quinze jours, suite au manque d’herbe dans les pâtures, la production laitière des 70 vaches du jeune éleveur a chuté en moyenne de 27 kg/j à 22-23 kg/j. Pourtant, ce dernier leur distribue une ration quasi hivernale, avec 2,5 kg/j de maïs.
« D’une part, je tape dans mon stock de sécurité : je prévois, chaque année, un mois de réserve supplémentaire au cas où les ensilages soient retardés, qui permet d’attendre si besoin jusqu’au 15 novembre pour ouvrir le nouveau silo, s’inquiète Christophe Honoré. D’autre part, le coût de production d’un litre de lait, habituellement le plus bas à cette période, équivaut à celui observé en hiver. Or, selon les parcelles, 45 à 90 % des maïs sont levés. Et s’il ne pleut pas au moment de la fécondation, l’ensilage ne comportera que des tiges et presque pas de grains. Celui-ci risque fort d’être peu abondant et de moindre valeur alimentaire. »
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